MAIGRET de Georges Simenon

MAIGRET, personnage des romans de Georges Simenon. Ce commissaire de la police judiciaire de Paris, apparu sporadiquement à cinq reprises (la première fois avec Train de nuit) dans des romans signés de pseudonymes, devient, à partir de Pietr-le-Letton (1929) — écrit à Delfzijl (Hollande), où Maigret a aujourd'hui sa statue —, le héros principal de 76 romans (plus un certain nombre de nouvelles), conçus autour d'une énigme policière. La série des Maigret se répartit sur trois périodes (1931-1934, 1938-1944, 1947-1972), le romancier ayant abandonné puis repris ce personnage qui connaissait la faveur du grand public au point que celui-ci ne voyait Simenon que comme « le père de Maigret ». La matière même de son nom (phonique et sémantique), qui évoque l'aigre et l'étriqué, contraste avec la lourdeur sans cesse réaffirmée du personnage. Contraste marqué aussi entre cette lourdeur et la « diaphanité » professionnelle du commissaire qui ne cesse de se mettre dans la peau des autres. Simenon a donné à son héros l'épaisseur d'une existence personnelle avec les Mémoires de Maigret (1951). Composé d'intuition (il réussit toujours à entrer en connivence avec ceux qu'il côtoie), d'acharnement et de subtilité intellectuelle, Maigret observe, décrypte, en privilégiant la dimension proprement humaine du coupable qu'il recherche. Comme ses pairs (Sherlock Holmes), il est « signalisé » : la silhouette massive, la pipe, le calvados, la blanquette de veau... le rendent instantanément identifiable. Son aisance à s'inscrire dans tous les milieux, à s'imprégner d'une atmosphère sans exclusive ni sentiment de supériorité en font un « flic pas comme les autres ».