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PEUT-ON PARLER DE DOMINATION MASCULINE CHEZ LES TRAVAILLEURS PAUVRES ?

Publié le 12/07/2012

Extrait du document

Cette difficulté à livrer des tranches de vie, surtout dans un tel domaine, est, a mon avis, l’une des raisons qui ont fait que je n’ai pu réaliser qu’un unique entretien. En dehors des contraintes de temps, mes recherches pour trouver quelqu’un disposé à me faire pénétrer dans son intimité (nous ne pouvons nier que les renseignements délivrés durant les entretiens relèvent de sujets très personnels) se sont révélées infructueuses. Que ce soit sous le sceau de la franchise ou bien de l’excuse dissimulée, il m’est apparu rapidement que la peur, pour ne pas dire la terreur des représailles de la hiérarchie fut la raison éminente du refus de ces dames quant à ma demande. De ce fait je ne livre qu’un entretien, qui plus est biaisé et quelque peu infécond pour y rechercher des éléments réellement adéquats, ce qui remet en cause la scientificité de ce dossier. Néanmoins, j’aurais aimé pouvoir achever un travail émérite et étayé. J’espère avoir à nouveau l’occasion de me pencher sur ce thème et parfaire comme il se doit ce travail. Si, par pression ambiguë voire parfois explicite, ces dérogations à l’équité sociale semblent devoir rester occultes, je n’ai nullement l’intention de cesser ces recherches sur le prétexte fallacieux que cela « dérange «. Mon grand regret est mon incapacité à pourvoir à un travail sociologiquement recevable. A l’aune de ses considérations, je ne vais tergiverser plus longtemps. Il faut concéder que l’analyse ne sera que très incomplète par le manque de matériau. Il n’est pas de mon intention de concéder pour autant de ne pas tenter une analyse qui se fera plus une piste de réflexion qu’une théorisation. Avoir peu ne se traduit pas par faire moins. Il est quelques points qui méritent que l’on s’y penche. En premier lieu, il ressort de cet entretien, une vision genrée des sexes. Annabelle insiste à plusieurs reprises sur la capacité d’écoute soit disant inhérente aux femmes et inconnues aux hommes. Elle le voit alors la division des tâches comme une résultante de ce propos avancée qui se veut une assertion. 

« n’est pas marginale.

Mais n’allons pas plus vite que notre cheminement, et évitons de faire l’analyse alors que le temps n’est pas encore venu.Suite à cela, revenons sur le concept de domination masculine.

Que recouvre-t-il ? Que représente-t-il ? Comment s’exerce-t-il ? La dominance masculine supposedes relations hiérarchiques entre hommes et femmes, ce qui créer deux classes antagonistes de sexe, aux intérêts divergents.

Ce système manifeste l’oppression desfemmes et le pouvoir des hommes, il repose sur des structures objectives telles que les institutions publiques et privées comme le gouvernement, le mariage, lafamille, ou encore l’université, l’emploi, la santé.

Ceci entre en opposition avec l’idée que les femmes sont naturellement dominées.

Cette tutelle de l’homme sur lafemme est une pure construction sociale, issu de classifications lointaines, de constructions duales qui ont instauré des binômes de concepts qui furent par la suitehiérarchisés et associés à l’homme et à la femme, le valorisé revenant à l’homme et le disqualifié à la femme.

Ne s’agissant pas ici d’expliquer les fondements et lagenèse de la domination masculine mais simplement en quoi elle s’exerce, nous ne nous pencherons pas davantage sur ce point, qui serait abusif et hors sujet.Revenant à la notion de domination masculine, on peut parler d’une lutte de classe de sexe, deux sexes équivalents à deux classes, et entretenant un rapportd’appropriation et d’inféodation.

L’assujettissement féminin ne provient alors pas seulement de la construction sociale mais répond à une logique matérielle etidéologique.

La domination masculine échafaude un dogme qui s’exerce dans tous les domaines de la société, tous les rapports entre les sexes sont des rapports depouvoir.

Hommes et femmes n’ont donc pas le même poids ni les mêmes intérêts.Ce principe s’appliquant à tous les domaines, on peut aisément penser que cela se réalise également dans l’emploi.

L’immense féminisation de la population activeremarquable depuis les Trente Glorieuses ne pouvant que remettre en cause l’hégémonie masculine en la matière, d’autant que le travail, forme d’activité du socialpar excellence, est considéré par les hommes comme ressortant de leurs prérogatives, les femmes étant assimilées à la sphère privée.

Nous le verrons plus enprofondeur ultérieurement, la définition ci-dessus ne se voulant qu’une ébauche.

Cependant, cette « révolution » et ce bouleversement de la nature de la masse destravailleurs, ne peut s’effectuer sans heurts.

On pourrait alors penser que ladite évolution est un signe probant de l’essoufflement de la domination masculine, quisemble dans ce cas, devoir être reléguée à des temps archaïques et révolus, notre société se réclamant de la démocratie et de l’égalité des droits, étantl’accomplissement même de l’équité.

Nous tenterons d’éprouver l’hypothèse principale que tel n’est pas le cas, et c’est là notre objectif théorique.

Mais notons,qu’encore une fois, les pistes de réflexion, aux ambitions d’argutie, nous guident à ce qui se voudrait l’assimilation de la domination masculine et des travailleurspauvres, comme d’une forte potentialité.

Et cette fois encore, nous allons nous stopper ici, avant des dérapages méthodologiques qui feraient faire de dangereuxraccourcis.

L’intérêt de ces deux commentaires est plutôt de permettre justement de faire la part entre subjectivité inhérente au chercheur, qui après tout, dans unesimple introduction peut exposer sa position quant au sujet, et la tendance à l’objectivité la plus drastique qui constitue alors l’analyse, autrement dit, la véritablescientificité du travail accompli.Objectif spécifique de recherche/Choix du sujet Si la subjectivité est l’écueil primordial à éviter, le sociologue définit ses thèmes de recherche en fonction de ses affinités.

Un objet d’étude qui n’intéresse pas celuiqui le choisit expose à une incurie dont ne pourrait que pâtir la qualité de l’ouvrage.

Mais cela expose au dilemme, dont on ne peut passer outre, de l’implication duchercheur dans ce qu’il effectue.

Un sujet qui le touche, pour des raisons diverses et variées, n’implique-t-il pas trop d’affects, qui risqueraient de biaiser la qualité dela tâche fournie ? A défaut de tergiverser sur cette question, qui n’est pas de notre ressort ici, voyons plutôt le verre à moitié plein.

Un phénomène qui nous plaît,c’est un investissement plus profond dans le labeur accompli, et par là certes un risque de jugement et de prise de position, bien que le sociologue se doit d’êtrecapable de tenir ses préjugés positifs ou négatifs à l’écart, mais surtout une probabilité plus élevée d’exécuter une étude plus tatillonne.Pourquoi avoir élu la domination masculine, les travailleurs pauvres ? Ce ne sont certes pas les seuls domaines qui obtiennent mes faveurs, mais l’actualité les a faitressurgir, et j’ai alors pensé qu’il était avisé de saisir la perche tendue.Cela fait un certain temps que je m’intéresse à la paupérisation de la population active, et ce pour une raison très concrète.

Tout d’abord, j’ai toujours eu une affinitéavec le social, la société et l’actualité de ceux ci.

Ma voie semblait donc toute tracée pour que j’effectue un baccalauréat Economique et Social et que je m’inscrivedans un cursus de sociologie ! Mais j’ai toujours considéré qu’un tel engagement intellectuel s’alliait de pair avec une véritable expérience de la société.

Bienentendu, celle-ci n’est que relative, ne serait-ce qu’à cause de mon jeune âge.

Bien entendu, il serait déplacé de prétendre que je saisis réellement ce qu’est laprécarité, ayant grandie dans un milieu relativement protégé.

Néanmoins, le travail de ma mère m’a permis d’approcher de plus près ce phénomène de paupérisation.Et l’éducation reçue m’a rendu disponible à toutes les découvertes sans juger.

Cette tendance à émettre des avis péremptoires est effectivement très difficile à brider,mais je considère que s’il vous a été inculqué dès le plus jeune âge les dangers des simplifications, nous devenons beaucoup plus affables et tolérants sur le monde.La profession d’infirmière libérale de ma mère implique une immersion constante parmi des franges extrêmement vastes de la population.

Discutant beaucoup avecelle, cultivée et cherchant elle aussi constamment des sentiers de réflexion sur la multiplicité des domaines qui fondent et régissent notre société, elle me faisaitsouvent part de sa constatation, parfois résignée, de la paupérisation croissante de ses patients.

Elle relevait un nombre de plus en plus important de bénéficiaires duRMI et des minimas sociaux, de personnes donc, qui sont affiliées à la Couverture Maladie Universelle, mais également de petits salaires, et de gens exerçant desemplois peu rémunérés, peu qualifiés et surtout peu stables.

Dans l’immédiat, elle ressentait cela à travers un nombre non négligeable de chèques sans provisions, depatients demandant des délais de paiement, parfois pour des soins n’étant pas réellement coûteux.

Incisive mais réaliste, jamais condescendante, elle me confiait destranches d’histoire de vie, examinée à travers ses yeux, essayant toujours de prendre le recul nécessaire.

Son travail, ne nécessitant pas forcément des soinsprolongés, induit tout de même, par sa nature, une immersion dans la sphère privée des individus.

Cette caractéristique, par là divergente de l’univers hospitalier, quibien que connoté ne véhicule pas la part d’intimité qu’induit l’habitat, peut entraîner le piège de l’ingérence.

Le professionnel de santé se doit de rester, en toutecirconstance, respectueux et neutre.Nourrie de cette expérience narrative, je commençais moi-même à me replonger dans cet univers.

Durant ma petite enfance, j’accompagnais souvent ma mère durantsa tournée du soir, mais étant trop petite, je restais étrangère aux significations de son travail et aux réalités véhiculées par ses patients.

Plus tard, à 16 ans, laconduite accompagnée fut l’occasion toute trouvée de revenir à son travail (et de faire des kilomètres pour l’auto-école…).

C’est alors que je pus renouer avec desconditions sociales parfois accablantes, toujours troublantes.

Je ne me voile tout de même pas la face, je sais pertinemment où se situe ma place.

Compatir est la porteouverte à la complaisance.

Aussi tentais-je constamment de ne pas tomber dans une pitié hautaine, sans pour autant arriver dans l’excès inverse de la froideur quiconfine à l’ignominie.

Malgré cela, ma position est claire, je sais que si je partageais un court moment avec ces personnes, j’allais rentrer chez moi le soir, sans soucisd’argent, de savoir quoi manger, et dans une richesse culturelle qui fait parfois tellement défaut aux personnes économiquement défavorisées.

Le sujet n’étant pas lelien entre classe sociale et capital culturel et social, je ne me pencherais pas plus en avant dans ce sujet.

Mais redéfinir le cadre véritable de ses rencontres estindispensable pour éviter tout amalgame inopportun.Ces rencontres furent décisives dans la naissance de ma curiosité à propos de la paupérisation de la population active (et inactive), de ses impacts, de sa nature.

Peuaprès, une lecture d’une auteure étasunienne sur les travailleurs pauvres (working poor) et qui fit un travail de terrain en se faisant passer pour une simple travailleusenon diplômée et ayant les caractéristiques d’une working poor, éveilla en moi une connivence certaine avec le sujet.

Ce moment coïncida avec l’entrée dans la sphèremédiatique de ce phénomène, achevant d’ancrer mon intérêt pour ce dernier.Parallèlement, mon attention pour la domination masculine et son apparenté qu’est le féminisme est presque de naissance, si j’ose dire.

Là encore, ma mère y joue unrôle fondamental, étant elle-même féministe et fortement penchée sur le sujet et les lectures qui s’y réfèrent, amatrice d’art et notamment la représentation du corpsféminin dans les humanités, investie dans le champ de la psychanalyse, lisant énormément sur le sujet et plus particulièrement sur les travaux réalisés concernant lesfemmes.

Prétendre que je suis « tombée dans la marmite étant petite » ne serait pas un abus ! Même si j’ai peu adhéré à la psychanalyse, et d’ailleurs même à présentmes incursions dans cette discipline à l’université m’ont plutôt laissées un goût de scepticisme, mais du point de vue féministe et artistique, je m’y suis tout de suitesentie à l’aise.

Aussi ma mère m’a à plusieurs reprises emmenée à des manifestations exaltées pour les droits des femmes , fait rencontrer certaines de sesconnaissances adhérant au Planning Familial, quand ce n’était pas pour arpenter les salles des musées.

Bien que je regrette une petite crise d’adolescence qui m’arendue réfractaire aux musées durant un certain temps, je remercie ma mère de m’avoir transmis (voyons ici l’importance de la formation du capital culturel au coursde la socialisation primaire, si cher à Pierre Bourdieu !) ce goût de la culture et de l’art, de m’avoir fait découvrir l’art, en m’offrant un panel de courants toujoursplus large.

Je considère que cette initiation et cet amour pour l’étude de la domination masculine lui sont dû, m’ayant très jeune prodigué, sans aller jusqu’àl’érudition, des acquis culturels et aiguisant ma curiosité.

Aussi, il m’a semblé aller de soi, tout naturellement, d’associer domination masculine au marché del’emploi, tentant de saisir son impact, ses modes d’expression, ses ramifications.Tout en restant critique face au féminisme et essayant de me documenter sur les diverses courants qui y sont affiliés (même si à mon grand désespoir, mes lacunesrestent effroyables par manque de temps), ma sympathie pour tout ce qui y touche et mes quelques connaissances qui s’y rapportent ne peuvent que me faireacquiescer à la question posée.

A mon sens la domination masculine étant toujours effective, elle ne peut que procéder dans le monde du travail.

Revenant à laproblématique de l’implication du chercheur au sein de son sujet, effectivement mes opinions sur la domination masculine se font véhémentes contre son existencetoujours patente, je n’ai en aucun cas l’intention de faire le procès de la domination masculine et des pouvoirs public et privées qui la font subsister.

Mon objectif est. »

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