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Avec vue sur l'Arno

Publié le 06/04/2013

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« Je voudrais seulement que les poètes disent encore ceci: l'amour est du corps; il n'est pas le corps, mais du corps. Ah, les douleurs qui seraient épargnées si nous confessions cela ! Ah, un peu de droiture qui libère l'âme ! « Ces quelques mots du père de George à Lucy sont en fait une critique de la morale victorienne, qui empêche l' héroïne de reconnaître son amour pour George.

« EXTRAITS ~~~~~ ~~- Une arrivée décevante - La Signora n'avait pas le droit de nous faire ça, dit Miss Bartlett, non, pas le droit.

Elle nous avait promis deux chambres au midi avec vue sur le paysage, et attenantes, o r ces chambres donnent au nord, donnent au nord sur une cour, et elles sont très loin l'une de l'autre.

0 h ! Lucy ! - Et elle est cockney par-dessus le marché, dit Lucy qu'avait assombrie l'accent inat­ tendu de la Signora.

On se croirait à Londres.

Elle considéra la double rangée d'Anglais assis à table d'hôte ; entre les rangées d 'Anglais, l'unique et bicolore rangée de ca­ rafes (eau et vin alternés); derrière les ran­ gées d'Anglais, les portraits de feu la Reine et de feu le Poète Lauréat massivement en­ cadrés ; enjïn, seule autre décoration appa­ rente, le tableau des offices anglicans ...

Scène de rue à Florence Soudain quelque chose arriva.

Deux Italiens, au pied de la Loggia , se cha­ maillaient pour une dette.

« Cinque lire ! avaient-il crié, cinque lire ! » Les poings se levèrent et l'un des hommes reçut un cou p léger à la poitrine.

Il fronça les sourcils, se pencha vers Lucy d'un air intéressé, comme s'il avait à lui transmettre un message im­ portant.

A l'instant où ses lèvres s'ouvrirent pour le faire, un flot rouge en jaillit qui ruis­ sela sur son menton mal rasé.

Ce fut tout.

Une foule surgit du crépus cule.

Cachant à la jeune fille cet homme extraor­ dinaire, elle l'emporta vers la.fontaine .

Lucy vit alors que George Emerson était là aussi, à quelques pas d'elle, et la regardait à tra­ vers l'espa ce qu 'occ upait l' Italien un mo­ ment auparavant.

Un baiser volé parmi les violettes Elle ne répondit rien.

De ses pieds la pente plongeait dans le paysage et des ruisseaux, des torrents , des cataractes de violettes y cou- laient, irriguant de bleu la colline, tour­ billonnant au pied des arbres, se rassemblant en étangs dans les creux et couvrant toute l'herbe d'une écume azurée.

Nulle part pour­ tant cette profusion n'égalait celle de la ter­ rasse; là était le puits jaillissant , l'originelle source d'où la beauté se répandait pour aller arroser la terre .

Debout sur son bord, comme un nageur qui se prépare , la jeune fille aperçut l'homme bon.

Mais ce n'était pas l'homme bon at­ tendu , et il était seul.

Au bruit des pas, Georges' était tourné .

Un instant, il la contempla comme si elle tombait du ciel.

Il vit sur son visage le rayonnement de la joie ; il vit les vagues de fleurs bleues battre contre sa robe.

La voûte du taillis se ferma au-dessus d'eux ; il avança rapide­ ment et l'embrassa.

Traduit de l'anglais par Charles Mauron, Christian Bourgois, 1986 « Nulle part pourtant cette profusion n'éga­ lait celle de la terrasse ; là était le puits jaillis­ sant, l'originelle source d'où la beauté se répandait pour aller arroser la terre.

» NOTES DE L'ÉDITEUR Les antiquités gréco-romaines ont fasciné le jeune Forster ( 1879-1970) dès l 'époque de ses études dans l'une de ces public schools qu'il a critiquées dans plusieurs de ses livres (en particulier dans Maurice).

C'est après un séjour en Italie et en Grèce qu'il a publié son premier ouvrage, à l'âge de vingt-quatre ans.

Dans ce premier roman, comme dans bien de ceux qui ont suivi, il décrit les effets du contact avec le monde méditerranéen sur les idées insulaires et provinciales de ses héros.

C'est le cas de A Room with a view (le titre original d'Avec vue sur !'Arno), publié en 1908.

La découverte de l'Ita lie a, en effet, une grande influence sur les amours de George et de Lucy.

André Maurois a rapproché E.

M .

Forster de Marcel Proust, non pour le style, qui est très différent chez les deux écrivains, mais pour l'approche psychologique des personnages .

Le romancier anglais a inspiré le cinéaste James Ivory, qui a tiré deux films de ses livres : le premier est une version pour Je grand écran d' Avec vue sur l' Arno, le second s'inspire de Maurice, une histoire d'amour entre deux étudiants du même sexe.

Dans ce dernier ouvrage, Forster se fait, à une époque où l'homosexualité en Angleterre pouvait entraîner la prison, .

1 co ll.

ViolleL 2, 3 peinLure et dessin de Camille Corot.

Paris.

Louvre I Lauros- Giraud on le défenseur de la liberté d'aimer qui l'on veut, homme ou femme, sans dissimulation.

FORSTER 02. »

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