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Les animaux étranges

Publié le 08/01/2019

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DES FOSSILES VIVANTS

Limules, cœlacanthes et dipneustes

sont ce que l'on peut appeler traditionnellement des « fossiles vivants ». Leur apparence un rien baroque et leur isolement dans l'arbre du vivant nous incitent à chercher dans la préhistoire leurs plus proches cousins : les limules n'auraient-elles pas quelque chose à voir avec les trilobites de l'ère

Anatomie

 

Les limules sont remarquables surtout par leur carapace articulée prolongée d'un stylet caudal ou « telson ». La forme de cette carapace leur a valu le surnom de crabe-sabot (« horseshoe crab » aux États-Unis). Elle est lisse et articulée entre le céphalothorax et l'abdomen. Le corps, dont tous les segments sont liés comme ceux des scorpions, porte douze paires d'appendices articulés à la face inférieure.

supérieure du céphalothorax deux ocelles et deux yeux composés, capables de distinguer les contrastes et les formes et particulièrement adaptés à la vie en profondeur : leur sensibilité est un million de fois plus grande dans l'obscurité. Elle possède aussi en avant des chélicères, un organe olfactif comparable à celui de ses lointains cousins fossiles les trilobites.

Les six premiers se terminent par

primaire ? Les dipneustes, avec leurs poumons, ne seraient-ils pas des conquérants de la terre ferme ? Et que dire du cœlacanthe, avec son air massif et ses nageoires à pédoncules, qui semble ne pas avoir changé depuis 300 millions d'années ?

 

Tous ces animaux possèdent leurs répondants fossiles, parfois très proches, et dès qu'on doit décrire leurs particularités, on se réfère à ceux-ci : les problèmes les concernant se posent tout naturellement en termes d'évolution.

LIMULES

Classification et fossiles

 

Contrairement à leur apparence et à leur surnom, les « crabes des Moluques » ne sont ni des casseroles vivantes, ni des crustacés.

 

Les limules n'ont ni antennes ni

mâchoires et sont classées parmi les arthropodes chélicérates, comme les scorpions et les araignées. Elles constituent à elles seules la classe des mérostomes, ne comportant qu'un seul ordre actuel, celui des xiphosures.

 

Les xiphosures les plus anciens remontent au cambrien, voici plus de 550 millions d'années.

 

Au contraire des scorpions, dont les ancêtres appartenaient à un groupe voisin, ils ont perdu progressivement leur segmentation abdominale. Ils ont été découverts en 1557.

des pinces et sont situés sur le céphalothorax. Ce sont d'avant en arrière, les chélicères, servant à la capture des

proies, puis cinq paires de pattes

locomotrices, dont la dernière, plus

grêle, permet aussi de nettoyer les

branchies. Les quatre premières

paires de pattes portent à leur base une lame maxillaire utilisée pour la

mastication des proies. La première paire est aussi modifiée chez le mâle pour saisir la femelle au moment de l'accouplement.

Les deux premiers appendices abdominaux sont fusionnés : ils

forment une plaque membraneuse qui porte les deux orifices sexuels et protège partiellement les branchies. Celles-ci sont portées par la face postérieure des quatre dernières pattes abdominales (on parle de pattes branchiales). Le tégument est divisé en deux feuillets branchiaux, entre lesquels la limule entretient un flux continu en bougeant simplement les pattes.

 

Le telson peut être aussi long que le reste du corps : 35 cm pour une longueur totale de 70 cm. Il n'est pas venimeux et n'a aucun rôle défensif.

La bouche est ventrale, entourée par les lames maxillaires. L'œsophage part vers l'avant, le gésier se replie vers l'arrière, l'intestin droit aboutit à l'anus à la base du telson. Il existe 2 cæcums hépatiques très ramifiés. L'appareil excréteur est très contourné : il débouche à la base

de la cinquième paire de pattes. Le système circulatoire est l'un des plus perfectionnés chez les arthropodes. Il comporte un cœur dorsal entouré de ramifications complexes. Le pigment sanguin est l'hémocyanine bleue (contenant du cuivre) comme chez les pieuvres. Très curieusement, leur système nerveux est associé au système sanguin : les nerfs, issus d'une masse centrale de ganglions, pénètrent et cheminent dans la lumière artérielle !

 

La limule possède à la face

« Anatomie du celaantlae a partir duquel ils se sont cantonnés aux eaux douces.

Les traces de leurs premiers terriers remontent au permien.

Aujourd'hui ils ne comportent plus que deux familles, réparties en trois genres et seulement six espèces, qui peuplent les continents produits par la fracture du Gondwana : Amérique du Sud, Afrique et Australie.

De fait, au début du XX" siècle, Alfred Wegener considérait déja la répartition des dipneustes comme un argument en faveur de la dérive des continents.

ANATOMIE Leur corps est long.

leurs nageoires dorsale, anale et caudale sont fusionnées en une nageoire unique, symétrique, qui entoure tout l'arrière de leur corps (ce processus est achevé dès le début de l'ère secondaire).

Les nageoires pectorales et pelviennes allongées ou en palettes sont soutenues par un squelette cartilagineux.

La boite crânienne est cartilagineuse, plus que chez les fossiles, et contient moins d'os.

La mâchoire supérieure est soudée au crâne, comme chez les tétrapodes (mais pas comme chez les autres poissons).

Elle ne comporte ni os maxillaire, ni prémaxillaire, ni vraies dents : les dipneustes broient leurs proies, poissons, grenouilles, crustacés et mollusques, avec des plaques dentaires.

UN POISSON À POUMONS Dipneuste signifie « deux poumons » (du grec pneumo : souffle) :ils ont a la fois des branchies, parfois régressées, et un poumon double, intérieurement cloisonné (comme celui des grenouilles).

C'est en fait une vessie natatoire transformée, qui communique avec l'œsophage.

Les dipneustes possèdent des narines externes et des «fausses » narines internes au milieu du palais.

Chez Diobolichthys sperotus, un dipneuste fossile du Yunnan remontant au dévonien, ces narines sont au bord de la bouche.

Elles ont migré a l'intérieur chez les dipneustes actuels.

Ce ne sont donc pas de vraies narines internes (ou choanes), ce qui prouve que les dipneustes ne sont pas les ancêtres des tétrapodes.

Leur cœur, différent de celui des poissons, comporte deux oreillettes, comme celui des tétrapodes, et un ventricule partiellement cloisonné.

Il y a 2 artères et 2 veines pulmonaires.

MODE DE VIE Les dipneustes sont des animaux amphibies.

Le barramunda d'Australie (Neocerotodus forsteri, unique représentant de la famille des néocératodidés) est le plus aquatique d'entre eux.

li n'a qu'un poumon droit et ne respire a la surface que si l'oxygène dissous se fait rare.

Il meurt s'il est complètement privé d'eau.

Assez massif (1,80 rn pour 50 kg), avec des nageoires en aileron, il est presque identique a une espèce fossile australienne datant de 300 millions d'années.

Les espèces appartenant a la famille des lépidosirénidés, pour leur part, ressemblent a des anguilles.

Elles ont des nageoires paires en filament et sont capables de résister a la sécheresse en creusant des terriers dans la vase.

Ils entrent en léthargie pendant plusieurs mois, durant lesquels ils ne respirent plus que par un petit orifice dans la vase durcie.

Le lépidosirène d'Amazonie (Lepidosiren porodoxo) vit dans des eaux boueuses et remonte régulièrement à la surface, même si l'eau est bien oxygénée : il se noie s'il en est empêché ! Les protoptères africains vivent dans des mares temporaires.

Leur terrier vertical, d'une soixantaine de centimètres de hau� est tapissé d'une gangue de mucus durci, qui se ramollit pour les libérer a la saison des pluies.

REPRODUCTION Les mâles creusent pour la femelle un tunnel de frai dans la vase.

Après qu'elle a pondu, ils y surveillent l'incubation, puis les larves après l'éclosion.

Chez les protoptères mâles, les nageoires pelviennes sont beaucoup plus vascularisées durant cette période.

On pense qu'ils les utilisent pour respirer dans le tunnel pauvre en oxygène, ou au contraire, pour oxygéner les œufs.

Les larves possèdent des branchies et ressemblent a des têtards.

Chez le lépidosirène, elles ont des glandes adhésives qui leur permettent de se fixer sur la végétation.

À noter qu'il existe d'autres poissons capables de respiration pulmonaire, par exemple les Lepisosteus du bassin du Mississipi ou les onze espèces de la famille africaine des polyptéridés, dont la vessie natatoire est partiellement transformée en poumon et dont les larves ressemblent a des têtards, comme celles des dipneustes -dont ils ne font pourtant pas partie.

n lf.tN iii! 1 UN SURPRENANT CADEAU DE No�L Le 22 décembre 1938, des pêcheurs qui remontaient leurs chaluts dans l'Océan Indien, au large de l'Afrique du Sud, y trouvèrent un poisson qu'ils n'avaient jamais vu.

Son corps, assez décomposé dans les chaleurs de l'été austral.

fut identifié comme appartenant au groupe des cœlacanthes, crus éteints depuis la fin du crétacé : il y a environ 70 millions d'années, lorsque les dinosaures dominaient la terre ! Il fut nommé Latimeria chalumnea, d'après le fleuve Chalumna, a l'embouchure duquel on l'avait pêché.

Les pêcheurs sud-africains n'en remontèrent jamais d'autres, mais depuis 1952 ceux des Comores en capturent régulièrement.

a tel point que le Gombessa, d'après son nom local, est devenu le symbole de la République des Comores.

Et depuis 1997, nous savons qu'il en existe aussi en Indonésie.

CLASSIFICATION ET FOSSILES Le cœlacanthe est un crossoptérygien (ou poisson a nageoires frangées) faisant partie, comme les dipneustes et de très nombreuses formes fossiles, du groupe des sarcoptérygiens.

On dénombre vingt-huit genres de cœlacanthes fossiles connus depuis le dévonien (- 380 millions d'années).

Ils dépassaient très rarement quelques centimètres (à l'exception des genres Mawsonia et Moenkopia) et vivaient dans des eaux peu profondes, d'abord douces, puis marines.

Leur répartition était mondiale : on retrouve leurs fossiles du Spitzberg a Madagascar et a l'Afrique du Sud.

Les parties cartilagineuses des squelettes n'étant pas conservées, beaucoup de leurs structures apparaissaient creuses, d'où le nom de cœlacanthe (du grec koilos : creux et acantho : épine) donné en 1836.

ANATOMIE Le cœlacanthe aduel est un gros poisson à tâches blanches, bleu aux Comores, brun en Indonésie (sous-espèce Menodoensis).

Il mesure entre 1.40 rn et 1,60 rn a l'âge adulte, pour un poids de 45 a 65 kg (pouvant aller jusqu'a 2 rn, et de 10 a 95 kg).

Son organisation présente de très nombreux caractères embryonnaires, lesquels, pour la plupart, le rapprochent des vertébrés terrestres.

Squelette Le crâne est en deux parties, comme chez les embryons de tous les vertébrés (chez le nouveau-né humain, ces deux parties sont séparées par la fontanelle).

Le bloc ethmosphénoïdal, ou avant-crâne, est relié au bloc ota­ occipital, ou arrière-crâne, par une double articulation « intracrânienne », caractère très rare.

Les arcs branchiaux sont au nombre de cinq.

Le squelette axial est une « notocorde » souple et fibreuse contenant du liquide (500 ml en moyenne).

Les vertèbres sont réduites a de petits morceaux de cartilage au-dessus de la notocorde.

C'est l'état embryonnaire d'une colonne vertébrale normale.

Cette chorde pénètre a l'arrière du crâne, caractère partagé avec les crossoptérygiens fossiles.

À l'exception de la première dorsale, les nageoires sont portées par des lobes charnus soutenus par des os.

Les quatre nageoires paires ressemblent a des pattes et apparentent le cœlacanthe aux tétrapodes, mais leur structure est différente : elles contiennent une seule série de 4 articles et leur musculature leur imprime un mouvement hélicoïdal (qui a lui seul l'aurait empêché de conquérir la terre ferme).

La nageoire caudale est de type diphycerque (symétrique) avec un lobe central.

De façon générale, il faut noter que le squelette semble avoir régressé, comme celui des dipneustes, en devenant plus cartilagineux que celui des formes fossiles.

Viscères Le cœlacanthe respire par des branchies mais possède aussi un gros poumon dégénéré, tubulaire et rempli de graisse.

Relié a l'œsophage, comme celui des dipneustes, cet organe était peut-être fonctionnel chez certains de ses ancêtres.

Il n'a plus de fonction hydrostatique aujourd'hui.

Le cœlacanthe compense l'absence de vessie natatoire grâce a la graisse incompressible dont tout son corps est envahi, qui lui permet de supporter certaines variations de pression.

Le système circulatoire est primitif.

Le cœur, linéaire et non-cloisonné, présente presque une symétrie bilatérale, ce qui est seulement le cas de celui des embryons de vertébrés.

Il possède également une veine cave, comme celui des dipneustes ou des tétrapodes.

Un système vasculaire complexe permet de maintenir constante la pression céphalique lorsque la bouche s'ouvre et que les deux parties du crâne bougent l'une par rapport a l'autre.

Le cœlacanthe est le seul poisson actuel dont le rein est en position ventrale.

Ce rein est unique, mais donne naissance a deux uretères qui se dilatent en vessies avant d'aboutir a la poche cloacale.

Contrairement a celui des autres poissons osseux, il contribue au maintien de l'équilibre osmotique avec l'eau de mer en retenant l'urée (comme celui des requins et des raies).

Système nerveux Le cerveau des cœlacanthes adultes flotte littéralement dans la graisse.

Situé très en arrière du crâne, il ne représente que 1 % du volume de la cavité cérébrale, pour un poids moyen de 3 grammes (alors que celui des jeunes occupe encore presque tout son logement).

Il est assez peu spécialisé, susceptible d'évolutions ultérieures.

Comme beaucoup de poissons du fond, le cœlacanthe a l'œil phosphorescent (il apparaît blanc sur les exemplaires capturés, en raison de la décompression).

Son sens olfactif est développé.

Un organe sensoriel particulier, l'organe rostral, également connu chez les fossiles, occupe l'avant du museau.

C'est un électrorécepteur qui fournit une image du milieu.

REPRODUCTION Les cœlacanthes ont les gonades dissymétriques.

Ils sont ovovivipares, c'est-a-dire que leurs œufs éclosent dans l'oviducte de la femelle.

Ils sont peu nombreux, de la taille d'une orange (les plus gros œufs de poissons connus) et contiennent une grande quantité de vitellus.

Ils n'ont pas de coquille.

Les embryons, encore munis de leur vésicule vitelline, sont expulsés quand ils font plus de 30 cm.

Des embryons ont aussi été découverts dans le corps d'un cœlacanthe du carbonifère.

Leur longévité serait d'au moins 48 ans.

MODE DE SURVIE Les cœlacanthes sont des poissons plutôt sédentaires, vivant en profondeur dans des milieux rocheux aux eaux calmes, entre 13 et 25 •c : les falaises sous-marines des Comores, qui forment des a-pics de 3 000 rn, ou les zones volcaniques de l'Indonésie.

Ils passent la journée dans des grottes aux alentours de 200 rn de fond et remontent la nuit a la recherche de leurs proies, poulpes et poissons benthiques principalement.

Ce ne sont pas des nageurs au long cours, mais leurs nageoires leur permettent des prouesses acrobatiques assez remarquables.

Strictement protégés, ils sont cependant menacés par la pêche accidentelle et les insecticides qui s'accumulent dans leur chair.

Aux Comores, ces insecticides arrivent par l'air depuis la côte africaine.

En 200 1, un cœlocanthe a été pêché au large de la côte kenyenne et récupéré par le Musée National du Kenya.

Leur population comorienne est évaluée a 300 individus ; celle d'Indonésie est sans doute aussi faible.

Elles seraient séparées depuis plus d'un million d'années.

À moins que d'autres cœlacanthes vivent ailleurs dans des biotopes comparables, on peut craindre leur disparition.

Leurs lointains cousins fossiles, les Rhipidistiens, munis du même genre de squelette et du même cerveau peu spécialisé, mais aussi de narines internes et de vraies pattes-nageoire, mirent a profit ces particularités pour survivre d'une manière différente : au lieu de s'enfoncer dans les mers, ils en sortirent et devinrent les ancêtres des actuels tétrapodes.. »

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