Le Palais public

Parmi les villes qui se sont considérablement développées vers la fin du Moyen Age, Sienne représente l'un des exemples les plus significatifs et les mieux conservés d'aménagement urbain de l'époque. Le Palais public, siège du pouvoir communal, est mis en chantier dans la partie basse de la ville à partir de 1297. Il sera achevé dans la première moitié du XIVe siècle, avec ses ailes latérales et la tour élancée du Mangia. La façade est percée de vastes arcades en ogives dans sa partie inférieure et de fenêtres trilobées aux étages supérieurs ; le corps central est plus haut que les deux bâtiments latéraux, et l'ensemble est couronné de créneaux. L'appareil des murs repose sur un agréable jeu de couleurs, qui associe la pierre gris clair du rez-de-chaussée à la brique rouge des niveaux supérieurs.

Devant le palais s'étale la très vaste et magnifique Piazza del campo, à la forme insolite, qui évoque un éventail. Les Siennois voient dans cette configuration l'image du manteau de la Vierge, déployé pour protéger la ville, au cours de la bataille de Montaperti (1260), qui sortit victorieuse contre son éternelle rivale, Florence.

De 1284 à 1298-99, à une époque d'extraordinaire épanouissement artistique pour Sienne, Giovanni Pisano dirige les travaux de la fabrique de la cathédrale.

Le bâtiment est presque entièrement construit entre le milieu du XIIe siècle et la deuxième moitié du XIIIe, mais vers la fin du XIIIe siècle, il n'a toujours pas de façade.

La magnifique façade gothique de Giovanni Pisano constitue un exemple exceptionnel dans le contexte italien, en raison de l'amalgame étroit entre sculpture et architecture qui préside à sa conception, et qui servira de modèle pour la cathédrale d'Orvieto.

La partie inférieure de la façade, avec ses trois portails ébrasés et surmontés de pointes triangulaires est due à Giovanni, tandis que la partie supérieure, lourdement décorée (les mosaïques datent de 1877), n'est complétée qu'en 1376.

En vertu du programme iconographique de Giovanni, les statues de la façade (conservées dans le musée de l'Oeuvre de la cathédrale) représentent des personnages de l'Histoire Sainte, liés de quelque façon à la Vierge, titulaire de l'église et protectrice de la ville.

L'intérieur abrite d'importants ouvrages de peinture et de sculpture, parmi lesquels : la chaire sculptée par Nicola Pisano (1265-68) ; les vitraux de l'abside exécutés sur des dessins de Duccio en 1298 ; le monument au cardinal R.Petroni de Tino di Camaino (1317-18) ; la chapelle Chigi de Gian Lorenzo Bernini.

Cette fresque est la première oeuvre de Simone Martini que nous connaissons. Elle fut exécutée pour glorifier la Vierge, protectrice de la ville. Les personnages sont à l'abri d'un léger baldaquin, tout autour de la Vierge, assise sur un trône doré et couronné de pointes. La composition est à la fois légère et précieuse en raison des riches dorures du trône gothique sur lequel la Vierge est assise, et du poinçonnement doré des auréoles. Ces éléments, ainsi que le dessin linéaire et presque gravé qui délimite les figures démontrent le très vif intérêt de Simone Martini pour l'orfèvrerie siennoise de son époque : celle-ci représente, en effet, un des plus importants intermédiaires pour la diffusion locale de la culture gothique,  au même titre que la présence de Giovanni Pisano dans la cathédrale de Sienne et que l'oeuvre de Duccio di Buoninsegna, auprès de qui Simone Martini accomplit sa formation artistique.

Ce célèbre cycle de fresques, qui décore la salle appelée salle de la Paix, comprend les Effets du bon gouvernement en ville et à la campagne et, sur la paroi opposée, les Effets du mauvais gouvernement. Le personnage principal de la première fresque est la Commune, représentée par les vertus civiques, et celui de la deuxième, la Tyrannie, dont les effets néfastes sont dénoncés. Ce cycle représente l'exemple le plus significatif d'une nouvelle tendance s'affirmant en peinture dans les premières années du XIVe siècle : visant à exalter le pouvoir civil, elle se caractérise par la représentation méticuleuse et précise des lieux. Sienne y est fidèlement décrite, avec ses maisons à l'abri des remparts, tandis que toute la ville bouillonne de vie. On y voit, en effet, une équipe de maçons au travail, des commerçants dans leurs boutiques, des jeunes filles qui dansent et des cavaliers dans la rue, et partout, des gens affairés.