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Analyse du roman: Thérèse Desqueyroux de Mauriac

Publié le 23/01/2020

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CHAPITRE III

Argelouse, à dix kilomètres du premier bourg, est le dernier lieu habité avant quatre-vingts kilomètres de landes et de marécages qui s’étendent jusqu’à l’océan. La maison de Monsieur Jérôme Larroque lui venait de sa femme, morte peu après la naissance de Thérèse. Sa sœur aînée, tante Clara, vieille fille sourde, y gardait Thérèse l’été, pendant les vacances. La maison voisine, depuis la mort de Monsieur Desqueyroux, appartenait à son fils; Bernard, qui étudiait le droit à Paris, ne s’installait à Argelouse qu’au temps de la chasse, consacrant peu de jours à sa famille : sa mère, son beau-père Monsieur de la Trave, et sa demi-sœur Anne. L’idée de marier Thérèse et Bernard était née tout naturellement de la proximité de leurs propriétés. A vingt-six ans, raisonnable en toutes choses, Bernard se montrait un fiancé indifférent : en se mariant, il organisait sa vie. Pourtant Thérèse reconnaît qu’il avait plus de finesse que les autres hommes de la lande, une sorte de bonté, un esprit juste, de la bonne foi.

Mais encore une fois c’est Anne qu’elle revoit : Anne en vacances, venue à bicylette depuis Saint-Clair lui rendre visite. Thérèse songe à l’étonnant et fragile bonheur que lui apportait cette amitié; elles n’avaient pourtant aucun goût commun sinon d’être ensemble au salon, ou dans cette palombière qui les abritait dans leurs promenades. Thérèse n’aimait pas voir Anne tirer les alouettes au crépuscule; elle souffrait de ce qu’Anne n’éprouvait pas le besoin de la voir tous les jours; et elle était saisie d’angoisse quand le soir elle se retrouvait seule.

Pourquoi Thérèse a-t-elle épousé Bernard? Elle le voulait, elle était en adoration devant lui, répétait Madame de la Trave. Sans doute y avait-il la joie de devenir la belle-sœur d’Anne; et surtout les deux mille hectares de Bernard; et plus profondément le besoin d’un refuge, la hâte de trouver sa place et d’entrer dans un ordre. A l’approche de son mariage, Thérèse éprouvait une paix juqu’alors inconnue.

CHAPITRE XI

La beauté de l’automne efface d’abord pour Thérèse les incommodités de la maison Desqueyroux. Mais les soirées dans sa chambre sont interminables. A court de livres, elle fume, tisonne, tente en vain de dormir. Ses promenades mêmes sont sans joie : elle fait peur et doit éviter toute rencontre. Seule la messe du dimanche à Saint-Clair lui apporte quelque répit; elle croit trouver l’opinion moins sévère. En novembre, la pluie tombe sans arrêt; un soir Thérèse qui n’a pu sortir descend dans la cuisine; mais Bernard la chasse, et lui annonce qu’il part pour Saint-Clair dès le lendemain, la dispensant désormais d’assister à la messe. Le lendemain, Thérèse fume, se couche dès l’après-midi, refuse de dîner. Prise de fièvre, elle imagine sa vie à Paris, en compagnie d’Azévédo et de ses amis : elle leur parlerait, s’expliquerait; sa vie s’organiserait autour d’un amour caché. Le jour suivant elle reste couchée, néglige sa toilette, mange à peine, fume, tentant \"de retrouver ses imaginations nocturnes\". Ainsi passent les jours, Balionte ne faisant plus le lit ni le ménage, cependant que Thérèse s’enferme dans ses rêves. Balionte enfin la contraint à se lever pour faire la chambre, confisque ses cigarettes de peur qu’elle ne mette le feu. La fenêtre mal fermée s’ouvre la nuit. Sans courage pour se lever, Thérèse d’abord se couvre, puis comme par défi repousse les couvertures, et s’exposant au froid, s’occupe à souffrir.

« CHAPITRE II La calèche emmène Thérèse, dans la nuit, vers la gare de Nizan : une heure de route.

Thérèse pense à toutes les étapes de ce retour, souhaite ne jamais atteindre Argelouse.

Elle s'abandonne, épuisée, aux mouvements de la voiture, songe à ce que pourront être les premières paroles de Bernard; puis elle s'assoupit et rêve que le juge l'interroge, rouvre l'instruction, a découvert le paquet de poisons encore caché dans la poche d'une vieille pèlerine; elle se réveille avec soula­ gement, comme de ces cauchemars où adolescente elle rêvait qu'il lui fallait de nouveau subir un examen.

Thérèse prend alors conscience qu'elle peut encore vivre auprès de Bernard : si elle s'ouvre à lui, ne lui cachant rien de ce qu'elle a fait et pensé; avec joie, elle décide de consacrer le temps de son voyage à préparer cette confession.

Mais Thérèse en constate aussitôt la difficulté, parce qu'elle ignore tout de ce qu'elle a voulu, et ne peut déchiffrer les mouvements confus qui l'ont portée à agir.

Voici la gare de Nizan.

A nouveau dévisagée par Gar­ dère, Thérèse descend de calèche.

Cette gare lui rappelle des voyages avec son amie Anne, des haltes ici même avec elle : Anne, premier personnage de son histoire, et dont il faudra d'abord parler à Bernard.

Dans le compartiment vide, à peine installée, Thérèse se demande comment rendre son drame intelligible à Bernard, pour qu'il comprenne et pardonne.

Peut-être faudra-t-il rappeler son enfance, le temps où elle était lycéenne, et proposée à ses camarades en modèle d'une sagesse toute fondée sur la raison.

Temps de la pureté, pour Thérèse, par contraste avec sa vie de femme mariée; paradis perdu, :>ngélique mais plein de passions.

Aux vacances, sa joie était de retrouver à Argelouse Anne de la Trave, pieu­ sement élevée par les dames du Sacré-Cœur.

C'est dans ces étés heureux que sans doute son drame a pris naissance.

Cependant le train entre en gare d'Uzeste, et Thérèse songe qu'elle a peu de temps pour " préparer sa défense "· - 15 -. »

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