Augustinus
Publié le 12/04/2013
Extrait du document
Le jansénisme eut une influence considérable en France, où il fut incarné avant tout par les « solitaires « et les religieuses de l'abbaye de Port-Royal. Des écrivains tels que Pascal et Racine furent attirés par ce catholicisme exigeant et austère, qui présente certaines analogies avec le calvinisme.
«
Portrait de Jansénius par Dutielt
EXT RAITS
Jansénius se réclame de saint Augustin
au début de son ouvrage
Je ne mets pas en peine si les maximes que
je produis dans mon livre sont vraies ou
fausses, mais seulement si elles sont de saint
Augustin, qui a eu assez d'éloquence
pour
expliquer ses sentiments .
Après que j'aurai
prouvé évidemment qu'il a eu ceux que je lui
attribue, ce sera à lui de répondre de leur vé
rité ou de leurfausseté .
Dans la première partie de l' Augustinus,
Jansénius, parfois entraîné par son
éloquence, se livre
à une vigoureuse
critique de l'hérésie pélagienne contre
laquelle lutta Augustin
On a remarqué (et c'est là le caractère
singulier et propre de cette hérésie),
qu'il
existe une telle connexion entre toutes les er
reurs du Pélagianisme, que, si on épargne
même une seule des plus minces.fibres et des
plus extrêmes, et perceptibles à peine à des
yeux de lynx , une seule petite racine d'un seul
dogme semi-pélagien,
bientôt toute la masse de
cette erreur superbe, toute
la souche, avec sa
forêt
de rameaux empestés,
reparaît et
s'élance ...
De
sorte que (voyez
l' enchaî
nement), si vous donnez un
brin à
Pélage, il faut tout
donner ; que si, trompé par
le
fard del' erreur, par le
prestige des mots, vous ré
chauffez dans votre sein ce
serpent mort et lui rendez
une seule palpitation, à
l'instant, bon gré mal gré,
et enlacé que vous êtes,
il vous en
faut venir à
éteindre toute la vraie
Grâce, à tuer la vraie
piété, à supprimer
le péché
originel, à évincer
le scan
dale de la Croix, à rejeter
Christ lui-même, à dresser enjïn dans toute
sa hauteur le trône diabolique de la superbe
humaine ; bon gré mal gré, il
le faut.
Jansénius s'étonne de la différence qu'il
trouve entre
le christianisme de saint
Augustin et celui de l'Église moderne
Cette théologie moderne d~ffère si fort de
saint Augustin qu'il faut, ou qu'Augustin se
soit trompé en mille sens autant qu'on peut
se tromper en si grave matière, ou bien que,
s'il a enseigné selon le sens de l'Église
catholique la vérité tant sur les autres articles
que sur ceux en particulier de
la Grâce et de
la Prédestination contre les
Pélagiens, les
théologiens modernes à leur tour se soient à
coup sûr écartés du seuil de
la véritable théo
logie (et
je le dis sans inculper leur foi), mais
écartés de telle sorte qu'ils paraissent ne plus
comprendre ni cette
foi chrétienne qu'ils
gardent pourtant en leur cœur comme
Catholiques,(.
.
.) ni la Grâce.
Frontispice de l'œuvre
de Jansénius
Description du pays de ]ansé nie
NOTES DE L'ÉDITEUR
« Dans cet ouvrage purement théologique,
Jansénius prétend systématiser la pensée
de
saint Augustin sur le problème de la grâce.
En fait, il interprète toujours cette pensée
dans le sens le plus strict
et retient surtout
les positions rigides élaborées
par l'évêque
d 'Hippone lors de sa polémique avec le
moine
Pélage.
( ...
)Il rappelle ce qu'il
estime être la doctrine augustinienne :
nécessité de la grâce divine
pour que
l'homme pécheur puisse mériter son salut,
efficacité infaillible de cette grâce sans
pour
autant nuire à la lib~rté humaine, gratuité
absolue
de la prédestination.
Ainsi, ( ...
)
Jansénius met
l'accent sur la corruption
foncière
de la nature humaine et sur la
toute-puissance
de Dieu.
» François Lebrun,
Le XVW siècle, Armand Colin, 1967.
« Le 22 mars 1641, des thèses violemment
hostiles à l 'Augustinus furent soutenues au
Collège des Jésuites de Louvain.
Jansénius y
était ouvertement
accusé( ...
) de favoriser
[les erreurs]
de Calvin.
On lui reprochait
d'avoir enlevé toute réalité au libre arbitre,
de telle sorte qu'après la chute l'homme
serait nécessairement déterminé à faire le
bien
lorsqu'il a la grâce, et à faire le mal
lorsqu'il ne l'a point, et d'avoir affirmé
aussi
que Jésus-Christ n'avait prié et n'était
mort que pour les seuls élus.
» Louis
Cognet,
Le Jansénisme, P.U.F., 1961.
1, 2, 4 Roger-Yiollel 3 musée de V ersailles/ Gira udo n JANSÉNI US 02.
»
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