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BOULE DE SUIF de Guy de Maupassant (fiche de lecture et critique)

Publié le 15/10/2018

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BOULE DE SUIF. Nouvelle de Guy de Maupassant (1850-1893), publiée dans le recueil collectif les Soirées de Médan, à Paris chez Charpentier en 1880.
Maupassant comptait plutôt sur le théâtre ou sur la poésie pour s'imposer : aussi sa participation aux Soirées de Médan tient-elle plus de l'opportunité et de l'opportunisme que d'une adhésion à la doctrine naturaliste, récemment définie par les articles de Zola qui, réunis, constitueront les chapitres du Roman expérimental (1880).
 
Abandonnée par les « lambeaux dune armée en déroute », la ville de Rouen est envahie par les Prussiens qui trouvent chez les « bourgeois bedonnants, émasculés par le commerce», un accueil plutôt complaisant, à quelques actes de résistance près. Dans la cité occupée, « le besoin du négoce travailla de nouveau le cœur des commerçants du pays » : ils sont dix à s’embarquer pour Dieppe à bord d’une diligence. La société tout entière se trouve résumée là, comme dans une arche de Noé, par couples : des commerçants, des grands bourgeois, des nobles. Plus deux religieuses, enfin deux marginaux : « Comudet le démoc » (le républicain) et Boule de suif, une prostituée aux formes arron-
dies. Les femmes honnêtes l’insultent d’abord, mais comme elle seule a prévu des provisions pour le voyage qui s’éternise, tous finissent par accepter ses offres et, malgré des scrupules de vertu outragée, vident son panier.
 
On arrive enfin à l’hôtel de Tostes, occupé par des soldats allemands. Leur officier fait demander Élisabeth Rousset, alias Boule de suif, qui revient exaspérée, on ne sait trop pour quel motif. Le lendemain matin, ordre est donné de ne pas atteler. Affolés à l’idée d’être retenus en otages, les hôtes pressent Boule de suif de leur révéler « le mystère de sa visite » à l'officier. « Ce qu’il veut, ce qu’il veut ?

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« familiers, et campe des personnages où la critique s'est plu à reconnaître des modèles réels (Maupassant lui-même y invite, dans un article du Gaulois [17 avril 1880], quand il déclare que « nous ne pouvons rien imaginer en dehors de ce qui tombe sous nos sens ») : le grand bourgeois Carré­ Lamadon serait Pouyer-Quertier, maire de Rouen ; Cornudet, Charles Cor­ d'homme, oncle de Guy (modèle attesté par une dédicace de Maupas­ sant lui-même) et Boule de suif une certaine Adrienne Legay, d'après une tradition qui remonte aux Souvenirs sur Maupassant d'Albert Lumbroso (1905).

L'anecdote enfin a pu être fournie par un article du Journal du Havre du 5 jan­ vier 1871.

Ces apports extérieurs s'ajoutent à la matière littéraire élaborée par Maupas­ sant.

Boule de suif se place dans la lignée des romans de prostituées qui paraissent à l'époque, Marthe de Huys­ mans (1876), *Nana de Zola (1879- 1880) et la Fille Élisa d'Edmond de Goncourt (1877) où se trouvent le nom de Cornudet ( chap.

43) et une descrip­ tion d'Élisa qui a pu mener au choix du surnom : , avec la longue résistance de Boule de suif, sa défaite, puis le mépris où elle est tenue.

Cette struc­ ture en trois temps est mise en évi­ dence par la symétrie inversée entre les deux repas dans la diligence : Boule de suif pourvoyeuse de nourriture, puis rejetée sans pitié du pique-nique triomphal.

Resserré dans le temps (l'action se passe en six jours) et dans la clôture de deux espaces (la diligence et l'hôtel, isolés au milieu de la neige), le drame qui se joue dans cette micro-société réunie par le hasard démasque la fameuse pudeur des femmes honnêtes (l'officier prussien plaît beaucoup à la comtesse), l'hypocrisie de la religion et la souplesse des bourgeois prêts à colla­ borer avec l'ennemi dès lors que leur intérêt commande.

On comprend que Maupassant écrive à Flaubert : «Je serai désormais obligé d'avoir des pistolets dans mes poches pour traverser Rouen» (lettre du 2 décembre 1879).

À ces. »

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