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GENETTE (Gérard)

Publié le 17/01/2019

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GENETTE (Gérard), critique français (Paris 1930). Dans la série des Figures (I, 1966 ; II, 1969 ; III, 1972), il établit, par une lecture des classiques, des modernes et de Proust, les éléments d'une narratologie, et le moyen de fixer le revers de toute œuvre, son silence. Avec Mimologiques (1976), il esquisse une histoire du discours sur le langage et ses origines. Introduction à l'archi-texte (1979) étudie le problème des genres littéraires, et Palimpsestes (1982) la manière dont un texte en reprend un autre, suivant la loi de l'intertexualité qui fait de la littérature un tissu continu. Sous les diverses approches méthodologiques, toutes liées aux acquis de la linguistique et de la sémiologie, Genette s'interroge, de fait, sur l'unité de la littérature et, inévitablement, sur la manière dont elle dit et pratique son origine. La réflexion sur le cratylisme et sur la façon dont les écrivains ont pensé le rapport du langage et du réel porte un constat essentiel : même si prévaut une thèse linguistique artificialiste, l'œuvre ne peut chasser tout système de référence ni conclure à une stricte autonomie. Ce jeu de l'identité et de la détermination est encore lisible dans la composition des genres : une typologie recueille inévitablement une génétique sous la forme de la classification, même si elle rejette une stricte morphogenèse. Ces généalogies, qui disent le poids du formalisme, reprennent indirectement le problème posé initialement (Figures I) : si la littérature est à elle-même sa propre origine et si elle se nourrit d'un silence premier, le texte, considéré en lui-même, ne peut être tenu, dans son jeu de mémoire littéraire, pour une simple métaphore du mutisme ; toute littérature est littérature au second degré : elle use, plus ou moins manifestement, des témoignages littéraires antérieurs et se donne pour un hypertexte. Au-delà de la recherche des similitudes et des principes esthétiques qui les commandent, s'impose l'efflorescence croissante du littéraire qui ne cesse de se nourrir de lui-même et, par cette autophagie, de se prêter une substance de plus en plus assurée. L'interprétation esthétique rejoint ici les notations de l'histoire et de la sociologie du livre : à l'origine, la production littéraire se développe sur une base plus étroite que le front constitué par les créations contemporaines, qui sont une manière de totalisation de la littérature passée, tandis que la critique et la théorie de la littérature s'affirment comme des moyens d'« inventer la pratique » {Nouveau Discours du récit, 1983).

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