tibétain, art - beaux-arts.
Publié le 14/05/2013
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Les monastères du Tibet central comme ceux de Narthang, Gyantsé, et Jonang antérieurs au XVe siècle, ou ceux de Tashilumpo à Shigatsé, Drepung ou le Potala recèlent encore à ce jour des chefs-d’œuvre de l’art (qui ont miraculeusement échappé à
la furie destructrice des Gardes rouges lors de la Révolution culturelle chinoise).
Dans le paysage religieux, le stupa (ou chorten ) est un monument familier.
Les plus imposants sont ceux de Gyantsé et de Narthang.
Les Tibétains leur donnent le nom de Kumbum (« mille images »).
Les chapelles magnifiquement peintes à l’effigie
de divinités multiples sont bâties dans le flanc de l’édifice et jalonnent la circumambulation du pèlerin.
4 LA PEINTURE
Tout comme les statues dont le visage est recouvert chaque année à des fins liturgiques par un vernis doré, les livres religieux aux feuillets enluminés et aux couvertures de bois sculptées et dorées, les tanka (en tibétain thang-ka, « objet plat »)
— définis par l’orientaliste Giuseppe Tucci comme étant des « peintures sur coton ou sur soie qui ornent les temples ou que l’on roule et porte en bandoulière, en guise de talisman, quand on est en voyage » — sont des œuvres d’art généralement
anonymes qui puisent toujours à la source du sacré.
La composition des tanka et des peintures murales des monastères répond à des règles de symétrie et d’iconométrie précises.
Les tanka sont habituellement peints sur coton, plus rarement sur soie.
La toile est enduite d’un mélange de chaux et de
colle animale puis polie à la conque.
Les pigments sont d’origine minérale ou végétale.
Le rouge et l’orange sont obtenus grâce à l’hématite, la terre ocre ou le bois de santal, le jaune provenant de l’oxyde d’arsenic, le vert du béryllium et de la
malachite, le bleu du lapis-lazuli et de l’azurite, parfois de la turquoise.
L’or est surtout employé pour les auras, les bijoux et les brocarts.
À partir du XVe siècle, le dessin à l’or ou à l’argent de divinités est aussi employé sur les tanka à fond uni noir ou
rouge.
La peinture des tanka peut être effectuée par un laïc ou par un religieux, mais la dernière phase de la création est réservée au lama qui ouvre les yeux de la divinité et consacre les tanka par l’inscription d’un mantra (formule sacrée) ou l’empreinte
des mains d’un maître apposée au dos.
Les tanka et les fresques murales servent à la fois de support à la prière, au rituel et à la méditation.
Ils permettent au pratiquant de visualiser les déités paisibles ou terribles auxquelles il s’identifiera pour se libérer de son attachement au monde.
La
Roue de la vie, qu’on trouve très souvent peinte à l’entrée des monastères, explique l’enchaînement du cercle des existences.
Animée en son centre par les trois passions fondamentales du désir, de la colère et de l’ignorance (symbolisées par le coq,
le serpent et le cochon), elle tourne comme une noria et emprisonne toutes les existences terrestres, démoniaques et divines.
Les mandalas qui sont représentés sur les tanka sont des diagrammes mystiques symbolisant les différentes étapes qu’il faut franchir avant d’atteindre la divinité qui réside en leur centre et se fondre en elle.
Les premiers tanka que l’on a pu dater sont antérieurs au XIIe siècle, mais il semble que la tradition du tanka remonte bien au-delà, du moins si l’on se réfère aux peintures murales les plus anciennes des monastères d’Alchi ou de Tabo, qui ont été
réalisées autour de l’an mille.
Si l’art des tanka a été inspiré par les patas indiens ou les paubas néwars de la vallée de Katmandou et par les rouleaux peints de la tradition chinoise, les Tibétains ont développé très tôt une peinture religieuse propre.
5 LA SCULPTURE
Le travail du métal remonte à des temps très anciens.
Avec l’expansion des monastères, les ateliers de fonderie se multiplient pour fabriquer nombre de statues.
Les Tibétains apprennent les techniques des artistes népalais, indiens ou chinois et
produisent des alliages, où un dosage savant des différents métaux (or, argent, cuivre, étain, fer, zinc, plomb, antimoine) permet d’obtenir d’originales teintes de bronze.
Les statues sont généralement réalisées selon le procédé de la cire perdue puis
ciselées, dorées et ornées de gemmes : une figure de cire est d’abord recouverte d’une gangue d’argile paillée puis cette enveloppe est chauffée pour évacuer la cire qui sera remplacée par du métal en fusion.
L’intérieur de la statue contient des
rouleaux manuscrits, des offrandes de genévrier, des graines d’orge ou de blé, et un petit mât en bois enveloppé de tissus, parfois les reliques d’un saint.
Ces matériaux sont introduits lors de la consécration, et une plaque est posée à la base qui
ferme la sculpture reliquaire.
Les divinités sont souvent assises sur un socle de lotus.
L’observation des pétales ainsi que des couronnes, bijoux et habits est nécessaire pour reconnaître les écoles qui les ont créées et apporter un élément de datation.
Si les canons iconographiques sont précis et restrictifs, l’artiste dispose tout de même d’une liberté suffisante pour exprimer sa personnalité et se livrer selon sa fantaisie à tout un exercice de style, comme on le constate sur certaines peaux
d’antilope.
La technique du métal repoussé est fréquente dans les œuvres de grandes dimensions.
Une feuille de cuivre, modelée par martelage de l’intérieur, est ensuite ciselée et dorée sur la face externe et souvent assemblée avec d’autres éléments, les
raccords étant dissimulés entièrement par la dorure.
La dorure des repoussés et des bronzes, pour laquelle les Tibétains ont un goût prononcé, est appliquée au mercure.
Pour le visage, sur cette première couche d’or est posée au pinceau une dorure à froid, plus fragile, qui doit être renouvelée après
quelques décennies.
6 L’ART DU MASQUE
Le bouddhisme a employé très tôt le masque comme support de la représentation des visions divines.
Masques-icônes suspendus dans les chapelles des temples, masques de danses monastiques (Cham) , ou masques de théâtre (Ache Lhamo), tous
témoignent d’un extraordinaire développement de l’image faciale, réaliste ou fantastique.
6. 1 Les masques de danses monastiques
La tradition fait remonter l’exécution des Cham au règne de Songtsen Gampo.
Danses rituelles du mahayana, création originale de cette branche bouddhique, les danses Cham étaient célébrées à l’origine dans le secret des monastères et limitées aux
seuls cercles des initiés.
Chaque école avait ses danses.
Avec le temps, les représentations publiques se sont multipliées..
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