Le retour à l'ordre

Le retour à l'ordre

Au soir du 27 mai, la France semble dans une impasse. Les grévistes ont rejeté les accords de Grenelle en raison de l'absence de réformes structurelles. Les syndicats étudiants et ouvriers, réunis au stade Charléty, ont déclaré leur volonté d'aller plus loin, mais la proposition de Mitterrand de constituer un gouvernement provisoire sous la direction de Mendès France se heurte au refus des communistes. La crise atteint son comble avec la démission du ministre de l'Education nationale, Alain Peyreffite. Le 29 mai, de Gaulle, dont la démission est demandée, réussit un coup de théâtre. A l'insu de tous, il fait un voyage éclair à Baden-Baden, où il rencontre les dirigeants des forces françaises stationnées en Allemagne fédérale et s'assure de leur soutien. Le 30, il annonce, dans une allocution radiodiffusée, la dissolution de l'Assemblée nationale et l'ajournement du référendum. Le soir même, des milliers de personnes défilent dans les rues de Paris pour affirmer leur soutien au général. Le mouvement n'est pas terminé, mais le chef de l'Etat a su reprendre l'initiative dans le domaine politique, comme en témoignera un mois plus tard l'éclatante victoire de l'Union des démocrates pour la Ve République face aux partis de gauche. La reprise du travail n'est cependant pas immédiate, malgré les efforts du gouvernement pour encourager le retour à la normale. Les élections sont en effet impensables dans un pays paralysé par les grèves. Certains mouvements, pourtant, se durcissent. Face aux dernières échauffourées entre manifestants et forces de l'ordre, le Conseil des ministres interdit, le 12 juin, toute manifestation durant la période de la campagne électorale et prononce la dissolution du Mouvement du 22 mars et de sept associations d'extrême gauche. La régie Renault est l'une des dernières entreprises à reprendre le travail.