JÉSUITES

n. m. («soldats de Jésus »). Membres de la Compagnie de Jésus, fondée en 1534 par Ignace de Loyola et qui, approuvée par le Pape, se mit au service de la Contre-Réforme (lutte de l'Église catholique contre la « Réforme protestante» et pour la restauration de son influence en Europe). • L'action de cet ordre religieux fut double. D'une part, les jésuites furent très actifs dans l'évangélisation des nouveaux continents (Chine, Amérique). D'autre part, et surtout, ils se spécialisèrent dans l'enseignement (créant de nombreux « collèges ») et s'efforcèrent de mettre à la portée des élites sociales (dont ils éduquaient les enfants) la doctrine catholique et la morale chrétienne officielle, en liaison directe avec la papauté. • En théologie et en morale, contre l'austérité protestante ou la rigueur janséniste, les jésuites insistent sur la liberté humaine (tout croyant, doté de libre arbitre, peut user ou non de la grâce, et faire par lui-même son salut). Désireux de rendre la pratique des vertus accessible à tous, sous l'inspiration du jésuite Molina, les jésuites inventent la casuistique (étude des cas de conscience, voir ce mot), dont les excès seront sévèrement condamnés par Port-Royal et par Pascal dans Les Provinciales. • L'attitude morale et la « stratégie » politique des jésuites (volonté d'influer sur les élites sociales pour mieux christianiser la société) susciteront de nombreuses critiques. Le mot jésuitisme désigne à la fois les astuces hypocrites de la casuistique et les attitudes ambiguës des jésuites trop soucieux de plaire aux puissants de ce monde. L'adjectif jésuitique (ou simplement « jésuite ») est synonyme d'hypocrite, de manoeuvrier, d'habilement trompeur. • Signalons enfin que le style jésuite (ou art jésuite) se dit d'une forme d'architecture baroque adoptée par les jésuites à l'époque de la Contre-Réforme (toujours en opposition à l'austérité protestante).