Devoir de Philosophie

énonciation, n.

Publié le 27/10/2013

Extrait du document

énonciation, n.f. LINGUISTIQUE : processus par lequel le sujet parlant utilise les possibilités virtuelles qui lui sont offertes par le système de la langue pour produire un énoncé. La problématique de l'énonciation naît de cette évidence : il n'est pas possible de penser un énoncé sans énonciateur, donc sans énonciation. Cette problématique a d'ailleurs toujours réussi à se faire jour même dans les réflexions linguistiques réputées l'escamoter : Saussure reconnaît explicitement qu'il existe une « linguistique de la parole « prenant pour objet « les manifestations individuelles et momentanées «. On a pu ainsi montrer qu'il existe une théorie de l'énonciation même chez le théoricien le plus extrémiste du structuralisme qu'est Hjelmslev. Une linguistique de l'énonciation. C'est toutefois en France, sous l'impulsion de Benveniste, que s'est développée, dans les années soixante, une linguistique de l'énonciation. Il s'agit essentiellement d'une analyse des traces laissées dans l'énoncé par la procédure d'énonciation. Comparons deux énoncés : « La marquise sortit à cinq heures « et « Maintenant, je suis ici et j'y reste «. Le premier est interprétable - c'est-à-dire susceptible d'être rattaché à la situation qu'il désigne (la sortie, à cinq heures, de la marquise) - indépendamment de toute référence aux circonstances de l'énonciation de la phrase : je n'ai pas besoin de savoir qui l'a énoncée, à quel moment ni en quel lieu. Il n'en va pas de même pour le second énoncé : il est ininterprétable si l'on ne sait pas qui est je - c'est-à-dire qui dit je -, à quel moment et en quel lieu ce je a énoncé les éléments maintenant, ici (et y), ainsi que les verbes au présent. C'est qu'il existe dans la langue des éléments - à la suite de Jespersen, Jakobson les appelle les embrayeurs ; Benveniste leur donne le nom d'indicateurs - dont le référent change selon les circonstances de l'énonciation. On peut, sur ces bases, construire une théorie des valeurs aspectotemporelles du verbe - c'est-à-dire des modalités différentes selon lesquelles le verbe situe dans le temps l'action qu'il dénote. Pour certaines formes (présent, passé composé, futur), ce repérage dépend des circonstances de l'énonciation ; pour d'autres (passé simple, certains emplois de l'imparfait), il en est complètement indépendant. La linguistique de l'énonciation s'étend à d'autres domaines, par exemple l'étude de la performativité de certains énoncés, ou l'attitude du sujet parlant à l'égard de ce qu'il énonce : ainsi, l'adverbe franchement, dans « franchement, c'est un imbécile «, n'affecte pas l'énoncé, mais la procédure d'énonciation par laquelle il est produit : « Je suis franc quand je dis que c'est un imbécile. « Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats adverbe Benveniste Émile embrayeur énoncé langue performatif sociolinguistique temps grammatical

Liens utiles