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Le symbole en psychanalyse

Publié le 07/04/2015

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psychanalyse

 n.m. (angl. Symbol; allem. Symbol, Sinnbild). Élément des échanges et représentations hu­mains, qui a apparemment une fonc­tion de représentation mais qui est, plus fondamentalement, constitutif de la réalité humaine elle-même.

Le terme de symbole présente, dans son sens le plus général, une ambiguïté non négligeable. Si en effet on entend par signe tout objet, toute forme, tout phénomène qui représente autre chose que lui même, comment spécifier ce qu'on entend par symbole? Il est remarquable qu'on ait pu désigner par ce terme à la fois le signe le plus « motivé «, celui qui représente par exemple la chose du fait de rapports d'analogie (la balance représentant la justice comme équilibre), et le signe le plus conventionnel, si l'on prend comme exemple le symbole mathéma­tique. Si, pour Saussure, les symboles sont des représentations le plus sou­vent iconiques, ayant des similitudes avec la chose représentée, pour Peirce, les symboles s'opposent aux icônes. Ils s'opposent également aux indices, c'est-à-dire aux signes qui annoncent naturellement un autre fait.

CHEZ FREUD

L'usage du terme symbole en psychana­lyse pourrait sembler conforme à la

première de ces deux acceptions, si du moins on se reporte à l'Interprétation des rêves (1900), de S. Freud. Pour celui-ci, il est indéniable que le rêve exprime par­fois le désir refoulé par un symbole et, «dans toute une série de cas, on voit clairement ce qu'il y a de commun entre le symbole et ce qu'il représente «. On dira en ce sens que le roi et la reine représentent assez clairement dans le rêve les parents du rêveur. Dans ce type d'explication, qui a sa pertinence, même si elle est limitée, les symboles auront le plus souvent une signification sexuelle, un objet allongé représentant couramment le membre masculin, et le fait de monter un escalier figurant le coït.

C'est sans doute hors de la théorie de la cure proprement dite qu'une telle approche a pu se montrer féconde. C'est elle en effet qui a permis de re­trouver dans les contes ou les mythes une symbolique analogue à celle du rêve, une symbolique où le symbole phallique a un rôle prééminent. Il n'en demeure pas moins que sa portée doit être strictement limitée.

D'abord, du point de vue de la pra­tique, et notamment de l'interpréta­tion, le rêve ne se décode pas avec une grille de symboles, une «clé des songes «. Elle suppose la prise en compte des associations du rêveur, qui seules feront entendre le sens que tel élément peut avoir pour lui. Ensuite, même lorsqu'un symbole semble avoir une valeur universelle, il l'emprunte non à une sorte de code autonome, renvoyant comme chez C. Jung à un inconscient collectif, mais à des voies associatives frayées par le langage : si l'image d'un homme montant un esca­lier peut signifier le coït, c'est sans doute surtout parce qu'en allemand on emploie le verbe steigen («monter«) pour désigner l'acte sexuel, ou parce qu'en français on désigne comme «vieux marcheur« (les degrés de l'esca­lier sont des «marches «) celui qui en Allemagne est un vieux monteur.

AVEC LACAN

J. Lacan, quant à lui, aborde la question du symbole assez différemment. Il part en effet du don, celui qui établit l'échange entre les groupes humains, celui qui en ce sens est d'abord signi­fiant d'un pacte. Or, si les objets du don peuvent avoir cette valeur, c'est d'abord parce qu'ils sont dépouillés de leur fonction utilitaire : «Vases faits pour être vides, boucliers trop lourds pour être portés, gerbes qui se des­sécheront, piques qu'on enfonce au sol, sont sans usage par destination, sinon superflus par leur abondance (« Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse «, 1953, in Écrits, 1966). Le symbole se constitue d'abord comme « évidement « du réel. Cette détermination est essentielle pour la psychanalyse. Si le phallus a valeur de symbole, c'est précisément parce qu'il ne se confond pas avec l'or­gane biologique.

 

C'est toutefois dans le mot, voire le signifiant*, que le symbole prend sa valeur achevée. Si celui-ci en effet détache l'homme du rapport immédiat à la chose (« Le mot est le meurtre de la chose «, dit Lacan), il est en même temps ce qui la fait subsister comme telle au-delà de ses transformations ou de sa disparition empiriques : «C'est le monde des mots qui crée le monde des choses.« Et le mot n'organise pas seule­ment la réalité. Il donne à l'homme son seul mode d'accès à cette réalité, mais aussi à l'autre, que ce soit l'autre de l'amour ou celui de la rivalité. Et si la lettre peut venir dans l'inconscient ins­crire le désir, si le signifiant peut l'expri­mer c'est que le symbole régit le monde humain. «L'homme parle donc, dit Lacan, mais c'est parce que le sym­bole l'a fait homme.«

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