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HONTE (psychanalyse)

Publié le 22/02/2012

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psychanalyse
La honte est la Cendrillon des émotions désagréables car on y a porté beaucoup moins d'attention que sur l'Angoisse, la CULPABILITÉ et la DÉPRESSION. Freud (1896) l'interprétait comme la crainte du ridicule, tandis que Piers (1953) l'interprète comme une réaction qui se produit lorsque l'on ne réussit pas à vivre selon son IDÉAL DU moi (c'est-à-dire que, alors que la culpabilité se produit si nous transgressons une injonction venue de l'extérieur mais qui est représentée dans le SURMOI, la honte apparaît si nous ne réussissons pas à atteindre l'idéal de comportement que nous nous sommes fixé). Selon Lynd (1958), qui n'est pas psychanalyste, la honte est en liaison étroite avec le sens de l'identité et avec la compréhension intuitive. C'est provoqué par des expériences vécues qui mettent en question les idées préconçues que nous avons sur nous-même et nous obligent à nous voir avec les yeux des autres — et à reconnaître l'écart entre la perception qu'ils ont de nous et notre propre conception de nous-même, simplifiée, égotiste. Si on les affronte, les expériences de honte accroissent la compréhension intuitive (INSIGHT) et la CONSCIENCE DE SOI; si on les nie, elles suscitent le développement d'une carapace défensive. Voir Rycroft (1968) qui suggère que la honte en tant que symptôme névrotique persistant se produit chez des individus schizoïdes qui, d'une part, se surestiment, s'imaginent au-dessus de leur valeur, et, d'autre part, savent intuitivement que leur surévaluation d'eux-mêmes n'est pas partagée par les autres. Les sociologues font la distinction entre les cultures de culpabilité et celles de honte, la civilisation occidentale judéo-chrétienne étant un exemple de la première catégorie, la culture japonaise traditionnelle et celle des classes européennes aristocratico-militaires étant des exemples de la seconde. La honte se différencie de la culpabilité du fait qu'elle est plus étroitement associée aux sensations corporelles (rougir de honte) et qu'elle survient plus facilement, comme Lynd le souligne, lorsqu'on ne parvient pas à se conformer à des règles sociales non codifiables. Alors que les transgressions de codes moraux et de lois morales suscitent de la culpabilité, un défaut de tact et des erreurs de goût provoquent la honte.

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