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ROMAN DE RENART (le) (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)

Publié le 07/11/2018

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ROMAN DE RENART (le). Ensemble de vingt-six récits en vers, appelés \"branches\", composés par plus de vingt auteurs (la plupart non identifiés, hormis Pierre de Saint-Cloud, Richard de Lison et le prêtre de La Croix-en-Brie) entre 1175 et 1250, et réunis dans des recueils collectifs au cours du xiiie siècle.

 

De longueur variable (de moins de cent vers à plus de trois mille), sans lien organique entre elles, apparaissant dans les recueils selon un ordre ni chronologique ni logique, les branches se situent dans le monde animal de la fable antique (Ésope, Phèdre et dérivés). D'un recueil à l'autre, l'ordre et la distribution des branches diffèrent. Les auteurs des collections font des choix : ainsi \"les Vêpres de Tibert\" (branche XII), qu'on peut lire dans les recueils A et B, n'ont pas été reprises en C; la branche XIII, \"Renart le Noir\", est connue de la seule collection A. La première place est attribuée au \"Jugement de Renart\" par A et B, mais non par C qui commence par \"les Enfances Renart\". Certaines branches sont dépecées et réparties différemment, en sorte que l'œuvre apparaît mouvante, à jamais ouverte, et qu'il est impossible de découvrir un seul Roman de Renart.

 

Il faut ajouter tout aussitôt que quatorze branches constituent le tronc commun des principaux manuscrits et comportent toutes la présence de Renart, le goupil, qui a donné son nom à l'œuvre. De surcroît, des rappels rattachent chaque récit à l'ensemble que les manuscrits présentent comme un tout original : ils ne contiennent que des branches consacrées au goupil, et ils le soulignent souvent par le titre et la mention finale, l'explicit.

 

Si l'on suit la chronologie de Lucien Foulet, qu'il faudrait sans doute rectifier sur certains points, un premier groupe fut composé entre 1175 et 1180.

Le Roman de Renart, groupe 1. Le premier auteur, Pierre de Saint Cloud, qui annonce un nouveau cycle d'aventures, la longue guerre entre Renart et le loup Isengrin, raconte tour à tour de quelle manière le goupil essaie par diverses ruses, mais en vain, de suborner le coq Chantecler, la mésange, le chat Tibert et le corbeau Tiécelin qu'il dépossède toutefois de son fromage ; en revanche, tombant par hasard dans la tanière du loup, il cajole la louve Hersent et maltraite les louveteaux. Isengrin, furieux, décide de se venger et poursuit Renart en compagnie d'Hersent que le goupil viole sous les yeux de son mari, tout en se moquant de celui ci (branche Il).

 

lsengrin, après avoir rossé sa femme, décide de se plaindre à la cour du roi Noble, le lion, qui essaie d'arranger les choses. Le chameau Musart, légat du pape, donne son avis en un jargon franco latina italien. Le cerf Brichemer et le san glier Baucent parlent en faveur de Renart; J'ours Brun, s'associant au loup, raconte ses propres malheurs. Brichemer propose que Renart vienne se justifier devant le chien Roonel, qu'lsengrin cir convient pour tromper son ennemi : le mâtin simulera la mort et attrapera le goupil. Mais la ruse échoue, et Renart s'enfuit, poursuivi et mis à mal par une meute de chiens (branche Va, de Pierre de Saint Cloud).

 

Renart, parti en quête de nourriture, est mal mené par lsengrin qui regrette sa violence ; il réussit à tromper un paysan et le dépossède d'un jambon, que le loup dévore ; il essaie en vain de croquer un grillon (branche V, 1 178).

 

Renart rencontre Tibert, qui réussit à manger seul l'andouille trouvée en chemin ; le chat. pris à partie par deux prêtres, s'enfuit sur le cheval de J'un d'eux qui, terrorisé et blessé, le prend pour un diable (branche XV, 1 178).

 

Renart fait le mort pour pouvoir dérober trois chapelets d'anguilles à des marchands de poissons. Il rentre dans son château. Survient lsengrin alléché par la bonne odeur de friture. Pour qu'il puisse participer au repas, Renart le convainc de se faire tonsurer et lui verse sur la tête un plein pot d'eau bouillante. Puis il l'incite à pêcher dans un étang avec sa queue que l'eau, en gelant, emprisonne : le loup est rossé par les paysans (branche Ill, 1 178).

« d'un vilain : si le chat réussit à boire tout son soûl de lait, il y perd sa queue, mais il se venge en privant le go upil du coq qu'il s'apprê tait à empor ter.

Renart se ratt rape avec le loup Primaut à qui il fait cha nter la me sse dans une église et qu'il pré cipite dans un piège (branche XIX.

1 17 8).

Noble décide de faire juger par sa cour Renart qui a dé voré la poule Coupée.

Brun l'our s et Tibert se rendent en amba ssade au terrier du go upil : le prem ier, pour trop aimer le miel, est rete nu par le museau dans un tronc d'arbre fe ndu, et malmené par les paysans ; le sec ond, trop friand de sour is, tombe dans le piège du prêtre Martin.

Le blair eau Grimbert réussit à ram ener devant le roi le coupable qui est condamné à être pendu.

Mais Grimb ert ayant obt enu qu'il soit envoyé en pèleri nage, il s'enfuit.

happ ant au passage le lièvre Couard, qui parvien t à s'esqu iver, et se moqua nt de ses poursu ivants (branche 1, 1 17 9).

Dès ce premier groupe, le Roman de Renart se développera de deux maniè­ res complémentaires et concomitante s.

D'a bord, par arborescence : à partir d'une histoire connue, d'un cadre sté­ réot ypé ou d'un couple de personna­ ges, l'auteur ajoute une nouvelle bran­ che à l'arbre renardien, un nouvel épisode ou un nouveau rôle: c'est ainsi que Renart deviendra jongleur ou médecin, se battra en duel avec Isen­ grin, asservira un vilain ...

Cet enrichis­ sement se poursuivra jusqu'au xxe siè­ cle : Louis Pergaud mettra un terme au cycle, en 1910, par la Tragi que Aventure de Goupil, et Maurice Genevoix, après avoir donné une nouvelle version du roman en 1958, ajoutera, dans Bestiaire sans oubli (1971), un ultime chapitre : des chasseurs diaboliques capturent le renard en jouant de son instinct pater­ nel.

Mais le Roman de Renart est aussi le texte du ressasse ment, dans un travail constant de réécriture qui évolue entre la répétition et la variation.

Réécriture extrarenardienne, à partir de mythes et de contes qui se situent en amont du roman .

Renart le roux est l'ho mme- animal à la violence et à la sexualité débridées ; comme le loup et l'ours, il sym bolise le > [désordre] à l' œuvre dans la création, une violence antérieure à l'é tablissement de toute règle sociale ou morale ; poussé par un désir vorace de nourriture et de sexua­ lité, il maltraite, viole, mutile; il incar ne les forces primitives de la nature, un autrefois où l'arbitraire et la démesure régnaient sans contrepart ie.

Par-delà ces > qui s'effa­ cent au fur et à mesure que se déve­ loppe le roman, on retrouve, avec le passa ge de la voix à la textu alité, la structure de contes populaires : ainsi dans la branche IX, >, ou. »

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