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Qu'est-ce qu'une ville durable ?

Publié le 19/08/2012

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Malmö est un laboratoire scandinave en termes de ville durable.  Trevor Graham, le coordinateur de la reconstruction du quartier d’Augustenborg nous explique plus en détail. Tout d’abord, présentons Malmö. Elle est la porte d’entrée de la Suède. C’est la ville opposée à Copenhague, qui se trouve de l’autre côté du détroit de l’Øresund qui relie la mer Baltique à la mer du Nord, reliée depuis 10 ans par un pont qui a transformé l’économie de la 3e ville de Suède qui compte désormais quelque 300 000 habitants. Passés les charmes de son centre ancien, Malmö est une ville en explosion démographique, économique et urbaine, notamment via l’écoquartier modèle Bo01, un ancien chantier naval conquis sur la mer.  1ere mesure : impliquer les habitants    Le quartier d’Augustenborg à Malmö est un ensemble d’habitat collectif de petits immeubles de 3-4 étages né dans les années 40. A l’époque cet ensemble d’habitats populaire a été conçu avec un système de chauffage collectif pour tous les immeubles, auquel on associa une grande laverie qui donna du travail aux femmes et une identité à la communauté. Mais avec le temps, comme c’est souvent le cas, les immeubles se sont dégradés, les habitants ont vieilli et le quartier s’est appauvri. Dans les années 90, ce quartier est devenu l’un des pires de Suède avec l’un des plus forts taux de délinquance, de drogue et de pauvreté du pays. Fin des années 90, la rénovation s’imposa, mais comme l’explique Trevor Graham, l’urbaniste à l’origine de celle-ci, l’idée, dès le début, a été de créer un éco-quartier et de chercher à recréer l’identité du quartier. Bien sûr, la laverie comme le système de chauffage avaient depuis longtemps disparu, mais les autorités ont très tôt décidé d’impliquer fortement les habitants dans la reconstruction : plans, modifications, tout leur a été soumis pour qu’ils discutent chaque proposition. Les urbanistes se sont appuyés sur les connaissances des habitants pour aider l’opération. L’eau par exemple était un problème : construit au niveau de la mer, mal drainé, les terrains de jeux étaient constamment inondés. L’idée a été d’en faire une force en créant des bassins artificiels, en utilisant le savoir-faire d’un ingénieur hydraulicien vivant dans le quartier pour créer des canalisations à ciel ouvert tout en imaginant un système pour éviter les stagnations de saletés, les filtrer avant qu’elles n’envahissent les bassins. Sur les immeubles rénovés on a mis en place des toits verts avec des ruches, ainsi que des panneaux solaires permettant de diminuer l’impact écologique des bâtiments. La ville entière de Malmö s’en est inspirée pour transformer sa politique énergétique. Car si la rénovation d’Augustenborg est achevée, ce n’est pas le cas de la politique qui l’a initiée. Le développement durable est un levier pour agir et construire une société durable. A Malmö on constate une forte imbrication entre politiques publiques et implications des citoyens. D’ici 2020, les autorités ont décidé que Malmö serait autosuffisante énergétiquement. Il y a fort à parier que ce couplage leur permet d’y arriver. La ville s’apprête à répliquer cette politique sur un autre quartier difficile. Là encore, assume Trevor Graham : “nous allons tout refaire en même temps, car ça coûte moins cher que de refaire par petits bouts et permet des transformations plus radicales.”

« la gestion des déchets : limiter la production de déchets et optimiser leur gestion.La gestion de l'eau est également une problématique au cœur de l'aménagement de quartiers durables, l'objectif étant d'optimiser la gestion des eaux pluviales et deréduire les consommations en eau potable.

Ces quartiers on recourt à la noue notamment pour remplir cet objectif.

La noue est un faussé végétalisé, large et peuprofond, qui recueille les eaux de ruissellement, en élimine une partie par évaporation ou percolation (lente infiltration dans le sol des eaux de pluies) naturelle,emmène le trop plein vers des bassins où poussent des plantes filtrantes.

Le but : ne pas saturer les égouts et stations d'épuration avec une eau propre qu'il est inutilede traiter ; accessoirement, utiliser cette eau pour arroser les jardins.On peut citer l'exemple de Boulogne Boulogne-Billancourt, sur les trente-huit hectares duTrapèze, vaste friche occupée jusqu'en 1992 par les usines de Renault, et où pousse actuellement un morceau de ville, tout un réseau de noue creusées au bas desimmeubles collecte ainsi les eaux pluviales pour les drainer jusqu'à un grand parc.

Ce vaste jardin est en fait une puissante machine hydraulique capable d'absorberles colères du ciel et les crues du fleuve.La préservation de la biodiversité est également un enjeu majeur (particulièrement mis en exergue par le sommet de la Terrede Rio en 1992).

La France et l'Union européenne se sont engagées à mettre en œuvre les moyens nécessaires pour permettre de stopper la perte de biodiversité, cequi passe notamment par la prise en compte de cette problématique dans les projets d'aménagement.Afin de préserver la biodiversité, des trames d'espaces verts doivent être aménagés (ou conservés) sur le territoire, et assurer ainsi les continuités entre milieuxnaturels permettant aux espèces de circuler et d'interagir et aux écosystèmes de fonctionner.Enfin les questions de densité et d'étalement urbain font partie intégrante des projets d'aménagement de quartiers durables. 2) La sensibilisation des citoyens, un important pointTout d'abord, l'allégement de l'empreinte écologique est évidemment très important et cela va de pair avec la réhabilitation du vivant.

Aujourd'hui, compte tenu desimpacts sanitaires, environnementaux et climatiques et compte tenu des budgets qui vont devoir être affectés à un certain nombre d'enjeux essentiels pour la ville, ilfaut alléger cette empreinte et plutôt consommer là où il est bon de consommer pour les territoires.

Cela consiste revenir à l'agriculture biologique pour les ménages,à consacrer ses achats alimentaires à la qualité de l'alimentation et non plus au marketing et à l'emballage, à exploiter les énergies, les savoir-faire et les matériauxlocaux pour les collectivités.

C'est aussi, pour les élus, développer la pédagogie des enjeux.

Cela semble essentiel avec des démarches Agenda 21 scolaires, avec desopérations de sensibilisation et de concertation avec la population.On citer un exemple d'une opération qui a été menée à Venise : cette ville accompagne 1 000 familles de la ville pendant une durée d'un an pour les amener à desstyles de vie durables, responsables qui impliquent les modes de déplacement, la consommation, le transport, la gestion de l'habitat.

Ce programme est développéavec l'université de Venise, avec la province et avec le WWF.

Voilà un exemple d'opération qui permet, en quelque sorte, de redonner de la compétence aux citoyens,qui peut renforcer son statut de citoyen local et qui permet aussi que les citoyens contribuent aux objectifs de la ville.

Si on veut effectivement avoir des transportsplus doux, encore faut-il que les consommateurs de la ville les utilisent.

Si l'on veut restaurer une agriculture de proximité et de qualité, encore faut-il que tous lesconsommateurs, le grand public, mais également les entreprises à travers leur restauration, recourent à l'agriculture biologique.

Voilà une façon d'animer un territoireresponsable. B) Constat et limites1) Curitiba «ville des hommes»Tout commence en 1971 lorsque Jaime Lerner, un architecte, est élu maire de Curitiba, capitale de l'état du Parana au Brésil.

Cette ville qui comptait 150 000habitants en 1950 en regroupe actuellement 1,8 millions.

Elle a donc dû faire face à une rapide croissance et trouver des solutions pour maîtriser son développement.Jaime Lerner a voulu concilier pour le développement de Curitiba la protection de l'environnement et le bien-être de ses habitants.

Il a en fait décidé d'appliquer lesprincipes du "développement durable" avant même que cette notion soit définie pour la première fois en 1987 dans le rapport de Brundtland.

Curitiba est depuisdevenue une ville modèle en termes d'écologie et de développement social, contrairement aux autres métropoles extrèmement polluées, enlisées dans lapauvreté,...que l'on trouve malheureusement souvent dans les pays du Sud.La créativité de l'équipe de Jaime Lerner a permis nombre d'innovations :Un réseau de transports en commun très efficace et peu cher : invention du "métro-bus".

Une importante flotte de bus qui sillonnent le centre et sa banlieue sur delarges artères, un ticket à tarif unique qui ne coute pas cher.

Résultat plus d'un habitant sur deux de Curitiba se déplacent en bus, ce qui diminue considérablement lapollution des voitures.Système "cambio verde" : échange des déchets contre des paniers de légumes.

Une fois par semaine les habitants troquent leurs ordures recyclable : carton, verre,ferraille, chiffon contre des fruits et des légumes.

L' échange est simple, 1kg de déchets contre 1kg de denrées alimentaires.

Plus de 40000 familles participent à cetéchange et ainsi près de 400 tonnes d'ordures sont récoltées.Tri et recyclage des déchets : lutte contre le gaspillage, recyclage, compost pour les espaces verts.Création de nombreux espaces verts : soit 30 parcs paysagés et 350 places publiques51m² d'espace de verdure par habitant (bien plus que le minimum recommandépar l'ONU qui est de 16m²/habitant), création de nombreuses rues piétonnes,...Création de "phares du savoir" dans les quartiers défavorisés : lieux où les jeunes sont accueillis et ont accès à des installations multimédias, des livres,...Mise en place de programmes d'intégration des enfants et des adolescents (PIA) où ils ont accès à des programmes d'éducation écologiqueDéveloppement de centres de santé avec accès aux soins gratuit pour les familles défavoriséesCréation d'écoles, de crèches, de centres de loisirs...Aide aux entrepreneurs : mise en place de "hangars de l'entrepreneur", de regroupements d'entrepreneurs. Curitiba a été primé par L'ONU, «Ville des gens», parce qu'ici depuis 30 ans on cherche des solutions pour améliorer les conditions des habitants.

La méthodeCuritiba, c'est ça : résoudre par une solution plusieurs problèmes écoulement des surplus agricole, alimentation saine, lutte contre la pollutionJaime Lerner qui est à l'origine de ces innovations a été 3 fois maire de Curitiba puis 2 fois gouverneur de l'état de Parana ce qui lui a permis de mettre en place unenouvelle idée, les "vila rural" : donner un petit terrain à la campagne pour permette une auto-suffisance et ainsi inciter le retour des gens à la campagne et doncfreiner l'exode rural.

Il a été ensuite élu président de l'Union International des Architectes en 2002.L'expérience menée à Curitiba est très encourageante et prouvequ'il est possible de se développer autrement.

Cette ville souvent surnommée "Ville des gens" est un formidable exemple.2) La ville durable a encore du chemin à faireLa ville durable: le concept a beau être résolument connoté de manière positive, il n'en demeure pas moins flou, charriant son lot de clichés, de bonnes intentions...

etde malentendus.

L'Observatoire Elus & Villes durables réalisé par TNS Sofres pour General Electric (GE) s'est intéressé à la perception et aux attentes des éluslocaux sur l'enjeu des villes durables.

Réalisé auprès de 500 maires et responsables de structures intercommunales, il montre un consensus parmi les élus surl'importance de la ville durable même si beaucoup d'entre eux n'en maîtrisent pas exactement les enjeux. Des trois dimensions du développement durable (environnementale, économique et sociale), les élus retiennent surtout la première.

Ainsi, spontanément, 72% desélus associent le terme «ville durable» à l'environnement, contre seulement 22% à des enjeux sociaux et culturels et 15% à l'emploi.

Pour la quasi totalité des élus,une ville durable est avant tout une ville qui veille à ses ressources en eau et en énergie, à la qualité de l'air, au bien-être de ses habitants et au développement desmoyens de transports.

Au contraire, seulement 66% des sondés considèrent qu'une ville durable a pour caractéristique d'attirer des capitaux. De manière générale, même si la moitié des élus admet ne pas vraiment connaître la définition d'une ville durable, 96% d'entre eux confient en avoir une perceptionpositive.

Et ils accordent à cette problématique une importance non négligeable (note moyenne de 7,2/10), autant par conviction que par pragmatique, afin derépondre aux attentes des administrés.

Mais, paradoxalement, ils estiment que leurs habitants y sont moins sensibles qu'eux (note moyenne de 6,4/10).Les conséquences même des politiques de la ville durable semblent mal connues des élus.

Ils se montrent en effet très partagés pour évaluer le ratio coût sur. »

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