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cure (fin de la)

Publié le 03/04/2015

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cure (fin de la) [angl. Cure End; allem. Ende der Analyse]. Terme auquel il conviendrait qu'une cure psychanalytique parvienne, dans une perspective où la fin au sens de la terminaison devrait recouvrir la fin au sens de la finalité.

Dans les premiers temps de la psy­chanalyse, le problème de la fin de la cure ne se constitue pas comme tel. Avec la découverte d'une méthode qui semble faire disparaître le symptôme par la prise de conscience de ce qui le détermine, le praticien pense pouvoir rendre compte d'une façon évidente et de sa visée et de ses moyens.

LA FIN DE LA CURE POUR FREUD

Très tôt, pourtant, l'attention devait être attirée sur le fait que toute sédation n'était pas définitive, que le symptôme réapparaissait parfois, éventuellement sous une forme nouvelle. L'hypothèse d'une pulsion de mort et d'un auto­matisme de répétition peut expliquer ce qui se présente comme «réaction thérapeutique négative «.

Il semblait nécessaire, dès lors, de fixer à la cure un nouvel objectif, moins lié peut-être aux particularités du symptôme. C'est dans ce cadre qu'il faut resituer des objectifs comme la levée de l'amnésie infantile, la restitu­tion de la capacité d'aimer et de travail­ler ou encore, chez des auteurs tels que Hartmann, le renforcement d'un moi autonome censé s'adapter mieux à la réalité.

Sur la question de la fin de la cure, cependant, c'est un court texte de S. Freud, Analyse avec fin et analyse sans fin (1937), qui constitue un point de virage essentiel. Freud explique dans ce texte que, au moment même où une psychanalyse semble aller vers sa fin, surgit couramment une résistance plus forte que toutes celles qui pouvaient la précéder. «L'homme ne veut pas se soumettre à un substitut paternel, ne veut pas être son obligé, ne veut donc pas davantage accepter du médecin sa guérison.« Il y a chez un homme en analyse «protestation virile« ou encore refus de la «position passive« envers un autre homme. Quant à la femme en analyse, les choses ne se présentent pas avec elle plus favorablement puisque ce

qui la détourne d'accepter la solution proposée par l'analyste, c'est l'« envie du pénis «, qui la fait entrer en rivalité avec lui. Dans un cas comme dans l'autre, l'analyse buterait contre le «roc de la castration «, et cela empêcherait de la mener à son véritable terme.

Est-ce là le mot ultime de la psycha­nalyse? Outre que la question de la castration a pu depuis Freud être réexa­minée, il semble possible de dessiner de nouvelles perspectives.

PERSPECTIVES LACANIENNES

J. Lacan est assurément un de ceux qui se sont le plus préoccupés de la fin de l'analyse et il en a donné de nom­breuses présentations: introduction du sujet au langage de son désir, assomp­tion de l'être pour la mort, etc. Il en vient notamment à dire que, si la psy­chanalyse défait les identifications, les idéalisations auxquelles le sujet a pu se prendre, celui-ci rencontre pour finir son être sous la forme de l'objet a. Cet objet qui venait faire bouchon au vide de son désir, en définitive c'était lui-même : c'est qu'au terme du processus

le sujet peut réaliser comment il s'était fait l'objet — le déchet — de l'Autre. Cela au moins dans son fantasme ; mais, pour l'homme, c'est le fantasme qui organise la réalité. Et la psychana­lyse pourrait l'aider en dernier ressort à se déprendre de cette position. La fin de l'analyse serait une «traversée du fan­tasme «.

Il y a cependant pour Lacan un para­doxe. On peut tenir en effet que les analyses poussées «le plus loin« sont celles de ceux qui se déterminent à faire eux-mêmes fonction d'analystes. Or faire fonction d'analyste, c'est d'une certaine façon occuper pour l'analy­sant la place de l'objet a, cet objet Min-tégrable qu'au bout du compte il rejettera. Comment peut-on désirer s'installer à cette place, demande alors Lacan, et surtout comment le désir de celui qui s'installe à cette place pourra-t-il opérer dans la cure de ceux qu'il aura à entendre? C'est notamment pour résoudre cette question que Lacan instaura dans son école une procédure qu'il appela la nasse', mode original de nomination des analystes.

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