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L'énonciation de ses idées constitue-t-elle un acte philosophique

Publié le 13/12/2012

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MAGENDIE Charlotte TL 4 septembre 2012 DISSERTATION DE PHILOSOPHIE L'énonciation de ses idées constitue-t-elle un acte philosophique ? Tantôt considérée comme une science, tantôt comme un art, la philosophie s'avère être la discipline de la pensée. C'est dans l'Antiquité grecque que l' « amour de la sagesse «, de son étymologie grecque philosophia, prend source avec l'énonciation des premières idées d'illustres penseurs tels que Socrate, Platon ou encore Hérodote. Philosopher est alors synonyme de créer des concepts, des idées - idées qui ne sont autres que des représentations abstraites, élaborées par la pensée, d'un être, d'un rapport, ou d'un objet - dont le partage et la diffusion favorisent la perpétuelle remise en question du monde. Ainsi, les écrits des Lumières, comme les oeuvres de Rousseau, Voltaire ou de Montesquieu constituent-elles un exemple concret du voeu de partager de nouveaux concepts en les énonçant. On peut donc penser qu'ils font acte de philosophie afin d' « éclairer « le peuple Français du XVIIIème siècle à travers l'expression des idées qu'ils ont conçues. De cette manière, nous pourrions être invités à nous demander si la création de concepts n'est pas propre à l'acte philosophique. Mais toute idée provient-elle de notre propre pensée ? Devons-nous alors être à l'origine des idées que nous énonçons pour philosopher ou tout concept que nous diffusons peut-il être considéré comme un acte philosophique ? Finalement, la pluralité actuelle des moyens d'expression ne dénature-t-elle pas la dimension philosophique du partage des idées ? Tout d'abord, l'acte philosophique ne réside-t-il pas dans la diffusion de concepts dont notre réflexion est à l'origine ? Enoncer ses idées, c'est-à-dire énoncer des idées propres à sa réflexion, consisterait alors à faire part de concept...

« Par la suite, toute idée que nous énonçons est-elle philosophique ? La philosophie, étant étymologiquement « l’amour de la sagesse », ne requiert-elle pas alors qu’une idée aille de pair avec le bon sens dont doit faire preuve cette discipline ? Il semblerait effectivement qu’une idée énoncée puisse être considérée comme « sage » pour s’inscrire dans un acte philosophique.

En effet, il s’avère que l’idée de « sens commun » que l’on retrouve dans la philosophie des Lumières ou chez Kant, représentait originellement une notion de bon sens que devait suivre la pensée philosophique.

Ainsi, nous pourrions aisément dire que toute idée que l’on peut énoncer n’est pas philosophique dans la mesure où elle ne s’inscrit pas obligatoirement dans cette « sagesse ».

C’est le cas par exemple du livre Mein Kampf dans lequel Adolf Hitler, son auteur, prône l’antisémitisme et le racisme, ce qui ne peut aujourd’hui être reçu dans le cadre de l’énonciation d’idées philosophiques, c’est-à-dire sages.

Mais ce qu’aujourd’hui nous jugeons comme sensé, le jugerons-nous encore sensé demain ? La notion de bon sens n’est-elle pas propre à chacun de nous ? Nos idées quant à elles ne dépendent- elles pas également de la perception du monde de la société qui nous entoure ? Ce qui nous amènera à dire en suivant qu’il semblerait possible que nos idées ne soient pas toujours l’objet de notre pensée propre, mais bien des préjugés ou encore des idées reçues que nous avons assimilés sans examen.

En effet, nous retrouvons l’idée de l’individu corrompu par la société dans le Emile ou de l’Education de Rousseau.

Dans son œuvre, le philosophe des Lumières relate le développement d’un enfant, Emile, loin de la cour et de ses vices.

Ses idées ne peuvent alors être influencées que par sa propre appréhension du monde, et ne recevoir en aucun cas des « aprioris ».

Il sera alors pleinement à l’origine des idées qui se formeront dans son esprit, et leur énonciation pourra dans ce cas constituer un acte philosophique, du fait de l’acte de création dont elles découlent.

Jostein Gaarder, philosophe norvégien, rejoint également cette voie lorsqu’il dit : « L’enfant est sans préjugés, qualité première d’un grand philosophe.

Il voit le monde tel qu’il est sans idées a priori qui faussent notre vision d’adultes.

».

Ainsi, l’objectivité d’une opinion qui est propre à un individu serait essentielle pour que son expression constitue un acte philosophique. Par conséquent, les idées que nous partageons doivent aller suivant un certain bon sens en plus de se défaire de tout préjugé ou de toute idée préconçue pour s’inscrire dans l’acte philosophique.

Néanmoins, nous verrons dans une troisième partie que les supports de l’énonciation se diversifiant, un changement dans la nature des idées est perceptible. Enfin, l’actuelle pluralité des moyens d’expression ne dénature-t-elle pas la diffusion des idées ? En effet, la vitesse de communication et la facilité d’accès de certains médias comme internet ne favorise-t-elle pas la banalisation des idées ? Aujourd’hui, il suffit d’être connecté pour pouvoir faire part de ses idées.

Selon une étude de Royal Pingdom en 2012, ce sont 2,27 milliards d’individus qui sont désormais reliés au net.

Le partage des idées, alors devenu instantané, ne nécessite plus forcément la profondeur originelle liée à la création d’un concept et devient par conséquent une action dont la quête de sens n’est plus une finalité.

« Exprimez- vous », invite par exemple le géant des réseaux sociaux Facebook sur la page de tout profil, dont le nombre d’utilisateurs dépasse lui aussi les millions.

De cette façon, chacun exprime ses opinions de manière si spontanée et régulière que l’énonciation des idées devient irréfléchie, inassimilable.

C’est d’ailleurs de cette manière que nous pourrions alors interpréter les paroles du philosophe Alain lorsqu’il dit « Le paradoxe humain est que tout est. »

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