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ANALYSE DU DISCOURS SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS DE L'INÉGALITÉ PARMI LES HOMMES DE ROUSSEAU

Publié le 26/06/2011

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Encouragé par le succès de son Discours et par la soudaine réputation qu'il lui vaut, Jean-Jacques reprend sa liberté en renonçant à sa place chez Dupin de Francueil. Il décide de gagner sa vie en copiant de la musique. Au « Concert spirituel « il fait jouer sa « Symphonie à cors de chasse «. Il se lie plus étroitement avec Grimm et Raynal. En octobre 1752 on joue à Fontainebleau, devant le roi, son opéra-comique Le Devin du village. Grand succès. 11 doit même être présenté au roi ; mais, dit-il, par timidité, il part avant l'audience et perd ainsi la chance d'une pension. En décembre la Comédie française joue sa pièce de Narcisse ou l'amant de lui-même qui est, d'ailleurs, un échec. Entre temps recommence, la fameuse querelle des Bouffons où les partisans de la musique française et ceux de la musique italienne engagent une violente bataille de pamphlets. Rousseau est et reste un défenseur véhément de la musique italienne. Représentations, à l'Opéra, du Devin qui connaît toujours un vif succès. En novembre 1753 le Mercure publie le nouveau sujet de concours de l'Académie de Dijon : « Quelle est l'origine de l'inégalité parmi les hommes et si elle est autorisée par la loi naturelle « ? Lettre sur la musique française (c'est-à-dire contre la musique française) de Rousseau, en novembre. Dîner chez d'Holbach, en février 1754, où Rousseau est en compagnie de Diderot, la Condamine, Saint-Lambert, Marmontel, Raynal, etc... 


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« doctrine dans le Contrat social), l'origine de la société qu'on ne saurait trouver ni dans le droit du plus fort, ni dansl'union des faibles pour résister au plus fort, ni dans l'autorité paternelle, ni dans l'acceptation volontaire de latyrannie.

Une fois franchi ce premier terme de l'inégalité, « l'institution de la magistrature fut le second » et letroisième et dernier « fut le changement du pouvoir légitime (ou accepté par la convention) en pouvoir arbitraire »,le despotisme « élevant par degrés sa tête hideuse ».Rousseau a ajouté à son Discours des notes presque aussi étendues que le texte lui-même.

Notamment une longuenote se dégage des discussions théoriques sur les sociétés primitives et essaie de montrer que les malheurs actuelsde l'homme viennent des institutions sociales.Les hommes sont méchants, une triste et continuelle expérience dispense de la preuve ; cependant l'homme estnaturellement bon ; qu'est-ce donc qui peut l'avoir dépravé à ce point, sinon les changements survenus dans saconstitution, les progrès qu'il a faits et les connaissances qu'il a acquises.L'homme sauvage, quand il a dîné, est en paix avec toute la nature, et l'ami de tous ses semblables.L'homme civilisé est victime d'innombrables calamités dont la civilisation seule est responsable.Voltaire, encore en bons termes avec Rousseau, l'avait remercié de l'envoi de son ouvrage dans une lettrespirituelle, publiée dès 1755 : a On n'a jamais employé tant d'esprit à vouloir nous rendre bêtes ; il prend envie demarcher à quatre pattes quand on lit votre ouvrage.

» Rousseau lui répondit par une lettre dans laquelle il convientque son procès de la civilisation ne nous propose pas d'y renoncer et de revenir à la vie sauvage.

Le remède, ou satentative, serait pire que le mal.

Mais il faut connaître le mal, ses causes et essayer de l'empêcher de s'aggraver.On peut aisément se rendre compte que ce deuxième discours avait une autre portée que le premier : le sujet dupremier pose avant tout un problème moral, à savoir si les sciences et les arts ont contribué ou non à épurer lesmoeurs.

Il ne pose pas, directement, de problème politique.

Indirectement il peut poser un problème social : celui dubonheur ou du malheur de l'homme ; mais ce bonheur ou ce malheur dépendront avant tout de ses vertus ou de sesvices.

Au contraire le sujet du deuxième discours soulève inévitablement un problème politique.

Sans doute on peut,comme Rousseau, s'en tenir à de vastes généralités humaines, puisque dans toutes les sociétés plus ou moinscivilisées, il y a de cruelles inégalités.

Mais de ces généralités il est inévitable qu'ontourne les yeux vers celles qui existent là où l'on vit.

Il y a d'évidentes inégalités politiques en France puisque lasociété est fondée sur l'existence de classes privilégiées.

Il y en a aussi bien à Genève puisque toute la cité est enfait gouvernée par un Conseil des Ving-cinq, appuyé tout au plus parfois par un Conseil des Deux cents.

Si le termeinévitable de l'inégalité est qu'on voie apparaître « la tête hideuse n du despotisme, y a-t-il une différencefondamentale entre ce despotisme et la monarchie absolue et de droit divin qui gouverne la France ?Il n'y a pas une moindre différence dans le ton des deux discours.

En poussant les choses jusqu'au paradoxe, dansle premier, Rousseau reste académique et scolaire.

Malgré la sincérité du fond, ou même sa hardiesse, l'auteur estaussi soucieux de belles périodes que de solides et abondantes raisons.

Il en est tout autrement dans le second.

Il ydemeure assurément des soucis d'éloquence.

Rousseau y cherche, très heureusement, ces formules ou ces raisonsbrèves, ces « sententiae » dont la rhétorique faisait presque autant de cas que des périodes cicéroniennes : «L'homme qui médite est un animal dépravé » ; « Le premier qui ayant enclos un terrain s'avisa de dire : Ceci est àmoi et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile.

» Mais, dansl'ensemble, l'oeuvre est avant tout logique et raisonneuse.

Rousseau a beau écrire : « L'homme qui médite est unanimal dépravé » le Discours est avant tout une oeuvre de méditation.

C'est qu'il y a en lui et il y aura en luijusqu'aux Confessions deux hommes qui contrastent, s'ils ne s'opposent pas.Il est d'abord, non quand il vit mais quand il écrit, un raisonneur.

Même avant son arrivée à Paris ses meilleurs amis,ses ouvrages préférés sont des hommes et des livres qui se piquent de savoir raisonner ; ils ont étudié et mettenten pratique les finesses subtiles de la logique scolastique et celles de la rhétorique qui est aussi, souvent, unelogique.

Ce sont des Jésuites fort cultivés ; ce sont les Entretiens sur les sciences du P.

Lamy, le Traité du vraimérite de l'homme de Lemaître de Claville, le Traité de l'opinion de Le Gendre de Saint-Aubin, qui sont sans doutedes oeuvres de moraliste, mais aussi des discussions méthodiques fort différentes des boutades de LaRochefoucauld, des boutades ou des peintures pittoresques de La Bruyère.

C'est bien pis ou, si l'on veut, bien mieuxquand il est à Paris.

Tous ses amis, tous ceux qu'il fréquente, se piquent de philosophie.

Sans doute chez LaPouplinière on s'occupe surtout de musique ; l'activité littéraire de Rousseau se tourne surtout vers le théâtre.

Maischez Mine Dupin, chez Mme d'Epinay, chez d'Holbach, et aussi bien au café Procope tous ceux qui bientôt formerontpuis forment la " secte encyclopédique " sont avant tout soucieux de bonnes raisons solidement enchaînées.

OrRousseau rêve de gloire littéraire et il rêve naturellement de la gloire qui est la leur, de la gloire philosophique.

Aussimet-il son amour-propre à les battre, quand il les combat, avec leurs propres armes, à édifier des constructionslogiques plus solides que les leurs.

Ainsi s'expliquent et le deuxième Discours et l'immense effort de théologie plusrationnelle que mystique de la Profession de foi du Vicaire savoyard dont Pierre-Maurice Masson a montrél'étonnante complexité raisonneuse, et les Lettres de la Montagne et surtout le Contrat social sur lequel nous auronsà revenir.Diderot a eu raison de dire qu'il n'avait pas eu à suggérer à Rousseau la thèse du premier Discours (et par voie deconséquence celle du deuxième) car elle était partout avant lui.

Et l'Académie de Dijon n'aurait d'ailleurs pas proposéle sujet s'il n'avait pas été déjà le sujet de maints débats et de débats dont les solutions pouvaient êtrecontradictoires sans troubler qui que ce fût (c'est ainsi que si le premier Discours suscite maints contradicteurs, ilest approuvé par le journal des Jésuites, le Journal de Trévoux.

Il s'agit de faire le procès des vices et des misèresdes sociétés actuelles.

Il était inévitable que l'on comparât le présent et le passé, soit un passé romanesquequ'évoque la suite interminable des idylles, soit un passé que l'on croit historique et expérimental.

On n'a pasmanqué de faire cette histoire et d'alléguer cette expérience.

Il y a bien des raisonnements sur ce qu'ont dû être,hors de l'Arcadie et de la vallée de Tempé, les hommes et les embryons de sociétés avant que de vraies sociétés sesoient développées.

M.

Chinard a montré avec quel zèle et quelle persistance, surtout après le début du xviiiesiècle, on étudie les moeurs des sauvages et les faits (ou ce que l'on croit des faits) qui nous permettent deconclure sur leurs vices ou leurs vertus, leur bonheur ou leur misère.

Rousseau connaît le P.

du Tertre, Kolben et sa. »

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