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tiers-état.

Publié le 11/12/2013

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tiers-état. n.m., catégorie sociale de l'Ancien Régime, qui regroupait tous les hommes libres n'appartenant ni à la noblesse ni au clergé et formait le troisième ordre du royaume. Cette distinction remonte en effet à la théorie médiévale des trois ordres de la société, telle qu'elle fut formulée vers 1020 par Adalbéron de Laon et reprise par de nombreux autres auteurs par la suite. À l'origine, dans une société féodale dominée par une économie agricole, l'ordre de « ceux qui travaillent » (laboratores, qui a donné le français laboureurs) était essentiellement constitué des paysans. Un groupe social hétérogène. Avec l'émergence des villes et le pouvoir grandissant de la bourgeoisie urbaine, cette conception de la société en trois grands blocs rendait en fait mal compte de la réalité. Peu considérée par les théoriciens médiévaux, la bourgeoisie enrichie n'en est pas moins devenue, par ses fonctions commerciales, administratives ou financières, le principal élément constitutif du tiers-état, tandis que le peuple était désigné par l'expression de « commun ». Cependant, les membres du tiers-état, qu'ils fussent en haut ou au bas de l'échelle sociale, ne jouissaient d'aucun privilège, à la différence des deux autres ordres. Leur rôle politique fut cependant loin d'être négligeable au sein des états généraux, tant pour la rédaction des coutumes et des doléances que dans le soutien à la monarchie contre les abus féodaux. Aux XVIIe et XVIII e siècles, la frange supérieure du tiers-état parvint à se hisser au rang de la noblesse par l'acquisition d'offices anoblissants (les « savonnettes à vilains »). Les tensions sociales devinrent donc très vives au XVIIIe siècle : la noblesse d'origine voyait d'un mauvais oeil l'arrivée de la « noblesse de robe », qu'elle jugeait constituée de parvenus ; la haute bourgeoisie, à la fois hostile et fascinée par la noblesse, cherchait soit à en faire partie, soit à en abattre les privilèges ; enfin, la bourgeoisie plus modeste et le peuple ne se sentaient pas solidaires de cette frange du tiers-état qui frayait avec la noblesse. En outre, il existait entre ces deux sous-groupes de nombreux antagonismes. Ainsi, bien loin d'être une classe sociale au sens moderne du terme, le tiers-état était donc, à la veille de la Révolution, une catégorie artificielle, souffrant de nombreuses divisions. L'analyse de l'abbé Sieyès en 1789 (« Qu'est-ce que le tiers-état ? Tout. Qu'a-t-il été jusqu'à présent dans l'ordre politique ? Rien. Que demande-t-il ? À y devenir quelque chose. ») reposait donc sur une ambiguïté fondamentale. Ambiguïté dont les événements révolutionnaires devaient donner la preuve flagrante, puisque à la Révolution « bourgeoise » de 1789 succéda la Révolution « populaire » de 1793. Avec l'abrogation des ordres privilégiés disparut le tiers-état en tant que cadre juridique ; les esprits étaient mûrs pour une analyse de la société en « classes », que devait permettre la réconciliation progressive des possédants, bourgeois et aristocrates, après l'avènement de Napoléon et sous la Restauration. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Adalbéron de Laon Ancien Régime août 1789 (nuit du 4) états généraux Moyen Âge - La civilisation médiévale - Une société dominée par le groupe Necker Jacques ordres Révolution française - Des États généraux à l'Assemblée constituante (1789) Sieyès (Emmanuel Joseph, dit l'abbé) Les livres Révolution française - le Serment du Jeu de paume, de David, page 4372, volume 8

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