Devoir de Philosophie

envie du pénis

Publié le 03/04/2015

Extrait du document

envie du pénis. angl. Penis Envy; allem. Penisneid). Élément constitutif de la sexualité féminine, qui peut se présenter sous diverses formes, allant 

 

du désir souvent inconscient de pos-séder soi-même un pénis à l'envie de jouir du pénis dans le coït ou encore, par substitution, au désir d'avoir un enfant.

La théorie psychanalytique de «l'envie du pénis« est une des théories qui ont suscité le plus de critiques. Sans doute a-t-on voulu y voir une présenta-tion idéologique du rapport entre les sexes, comme si les psychanalystes visaient à démontrer quelque infério¬rité des femmes qui aurait été mani¬feste dans leur insatisfaction, leur souhait de s'approprier l'organe mas¬culin. Il est clair cependant que, si l'on rapporte cette question à celle sans doute plus décisive de la castration, il serait bien réducteur d'opposer d'un côté les possesseurs de l'organe viril, de l'autre les êtres qui en sont dépourvus. Si les femmes sont volontiers situées du côté de la revendication, les hommes font assez souvent sentir, par une ostentation de virilité à la mesure de leur inquiétude, que le risque de la perte est de leur côté. D'ailleurs, s'ils peuvent s'estimer possesseurs de ce qui a valeur de symbole, le phallus plus encore que le pénis, ils l'ont plutôt par procuration: en tant par exemple qu'ils se réclament d'un père, d'un héros auquel la virilité est reconnue et auquel ils peuvent s'identifier. Mais ils ont dû pour cela renoncer à être eux-mêmes objets du désir maternel, à être phallus.

Qu'est-ce alors que l'envie du pénis ? Chez S. Freud, elle peut se présenter sous diverses formes, apparemment étrangères l'une à l'autre et dont seules l'expérience, la pratique de la cure montrent qu'elles sont liées, qu'elles peuvent se substituer l'une à l'autre. Freud fait état à partir de 1908 de l'insa¬tisfaction de la petite fille, qui s'estime moins bien lotie que son camarade ; plus tard, en 1917, dans Sur les transpo¬sitions de pulsions plus particulièrement dans l'érotisme anal, il indique quels désirs peuvent se substituer à l'envie

 

du pénis : celui d'avoir un enfant ou celui de l'homme «en tant qu'appen-dice du pénis «. Mais il raconte égale-ment que plus d'une fois des femmes lui avaient rapporté des rêves qui avaient suivi leurs premiers rapports et qui «révélaient indiscutablement le désir de garder pour soi le pénis qu'elles avaient senti «.

La théorie de l'envie du pénis est dès lors importante pour appréhender dans son ensemble la position fémi¬nine, les particularités notamment que présente chez une femme le complexe d'OEdipe. C'est à partir de là que l'on peut saisir le ressentiment qu'elle pourra avoir envers une mère qui ne l'a pas pourvue de pénis; la dépréciation de cette mère qui en est elle-même privée; et ensuite seulement la renon-ciation à l'activité masturbatoire clito-ridienne, l'assomption d'une position sexuelle « passive « où le pénis est donné par l'homme, le souhait substi-tutif d'avoir un enfant. Notons que l'envie du pénis constitue d'ailleurs pour Freud un point de butée de la cure, une femme ayant le plus grand mal à la surmonter au terme de son parcours analytique; mais que là encore, Freud fait valoir ce qui fait butée chez l'homme, à savoir sa difficulté à accep-ter de reconnaître et de surmonter en lui ce qui peut être attitude de passivité envers un autre homme.

Il pourrait sembler que l'approche lacanienne de la question de la sexua-tion relativise cette notion d'envie du pénis. Lacan en effet accentue la dimension de symbole du phallus. Il fait valoir que, si un homme « n'est pas sans l'avoir« (on entend que le défaut est pour lui du côté de l'être), une femme «est sans l'avoir« (ce qui indique assez que, n'ayant pas, elle peut sans doute par là même avoir fonction de signifiant du désir, «être le phallus« pour un homme). Dans une étape ultérieure, il souligne que l'hori-zon d'une femme n'est «pas tout« 

 

phallique, que les femmes ont moins besoin que les hommes de se rassem-bler autour d'un universel phallique qui est aussi une soumission commune à la castration. Mais peut-être tout cela ne supprime-t-il pas leur désir de s'ap-proprier le phallus; peut-être même cette élaboration nous conduit-elle à mieux le situer. Lacan ne craint pas, pour parler de l'érotisme féminin, de se référer à un film d'Oshima, l'Empire des sens (1976). C'est un film dans lequel l'héroïne, après avoir asservi son amant à sa jouissance sexuelle, après s'être réjouie d'avoir senti le pénis de cet homme bouger « tout seul « en elle pen¬dant qu'elle l'étranglait partiellement, en vient à le tuer et à couper ce pénis avec lequel elle erre quatre jours dans les rues. C'est là une forme extrême du fantasme féminin, mais qui peut en constituer l'horizon inconscient.

Liens utiles