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Le CLÉZIO (Jean-Marie Gustave Le Clézio, dit J. M. G.)

Publié le 22/01/2019

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Le CLÉZIO (Jean-Marie Gustave Le Clézio, dit J. M. G.), écrivain français (Nice 1940). Son œuvre, qui se réclame à la fois des présocratiques, de Lautréamont, de Michaux et de Ponge, met en jeu un double système : multiplication et identification, agression et survie, tragique de la vie et ombre portée de l'écriture. Le réel, appréhendé de multiples façons, du collage au fantastique, de la citation au jeu typographique, reste opaque : la littérature, si elle doit être, comme l'action, une énigme, n'en est pas sacrée pour autant ; au contraire. La main de l'écrivain n'est guère qu'un « sismographe » qui enregistre l'hallucination, le vertige. « Être vivant, c'est être conscient. » Éblouissant « cartésianisme littéraire » : c'est en tant qu'il veut et qu'il prouve qu'il existe, que l'écrivain existe vraiment. Et c'est en tant qu'il veut toujours rompre ce qu'il crée, sachant ce qu'il n'est déjà plus, qu'il continue à écrire, à créer, à être. Le destin souvent misérable de ses personnages est la conséquence du jugement extrême qu'ils portent sur le monde, un monde marqué lui-même par l'autodestruction. Les forces d'agression sont directement à l'œuvre dans le Procès-verbal (1963), le Déluge (1966),

 

le Livre des fuites (1969), déjà marqué par l' « aventure » et entrecoupé d'autocritiques sur le langage et la littérature, la Fièvre (1965), la Guerre (1970), les Géants (1973). Haï (1972) laisse percer d'autres chemins, préparés aussi par TExtase matérielle (1967), où la « fuite », réussie, se nourrit des civilisations perdues mais retrouvées par l'auteur en Amérique centrale : « Je veux écrire une autre parole qui ne maudisse pas, qui n'exècre pas, qui ne vicie pas, qui ne propage pas de maladie. » La dénonciation de la pollution est ainsi curieusement conçue comme participant elle-même à cette pollution. Spectaculaire retournement, qui signifie une redécouverte de la sagesse et une réconciliation avec le monde, mais un monde « perdu » {Terra amata, 1967). Dans cette espèce de cycle du bonheur que sont les romans suivants, l'auteur cherche et trouve une catharsis fondamentale : les moyens en sont le rêve d'une calcination par le soleil ( Voyages de l'autre côté, 1975), la science des mécanismes cosmiques selon le peuple maya {les Prophéties du Chi-lam Balam, 1976), l'acceptation mystique d'une littérature qui doit changer l'homme {l'inconnu sur la terre, 1978), la reconnaissance d'une magie enfantine {Mondo et autres histoires, 1978) ou la recherche de la pureté absolue, dont l'image est le Désert (1980) et l'univers indien des Trois Villes saintes (1980) : autant de voies pour une seule quête {la Ronde et autres faits divers, 1982 ; le Chercheur d'or, 1985).

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