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Fiche de lecture: La domination masculine, Pierre Bourdieu.

Publié le 26/10/2012

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Auteur du livre : Pierre Bourdieu Titre : La domination masculine. Date de publication : 1998 -Une première édition aux Editions du Seuil en 1998, dans la collection Liber -Une deuxième publication argumentée d'une préface en 2002 (« Préface des éditions anglaise et allemande rédigée fin 1998 «), chez le même éditeur, collection Point essais. (C'est celle que j'ai choisie d'étudier) Illustration de la couverture (livre de poche Editions du Seuil, collection Points essais) : Le Déjeuner sur l'herbe de Manet. Genre de l'ouvrage : Essai reprenant le thème d'un long article qu'il avait publié en 1990, , ouvrage tourné vers la pensée du constructivisme, et la sociologie du dévoilement. Information sur l'auteur : Pierre Bourdieu (1930-2002) Né dans le Béarn (à Deguin), fils de facteur, il est reçu à l'Ecole Normale Supérieure de la rue d'Ulm, où il obtient l'agrégation de philosophie. De 1958 à 1968, il évite le service militaire en Algérie et enseigne la philosophie à la faculté des Lettres d'Alger. C'est à ce moment là qu'il décide de faire une carrière de sociologue et réalise différents travaux d'ethnologie. En 1964 il devient directeur d'études de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, et fonde la revue « Actes de la recherche de sciences sociales «, puis il sera nommé en 1981 Professeur au Collège de France. Reconnu internationalement comme l'un des maîtres de la sociologie contemporaine (sociologie du dévoilement), Pierre Bourdieu a été l'un des rares intellectuels engagés du XXe siècle, dont la pensée a exercé une influence considérable notamment sur la sociologie d'Après-guerre. Ses oeuvres sociologiques sont dominées par l'analyse des mécanismes reproducteurs des hiérarchies sociales en mettant en avant l'importance des facteurs culturels et symboliques dans cette reproduction. Il souligne aussi la capacité des agents en position de domination à imposer leurs productions culturelles et symboliques dans les rapports sociaux. Ce qui le pousse à parler de violence symbolique (manière de faire admettre comme légitimes ces productions symboliques) Le monde social, apparaît à P. Bourdieu comme divisé en « champs sociaux «. Ceux-ci sont dotés d'une autonomie relative, ils sont hiérarchisés et leur dynamique provient des luttes que se livrent les agents sociaux pour y occuper les positions dominantes. Comme le courant marxiste, il insiste sur l'importance de ces luttes dans le fonctionnement de la société au sein de ces divers champs sociaux, qui sont fondés sur l'opposition entre agents dominés et agents dominants. Il a également développé une théorie sur le concept d'«habitus«, qui cherche à montrer que les individus développent des stratégies selon les ressources et les dispositions acquises lors du processus de socialisation, qui, bien qu'inconscientes, sont adaptées aux nécessités du monde social. L'oeuvre de Bourdieu est ainsi ordonnée autour de quelques concepts principaux: Le champ L'habitus Le capital (économique culturel social et symbolique) La légitimité et la violence symbolique. Quelques unes de ses oeuvres principales : La Distinction (1979) Ce que parler veut dire : l'économie des échanges linguistiques (1982) Homo academicus (1984) La Misère du monde (1993) ; Sur la télévision (1996), La Domination masculine (1998) ; La culture est en danger (2000). La domination masculine Bien que depuis la fin de la seconde guerre mondiale, et surtout vers les années 1970, avec l'essor des mouvements féministes, les femmes ont « politiquement « défendu leur droit et rejeté la supériorité de l'homme sur la femme, celle-ci n'a pas pour autant disparue, (et comme Bourdieu l'indique) elle est toujours présente dans les sociétés occidentales. Dans ce livre Pierre Bourdieu reprend des points déjà évoqués dans un article de 1990 (Actes sociaux de la recherche en sciences sociales), et y développe une analyse à la fois sociologique et ethnologique des rapports entre les sexes, cherchant à expliquer les causes de la permanence de la domination des hommes sur les femmes dans toutes les sociétés humaines, il s'appuie pour cela sur une étude anthropologique de la société berbère de Kabylie. Il met en avant plusieurs problématiques, dans un premier temps, c'est la perpétuation des rapports de domination des hommes sur les femmes «met en question explicitement la question obsessionnellement évoquée (...) de la permanence ou du changement (constatés ou souhaités) de l'ordre sexuel «(Préface). Et comment celle-ci apparaît comme naturelle, alors qu'elle n'est que le produit d'une construction sociale arbitraire ainsi que biologique donnant une vision phallocentrique du monde. Dans un deuxième temps, il dénonce le processus de déshistoricisation, qui est à l'origine de cette « éternisasion relative des structures de la division sexuelle et des principes de vision correspondants « Afin de donner une ouverture d'action collective de résistance, juridique et politique, contre la discrimination symbolique dont les femmes sont victimes, il faudrait s'orienter vers une démarche de neutralisation de ces mécanismes neutralisant l'histoire, et donner ainsi la possibilité aux femmes de s'imposer, jusqu'à être capables d'ébranler les institutions contribuant à éterniser leur subordination. Pour expliquer la Domination, Bourdieu procède en trois étapes majeures correspondant au découpage des chapitres de son livre : tout d'abord il analyse les manifestations (plus ou moins visibles) de la domination masculine (une image grossie), avant d'exposer les visions des deux sexes qu'elle engendre (l'anamnèse des constances cachées), et de montrer par quels mécanismes se reproduit cette domination et son évolution (Permanences et changement). Il évoque pour terminer, l'impact de cette domination sur les couples homosexuels et lesbiens (sujets de comparaison souvent présents dans l'ouvrage). Préambule Dans cette première étape, Bourdieu constate ce qu'il nomme le paradoxe de la doxa : « le fait que l'ordre du monde tel qu'il est, avec ses sens uniques et ses sens interdits, au sens propre comme au sens figuré, ses obligations et ses sanctions, soit grosso modo respecté «(...)  « que l'ordre établi, avec ses rapports de domination, ses droits(...) ses privilèges et ses injustices, se perpétue en définitif aussi facilement(...) et que les conditions d'existence les plus intolérables puissent si souvent apparaître comme acceptables et même naturelles. « C'est ce qu'il nomme en parallèle la violence symbolique (« violence douce insensible invisible pour ses victimes mêmes «). Seul un point de vue anthropologique serait capable de rendre à la fois la différence entre le masculin et le féminin et sa nécessité sociologique, et ainsi de faire comprendre le processus de la transformation de l'arbitraire en nature se produisant notamment grâce à des rituels mystiques (Que Virginia Woolf nomme « le pouvoir Hypnotique de la domination «) et un long travail de biologisation sociale. Cette socioanalyse met en avant ce que l'auteur appelle des invariants et le paradoxe des institutions (notamment l'école) à la fois lieux d'élaboration des principes de domination et champ d'action immense ouvert aux luttes féministes. Néanmoins il existe un risque dans cette analyse ethnologique celle de ratifier une représentation conservatrice du mythe de l'éternel féminin en décrivant ce processus de biologisation, or c'est ce que Bourdieu veut à tout prix éviter. I Une image Grossie Afin de passer outre ces « schèmes «de cette construction de l'ordre masculin et rester objectif Bourdieu entreprend sous forme d'expérience de laboratoire l'étude sociologique et ethnographique d'une population berbère celle de Kabylie. Le choix de cet objet d'étude est que, contrairement à la société de la Grèce antique, souvent prise comme modèle de comparaison, la société Kabyle existe toujours. De plus, elle a été relativement épargnée par l'occidentalisation, tout en étant suffisamment influencée pour qu'elle puisse servir de référence même lointaine à nos sociétés. Socialisation des corps Dans un premier temps, cette dominati...

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« dans toutes les sociétés humaines, il s’appuie pour cela sur une étude anthropologique de la société berbère de Kabylie. Il met en avant plusieurs problématiques, dans un premier temps, c’est la perpétuation des rapports de domination des hommes sur les femmes «met en question explicitement la question obsessionnellement évoquée (…) de la permanence ou du changement (constatés ou souhaités) de l’ordre sexuel »( Préface). Et comment celle-ci apparaît comme naturelle, alors qu’elle n’est que le produit d’une construction sociale arbitraire ainsi que biologique donnant une vision phallocentrique du monde. Dans un deuxième temps, il dénonce le processus de déshistoricisation, qui est à l’origine de cette « éternisasion relative des structures de la division sexuelle et des principes de vision correspondants » Afin de donner une ouverture d’action collective de résistance, juridique et politique, contre la discrimination symbolique dont les femmes sont victimes, il faudrait s’orienter vers une démarche de neutralisation de ces mécanismes neutralisant l’histoire, et donner ainsi la possibilité aux femmes de s’imposer, jusqu’à être capables d’ébranler les institutions contribuant à éterniser leur subordination. Pour expliquer la Domination, Bourdieu procède en trois étapes majeures correspondant au découpage des chapitres de son livre : tout d’abord il analyse les manifestations (plus ou moins visibles) de la domination masculine (une image grossie), avant d’exposer les visions des deux sexes qu’elle engendre (l’anamnèse des constances cachées), et de montrer par quels mécanismes se reproduit cette domination et son évolution (Permanences et changement).

Il évoque pour terminer, l’impact de cette domination sur les couples homosexuels et lesbiens (sujets de comparaison souvent présents dans l’ouvrage). Préambule Dans cette première étape, Bourdieu constate ce qu’il nomme le paradoxe de la doxa : « le fait que l’ordre du monde tel qu’il est, avec ses sens uniques et ses sens interdits, au sens propre comme au sens figuré, ses obligations et ses sanctions, soit grosso modo respecté »(…) « que l’ordre établi, avec ses rapports de domination, ses droits(…) ses privilèges et ses injustices, se perpétue en définitif aussi facilement(…) et que les conditions d’existence les plus intolérables puissent si souvent apparaître comme acceptables et même naturelles.

» C’est ce qu’il nomme en parallèle la violence symbolique ( « violence douce insensible invisible pour ses victimes mêmes »). Seul un point de vue anthropologique serait capable de rendre à la fois la différence entre le masculin et le féminin et sa nécessité sociologique, et ainsi de faire comprendre le processus de la transformation de l’arbitraire en nature se produisant notamment grâce à des rituels mystiques (Que Virginia Woolf nomme « le pouvoir Hypnotique de la domination » ) et un long travail de biologisation sociale. Cette socioanalyse met en avant ce que l’auteur appelle des invariants et le paradoxe des institutions (notamment l’école) à la fois lieux d’élaboration des principes de domination et champ d’action immense ouvert aux luttes féministes. Néanmoins il existe un risque dans cette analyse ethnologique celle de ratifier une représentation conservatrice du mythe de l’éternel féminin en décrivant ce processus de biologisation, or c’est ce que Bourdieu veut à tout prix éviter. I UNE IMAGE GROSSIE Afin de passer outre ces « schèmes »de cette construction de l’ordre masculin et rester objectif Bourdieu entreprend sous forme d’expérience de laboratoire l’étude sociologique et ethnographique d’une population berbère celle de Kabylie.

Le choix de cet objet d’étude est que, contrairement à la société de la Grèce antique, souvent prise comme modèle de comparaison, la société Kabyle existe toujours.

De plus, elle a été relativement épargnée par l’occidentalisation, tout en étant suffisamment influencée pour qu’elle puisse servir de référence même lointaine à nos sociétés. Socialisation des corps Dans un premier temps, cette domination masculine s’est faite par une longue construction sociale des corps, se fondant sur un système d’oppositions (grand/petit; chaud/froid; dehors/dedans ; clair/obscur…) lui donnant une apparence de nécessité à la fois objective et subjective.

L’existence même de ce système et son acceptation par tous, montrent bien à quel point la domination masculine est dans « l’ordre des choses ».

Et ce notamment grâce à un système mythico-rituel fortement développé « il consacre l’ordre établi en le portant à l’existence officielle, connue et reconnue.» La division sexuelle se présente ainsi dans le monde social (état objectivé) et dans les habitus des agents (état incorporé, beaucoup plus pervers car pas toujours conscient, et par conséquent, pas toujours modifiable par une simple action de notre conscience).

Cette vision du monde est due à «l’expérience doxique » (« concordance entre les structures objectives et subjectives entre la conformation de l’être et les formes du connaître ») qui appréhende le monde social comme 2. »

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