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Merleau-Ponty (Maurice), philosophe français

Publié le 26/01/2019

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Merleau-Ponty (Maurice), philosophe français (Rochefort 1908-Paris 1961). Son œuvre, bien que prématurément interrompue, élabore, de la Structure du comportement (1942) au posthume Visible et Invisible (1964), les fondements mouvants d'une « philosophie concrète », soucieuse de ne rien négliger de l'homme, du monde et de leurs interrelations. Prenant son point de départ dans une phénoménologie de la perception humaine, la réflexion de Merleau-Ponty tend à se constituer finalement en « vision du monde ». Tenant compte des démarches — complémentaires à ses yeux à condition de les considérer dans leur mouvement le plus intime — de Hegel, Husserl et Heidegger,

 

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il a côtoyé l'existentialisme sartrien (il participe notamment aux Temps modernes), mais s'en est éloigné pour axer son travail sur la fondation d'une ontologie originale {les Aventures de la dialectique, 1955). Dès l'article qu'il consacre en 1945 à l'invitée de S. de Beauvoir, il affirme que « l'œuvre d'un grand romancier est toujours portée par deux ou trois idées philosophiques... La fonction du romancier n'est pas de thématiser ces idées, elle est de les faire exister devant nous à la manière des choses » ; aussi peut-il avancer que le drame, dans l'invitée, est non pas psychologique, mais bien métaphysique. Il remarque au passage que, depuis la fin du xixe s., philosophie et littérature connaissent un incontestable « rapprochement » : « Il s'agit expressément de fixer une certaine position à l'égard du monde dont la littérature et la philosophie comme la politique ne sont que différentes expressions. »

 

Mais c'est dans la mesure où le philosophe et l'écrivain sont des « hommes parlants », qu'ils sont également sommés de « prendre position » et ne peuvent connaître la souveraineté du peintre, seul apte à s'évader de l'urgence du monde. En conséquence, c'est l'art, plutôt que la littérature, qui est capable d'ouvrir des voies à l'ontologie — même si c'est sans en avoir une conscience claire : il appartient alors à l'ontologie de reprendre en charge ces avancées pour les réfléchir. Néanmoins, certains textes littéraires peuvent nous éclairer quant à notre position par rapport au monde : c'est le cas, notamment, de Proust ou de Claudel, abondamment cités et commentés dans le dernier cours (1960-61) de Merleau-Ponty au Collège de France. Leurs langages et leurs œuvres permettent de pousser plus avant notre participation à l'être sensible, montrant par exemple combien Espace et Temps sont indissociables et surabondent d'emboîtements réciproques pour devenir « deux modes d'une unique différenciation de l'Être ». D'une autre façon, les romans de Claude Simon montrent que le temps n'obéit pas à une perspective à l'italienne, mais est bien plutôt un temps « magma », constitué de présents incompossibles pour peu qu'on en saisisse l'affleurement dans le visible, tout comme l'espace est le rapport entre notre chair et la chair du monde, les relations entre les corps s'offrant à la description comme des « empiétements ». Ainsi la littérature est-elle capable (et bien que Merleau-Ponty, contrairement à Sartre, Beauvoir ou Camus, n'en ait pas personnellement produit), mieux encore que d'impliquer une métaphysique, de suggérer à l'analyse ontologique des expériences originales.

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