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Stieber, Wilhelm

Publié le 22/02/2012

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Agent prussien né le 3 mai 1818 à Mersebourg (Saxe), mort en 1892. Avocat à Berlin, Stieber avait acquis une grande réputation. Frédéric-Guillaume IV, alors roi de Prusse, était un personnage craintif, terrifié par la foule. Agent provocateur à l'occasion, Stieber organisa une émeute, qui lui donna l'occasion de gagner ses galons de révolutionnaire tout en se faisant apprécier du roi. Nommé commissaire de police en 1850, il fut envoyé l'année suivante à Londres, sous prétexte de visiter l'Exposition, en réalité pour enquêter sur les activités de Karl Marx et des autres socialistes allemands émigrés. En 1852, il se rendit à Paris où, se faisant passer à son tour pour un exilé, il obtint la liste des socialistes militants qui demeuraient encore en Prusse; dès son retour à Berlin, il entreprit des arrestations et expulsions en masse. En 1857, au départ de Frédéric-Guillaume IV, il perdit son protecteur et sa place, carie frère du roi, devenu régent du royaume, ne l'aimait pas. Stieber, en disgrâce, gagna Saint-Pétersbourg et offrit sa collaboration aux Russes. Il mit au point pour eux un nouveau système de police visant à espionner et éventuellement appréhender tout criminel, politique ou autre, réfugié à l'étranger. Animé cependant d'un réel patriotisme, Stieber ne cessa pendant ce temps de recueillir des renseignements susceptibles d'intéresser la Prusse. En 1863, il revint à Berlin pour être présenté à Bismarck, qui lui proposa de créer et d'organiser un réseau de renseignements en Autriche. Stieber se transforma en marchand ambulant et circula tout à l'aise dans ce pays, recueillant une ample moisson de renseignements, dont l'importance et la minutie devaient étonner ses chefs. Rentré en grâce auprès de Guillaume Ier après la campagne d'Autriche, nommé conseiller privé, Stieber se mit en devoir d'organiser le service de contre-espionnage prussien. Il fut le premier à exiger la censure militaire au départ de la zone des armées. Il créa aussi un Bureau central d'information destiné à diffuser des nouvelles. susceptibles d'intoxiquer l'adversaire éventuel. Entré en France, où il allait passer dix-huit mois, il prépara l'approvisionnement et le cantonnement des troupes prussiennes, relevant des plans, mesurant les murailles, jaugeant les rivières, étudiant les moeurs; recrutant une foule de petits agents, il organisa ce que l'on devait appeler plus tard une «cinquième colonne». Nul doute que Stieber joua ainsi un rôle dans la défaite française de 1870. Son extraordinaire efficacité lui avait gagné les faveurs de Bismarck et du roi Guillaume Ier. En 1871, lors des négociations pour la reddition de Paris, il prit la livrée de valet et s'embaucha auprès du négociateur français; il put ainsi prendre connaissance de tous les documents que recevait ou expédiait Jules Favre. Après la guerre, Stieber étendit son réseau de renseignements à travers le monde, notamment par .l'industrie hôtelière. Il obtint également que les sociétés commerciales allemandes mettent leur infrastructure à la disposition de l'espionnage du Reich. Pour la propagande, il acheta partout dans le monde des journaux et des journalistes. En Allemagne même, Stieber monta un service d'espionnage à usage interne, dont les armes étaient le chantage et la peur. Stieber mourut riche, mais détesté; sa carrière d'espion avait duré un demi-siècle, et son influence s'est maintenue dans le service secret allemand.

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