Devoir de Philosophie

Capitaine Fracasse (le). Roman de Théophile Gautier (analyse détaillée)

Publié le 22/10/2018

Extrait du document

gautier

Capitaine Fracasse (le). Roman de Théophile Gautier (1811-1872), publié à Paris en feuilleton dans la Revue nationale et étrangère de décembre 1861 à juin 1863, et en volume chez Charpentier en 1863.

 

Vingt-cinq ans séparent la conception et la publication de ce roman promis dès 1836 à Renduel, annoncé deux ans plus tard par Desessart, destiné en 1845 à Buloz pour la Revue des Deux Mondes, prévu en 1853 pour la Revue de Paris et enfin publié huit ans après, avec un succès immédiat tant auprès du public que de la critique.

 

Attiré dès le collège par une littérature non académique, par les décadents latins, par Villon et Rabelais dont il s'imprégne, Gautier, sans les oublier, s'inspire essentiellement ici de certains écrivains un peu méconnus du début du xviie siècle (Saint-Amant, Théophile de Viau, Cyrano, Georges de Scudéry, Scarron) auxquels il a consacré, en 1834, la majeure partie des études qui formeront le recueil des Grotesques (1844). Ces essais constituent le tremplin d'une création romanesque entravée par de nombreux travaux de jour-

nalisme alimentaire, et le dernier d'entre eux, consacré à Scarron, fournit même la trame et l'esprit du roman. On notera en outre l’influence de la poésie de Saint-Amant et des comédies de Corneille, les allusions à Cyrano de Bergerac, au Wilhelm Meister de Goethe, ou, car le roman historique est à la mode depuis les années 1825 environ, les réminiscences de la Fiancée de Lam-mermoor de Walter Scott, voire même de *Notre-Dame de Paris de Hugo, sans oublier les références érudites issues d'ouvrages spécialisés comme les Curiosités de l'histoire du vieux Paris du bibliophile Jacob.

 

« Entre Dax et Mont-de-Marsan », dans un château dont l'auteur décrit avec complaisance la lente désagrégation, vit avec pour seuls compagnons un vieux domestique, un chat un chien et un cheval, le dernier descendant d'une lignée jadis riche et puissante, le jeune baron de Sigo-gnac (chap. I).

 

Un soir d'hiver, une troupe de comédiens ambulants demande l'hospitalité au jeune seigneur, qui la leur accorde, malgré sa pauvreté, et qui décidera, le lendemain matin, de partir à l'aventure en compagnie de la troupe. Le récit suit les déplacements de cette troupe - avec ses aventures dramatiques, grotesques ou comiques -, relatant ses activités, racontant les amours (parfois mouvementées) de ses membres (2-6).

 

Sigognac, amoureux platonique et sincère de la belle Isabelle, la jeune première, décide de remplacer l'acteur Matamore, qui est mort de froid dans une tourmente de neige, et désormais, joue sur la scène le rôle du Capitaine Fracasse (7).

 

A Poitiers, Isabelle attire malgré elle l'attention du jeune duc de Vallombreuse, qui la poursuit de ses assiduités. Sigognac, qui s’est fait le chevalier servant d'Isabelle, déjoue le premier piège que lui tend Vallombreuse. en mettant en déroute les valets chargés de le rosser. Son honneur de comédien ainsi vengé, il venge son honneur de gentilhomme en provoquant en duel Vallombreuse, qu’il blesse assez sérieusement (8-9).

 

Malgré leur amour réciproque, Isabelle, par grandeur d'âme, refuse d’épouser Sigognac, donten tant que comédienne, elle ne se sent pas digne (10-12).

 

Isabelle n’échappe à un enlèvement machiné par Vallombreuse que grâce à la complicité de Chiquita, et la troupe se dirige sur Paris, dont l’auteur décrit minutieusement les tavernes et les activités populaires. Sigognac échappe à différents guets-apens préparés sur les ordres de Vallombreuse et, grâce à son talent à l’épée, s'attire la sympathie de Jacquemin Lampourde, chargé par Vallombreuse de le tuer (13-14).

 

Un autre homme de main de Vallombreuse, Malartic, arrive, par ruse, à s’emparer d'Isabelle, qui est entraînée dans le château de Vallombreuse, où elle est retenue prisonnière. Grâce à Chiquita, Sigognac peut retrouver Isabelle, donner l’assaut au château de Vallombreuse et délivrer sa bien-aimée. Isabelle se révèle être la propre sœur de Vallombreuse et peut épouser Sigognac. Elle fait restaurer le «château de la Misère », qui devient le « château du Bonheur » (15-22).

gautier

« en tant que comédienne, elle ne se sent pas digne ( 1 0-12).

Isabelle n'échappe à un enlèvement machiné par Vallombreuse que grâce à la complicité de Chiquita, et la troupe se dirige sur Paris, dont l'auteur décrit minutieusement les tavernes et les activités populaires.

Sigognac échappe à diffé­ rents guets-apens préparés sur les ordres de Val­ lombreuse et grâce à son talent à l'épée, s'attire la sympathie de jacquemin Lampourde, chargé par Vallombreuse de le tuer ( 1 3-14 ).

Un autre homme de main de Vallombreuse, Malartic, arrive, par ruse, à s'emparer d'Isabelle, qui est entraînée dans le château de Vallom­ breuse, où elle est retenue prisonnière.

Grâce à Chiquita, Sigognac peut retrouver Isabelle, don­ ner l'assaut au château de Vallombreuse et déli­ vrer sa bien-aimée.

Isabelle se révèle être la pro­ pre sœur de Vallombreuse et peut épouser Sigognac.

Elle fait restaurer le « château de la Misère », qui devient le « château du Bonheur» ( 15-22).

Il est indéniable que le Capitaine Fra­ casse est un roman de cape et d'épée, mais on n'a pas suffisamment pris garde à la façon dont Gautier manie la technique de cette forme de narration : le romancier est au centre de sa créa­ tion ; omniscient et omniprésent, il est toujours prêt à montrer qu'il est le seul maître des événements ; ses personna­ ges sont d'une psychologie sommaire, voire d'une convention poussée à l'extrême : les événements s'enchaî­ nent de la manière la plus gratuite, le personnage dont l'intrigue a besoin se trouvant toujours à point nommé là où il est requis, sans respect pour la vrai­ semblance la plus élémentaire.

Entraîné par le rythme que le narrateur insuffle au récit, trompé si besoin est par une explication fallacieuse, qui s'aviserait de trouver curieux qu'un pauvre gentilhomme qui n'a jamais quitté son castel délabré soit la plus fine lame du royaume, dans un temps où les bretteurs chevronnés sont légion? Il faut tenir compte de la dimension humoristique du talent de Gautier et de son goût pour le pastiche.

Il disait lui-même de cette œuvre : « C'est une lettre de change tirée dans ma jeunesse et que j'ai acquittée dans mon âge mûr.>> Tout se passe comme si Gautier vieillissant, reprenant un projet de sa jeunesse, écrivait la paro­ die du roman qu'il aurait pu écrire beaucoup plus sérieusement vingt-cinq ans plus tôt.

L'intrigue n'est qu'un moyen commode pour lui de se laisser aller à ses fantaisies, voire à ses fan­ tasmes.

L'intérêt est ailleurs, dans ce qui peut paraître à l'« in diligent lecteur » comme des à-côtés de l'œuvre.

L'im­ portant est dans la reconstitution d'une époque, «l'époque Louis XIII>>, avec le flou historique peut-être de l'expression, mais avec la truculence d'une société haute en couleur que le classicisme n'avait pas encore rabotée, nivelée ; dans la peinture d'une suite de tableaux où triomphe l'art de la description de tout un monde, d'une extraordinaire précision ; dans la résur­ rection du monde du théâtre avec le jeu si subtil entre les apparences et la réalité, jeu sur les apparences arrivant à modeler les personnalités des acteurs, mais dont les situations coïncident si bien avec celles de la réalité.

À la réflexion, on découvre l'omniprésence du théâtre: là où l'on croyait suivre un récit d'aventures, on voit se dessiner la structure d'une vaste pièce de théâtre dont l'auteur brosse d'abord un décor, des décors, pour y faire ensuite parler et agir des personnages dans une suite de scènes bien équilibrées.

L'intérêt, enfin, est dans la quête du bonheur par le héros, un idéaliste qui risque d'être écrasé par la dureté de l'existence mais qui poursuit son rêve avec une ardeur infatigable.

Si Gautier avait suivi sa dynamique propre, cette quête eût été vouée à l'échec : le premier dénoue­ ment qu'il avait écrit renvoyait le héros, foudroyé dans tous ses rêves, à sa pauvreté initiale.

Sur les instances de. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles