dé-sens, indé-sens

dé-sens, indé-sens. Écritures néo¬logiques de Lacan suggérant le lien entre le sens et le sexe.

Ces néologismes supposent la mise en place du phallus comme fonction phallique (—> phallus, mathème), c'est-à-dire d'une écriture algébrique où se trouve situé le phallus. La fonction phal¬lique est ce qui supplée au rapport sexuel: «Tout sujet en tant que tel s'ins-crit dans la fonction phallique (au titre de l'être ou avoir le phallus) pour parer à l'absence, ab-sens, de rapport sexuel« écrit Lacan dans «l'Étourdit « (Scilicet, n° 4, 1972). Cette fonction cependant ne peut se poser que si elle n'est pas satis¬faite en un point (mathème: 3 x (1) x) où un x, une existence, la nie. Ce point de syncope de la fonction lui fait limite et constitue ce qu'on appelle la «fonction paternelle «.

La fonction phallique inscrit donc la manière dont la jouissance phallique (—s jouissance) tient lieu de rapport sexuel: chaque parlêtre se fera sem-blant d'homme ou de femme et les discours qu'il soutiendra prendront alors sens ; ils auront la « décence « de voiler l'absence du rapport sexuel.

En revanche, le discours analytique, en mettant en évidence le point où toute valeur de vérité disparaît pour la fonction, indique que, au-delà de cette limite dont elle se soutient, le sens s'abolit. C'est le dé-sens.

Cliniquement, cela signifie que la jouissance phallique, ou jouissance du semblant, constitue une barrière à res-pecter afin que se maintienne le sens des discours. Au-delà de cette barrière se situe le champ des jouissances autres qui exposent au dé-sens (—s jouis¬sance).

Du même coup, le sens sexuel que l'interprétation analytique peut faire valoir n'est qu'une première approche (— interprétation). Bien plutôt poin-tera-t-elle l'indé-sens, c'est-à-dire le fait que tout sens achoppe et se sou¬tient de la béance de la fonction que le signifiant phallique vient marquer de son symbole. Cela n'autorise pas pour autant l'herméneutique qui renverrait indéfiniment d'un sens à un autre, mais cela montre que le signifiant phallique, qui vectorise le symbolique et donne signification au glissement des signi-fiants, est lui-même un signifiant asé-mantique qui, du sens, symbolise l'échec. Cette propriété en fait la clef de voûte de l'ordre symbolique.