neutralité
Publié le 07/04/2015
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Historiquement, la psychanalyse s'est constituée en se dégageant d'autres formes d'interventions thérapeutiques, notamment celles qui, issues de l'hypnose, faisaient une part importante à une action directe sur le patient, à une «suggestion«. C'est dans cette perspective qu'il faut resituer un certain nombre d'indications de Freud relatives à la neutralité qui conviendrait à l'analyste.
Cette notion, cependant, est moins évidente qu'il ne paraît, et elle a donné
lieu à nombre de malentendus. Ce qui est le plus assuré, c'est que l'analyste doit se garder de vouloir orienter la vie de son patient en fonction de ses propres valeurs : «Nous ne cherchons ni à former pour lui son destin, ni à lui inculquer nos idéaux, ni à le modeler à notre image avec l'orgueil d'un Créateur« (S. Freud, «les Voies nouvelles de la thérapeutique psychanalytique «, 1918, in la Technique psychanalytique, 1953, Paris, P.U.F.).
C'est sur un plan plus précisément technique que cette notion de neutralité pose davantage de problèmes. Elle a une portée quant à la relation imaginaire* de l'analysant et de l'analyste. Être neutre, à cet égard, ce serait pour l'analyste éviter de rentrer dans le type de rapports que chacun entretient généralement le plus volontiers, rapports où l'identification soutient aussi bien l'amour que la rivalité. Toutefois, l'analyste ne peut pas totalement éviter que l'analysant ne l'installe à cette place, et il a à en évaluer les conséquences plutôt que de se contenter de prôner la neutralité.
Plus importantes sans doute sont les remarques que l'on peut faire à partir des théories du désir et du signifiant. Si le désir, dans le rêve par exemple, apparaît lié à des signifiants privilégiés, rien n'indique, généralement, si chacun des termes est pris dans un sens positif ou négatif, si le sujet poursuit ou évite les objets et situations que les signifiants de ses rêves organisent. La tâche de l'analyste est alors de rester plutôt au niveau de la question, laissant la perla-bo ration accoutumer peu à peu le sujet non seulement au langage de son désir, mais aux points de bifurcation que celui-ci comporte.
Pourtant, malgré tout cela, le terme de
laisser venir rêves et associations sans avoir aucunement à s'en mêler. C'est pourquoi on opposera plutôt, à l'idée d'une neutralité de l'analyste (voire d'une «neutralité bienveillante« selon une formule qui s'est imposée mais n'est pas chez Freud), celle d'un acte* psychanalytique, qui rend mieux compte de la responsabilité de l'analyse dans la direction de la cure.
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