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BARBEY D'AUREVILLY: LES DIABOLIQUES

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

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Jules Barbey d'Aurevilly naît en 1808 en Normandie. Il grandit à Valognes. Très vite, le jeune homme se sent à l'étroit dans le carcan de cette société morose et oppressante. À Paris, où il achève ses études, à Caen, où il va «faire son droit» en 1830, il commence à rêver d'une vie à la mesure de ses ambitions. Il cultive avec brio le goût de la provocation. Pour choquer les conservateurs de Valognes, il pose au républicain ; pour imiter son héros Lord Byron, le poète romantique anglais, il noue une liaison passionnée avec sa cousine, Louise du Méril. Il défraye déjà la chronique locale par ses manières de dandy. Avec Byron, Brummel «l'arbitre des élégances» londonien, est son modèle. Il lui dédiera l'une de ses premières oeuvres importantes: Du dandysme (1843).
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« la tache sur l'azur de leur bonheur ! C'est à terrasser, n'est-il pas vrai ? tous les moralistes de la terre qui ontinventé le bel axiome du vice puni et de la vertu récompensée !» Aux regards inquisiteurs de la petite ville de province, Hauteclaire oppose un visage impassible et un front pur, sevengeant ainsi, secrètement, du mépris de la «bonne société» qui refuse de la recevoir.

Telle est bien, poussée àses limites extrêmes, la «morale» du dandy, qui ne connaît que la loi de son bon plaisir et se moque des réactionseffarouchées du «vulgaire». O.- Être un dandy, ce n'est pas seulement porter des gilets extravagants ou des chapeaux capitonnés de veloursrouge ; c'est aussi se vouloir différent, en marge d'un monde voué à l'uniformité et à la platitude.

«Le dandysme estun héroïsme», écrit Baudelaire, qui fut l'un des amis de Barbey d'Aurevilly.

Le goût effréné pour les tenues les plusrares se double, chez tout dandy authentique, d'une véritable philosophie de la vie.

Le dandy méprise les préjugéset fait fi de la morale vulgaire et étriquée des «bourgeois».

Seuls quelques êtres d'élite sont capables de vivre ainsisur le mode du défi : la plupart des héros et des héroïnes des Diaboliques en sont. Dans une autre des Diaboliques, Barbey d'Aurevilly écrira: «L'enfer, c'est le ciel en creux.» Car pour les âmes «fortes», «sourcilleuses et inaccessibles», selon les mots de Léon Bloy, le vertige du mal peutêtre aussi exaltant que l'élan vers le bien. 2.

L'ESTHÉTIQUE DE L'ÉTONNEMENT L'ART DU DÉNOUEMENT Avec un art consommé, Barbey d'Aurevilly sait ménager un «suspense» qui tient ses lecteurs en haleine jusqu'à larévélation finale Le Dessous de cartes d'une partie de whist est à cet égard exemplaire.

La nouvelle commence lentement et semble se perdre dans les méandres de la description d'une petite ville de province, «la plusférocement aristocratique de France», dans laquelle il est aisé de reconnaître Valognes.

Sur la toile de fond de cettesociété figée dans le rêve d'un passé englouti se détache la pâle et dédaigneuse figure de la comtesse deStasseville, «dont la vie était réglée comme le papier de cette ennuyeuse musique qu'on appelle l'existence d'unefemme comme il faut, en province». Mais peu à peu, au fil du récit dont le rythme s'accélère imperceptiblement, ledoute s'insinue.

Quelques scènes surprises au hasard par le narrateur prennent valeur d'indices.

Une première vérité se fait jour: la comtesse a pour amant l'un de ses partenaires au whist, unEcossmi nommé Narmer de Karkoêl.

Rivale de sa propre fille Herminie, elle empoisonne lentement son enfant, avec lepoison contenu dans le chaton d'une bague de diamant.

Comme Alberte, dans Le Rideau cramoisi, comme Hauteclaire, héroïne du Bonheur dans le crime, la comtesse ne laisse pas deviner la passion qui la possède.

Jamais, sauf en un seul instant, lorsqu'elle broie dans sa bouche les fleurs de réséda qui ornent son corsage... Ce détail incongru, surpris par le narrateur, qui s'étonne, sans comprendre, de voir cette femme si froide céder à unmouvement presque convulsif, prépare la «chute» du récit.

À la mort de la comtesse, qui suit de peu celle de safille, on découvre dans la magnifique jardinière de résédas qui décore son salon le cadavre d'un enfant.

Cetteredondance dans l'horreur rend muet l'auditoire du narrateur : «L'émotion prolongeait le silence.» >, Aucune explication ne vient éclaircir ce macabre mystère et le lecteur, comme le public du conteur, en est réduità compléter en imagination «ce roman authentique», qui fut, dit-on, inspiré à Barbey d'Aurevilly par un fait-divers desa province. UN STYLE FLAMBOYANT Les Diaboliques doivent beaucoup de leur réputation sulfureuse à ces outrances.

Comme l'écrivit H.

Fournier en 1883, lors de la réédition du livre : «Ce qui domine, c'est la mise en pratique de l'excessif sous toutes ses formes, sentiments, tendances, satire,dégoûts, enthousiasme, raillerie, et, disons-le, talent.» L'excès n'est pas seulement dans la mise en scène de situations macabres et cruelles.

Il se manifeste aussi dans lestyle.

Un réseau d'images violentes parcourt tous les récits des Diaboliques.

La femme y est à plusieurs reprises comparée à un fauve dangereux : le narrateur voit Hauteclaire, l'héroïne du Bonheur dans le crime, au Jardin des Plantes, devant la cage de la panthère : «La femme, l'inconnue, était comme une panthère humaine, dressée devant la panthère animale qu'elle éclipsait[...].» La duchesse de Sierra-Leone (La Vengeance d'une femme) apparaît aux yeux de son amant d'une nuit comme une bête fauve :. »

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