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RENART (Roman de)

Publié le 21/03/2019

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RENART (Roman de), série de contes médiévaux se caractérisant par la parodie des chansons de geste et des romans courtois à l'aide de figures animales qui remplissent les fonctions des dames et des héros. On compte 28 « branches », dont les plus anciennes sont dues à Pierre de Saint-Cloud. Il s'est inspiré de l'Æ’càasis captivi (Xe s.) qui parle du conflit du loup et du goupil, et surtout de l'Ysengrimus de Nivard de Gand (1152), où s'ébauche la typologie des animaux. L'initiative décisive a été de mettre Renart au premier plan de toutes les histoires, et de développer une image de la société animale en germe dans les recueils de fables. Tout cela ne laisse que peu de place à l'imagination populaire à laquelle on a voulu parfois rapporter tout le mérite de ce cycle épique. Il ne faut cependant pas ignorer le folklore ni l'importance considérable des contes d'animaux à fonction étiologique ou mi-mologique. Relativement à leur richesse, les contes littéraires de Renart témoignent d'une tradition et d'un choix bien précis. C'est par rapport à la cour du lion Noble que la rivalité de Renart et Ysengrin prend son sens, mimant un conflit féodal. Il y a donc dès le début une référence à l'organisation de la

 

société humaine qui, sans conduire immédiatement à la satire, en prépare le terrain par l'image de la comédie sociale. Dérision qui suppose un recul, une distance des auteurs, suggérant le regard philosophique du clerc sur la vie politique, guerrière ou mercantile. On passe donc aisément à une critique plus précise et plus mordante, évolution qui s'accuse sous le règne de Philippe Auguste pour aborder indirectement des questions d'actualité. Par la suite, la satire l'emporte dans Renart le Bes-tourné de Rutebeuf (1270), le Couronnement de Renart (apr. 1251), Renart le Nouvel (1288) et Renart le Contrefait (v. 1320). Renart est devenu alors une figure essentielle de la littérature française : exprimant d'abord la liberté de l'esprit et sa gaieté, la ruse de Renart a servi d'exutoire à la récrimination morale ou sociale, et elle incarne la revanche de l'esprit bourgeois sur les valeurs chevaleresques et féodales.

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