DULAURENS (Henri Joseph Laurens, dit)

DULAURENS (Henri Joseph Laurens, dit), écrivain français (Douai 1719-Marienbom 1793). Devenu moine sous la pression de sa famille, il se fit bientôt remarquer par son esprit frondeur et sa désobéissance. Il défroqua et fit paraître le Balai, poème héroï-comique en 18 chants (1761), qui retrace sur le modèle du Lutrin de Boileau ou, plus encore, de la Pucelle de Voltaire, les débats et les ébats qui secouent un couvent. La satire les Jésuites (1762), qu'il composa avec son ami Groubentall de Linière, l'obligea à s'enfuir en Hollande. Il y composa des ouvrages doublement scandaleux par leur passion anticléricale et leur caractère grivois sinon pornographique. Après l'Arétin (1763), il retrouva le style du Balai dans la Chandelle d'Arras (1765) et surtout dans deux romans philosophiques, Irmice ou la Fille de la nature (1765), qui raconte l'histoire d'une jeune fille élevée sans aucun contact avec le monde et brusquement confrontée à lui, et le Compère Mathieu ou les Bigarrures de l'esprit humain (1766), long récit picaresque et volontiers cynique que Diderot a lu et dont il s'est souvenu dans Jacques le Fataliste. Dénoncé par l'ÉgUse, Dulaurens fut arrêté lors d'un séjour à Francfort, jugé à Mayence par un tribunal ecclésiastique et condamné à la détention perpétuelle. Il fut peut-être libéré par les armées révolutionnaires, mais il mourut, semble-t-il, fou en 1793. Son œuvre a influencé les milieux de libres penseurs français et allemands.