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Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence de Montesquieu

Publié le 24/11/2018

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Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence

 

Historien dont l’esprit critique laisse quelque peu à désirer, Montesquieu ne se pose pas ici de problèmes de critique des sources, il raconte les événements des premiers siècles de Rome comme si ceux-ci étaient des faits historiques. Quelques années auparavant, en 1722, Lévesque de Pouilly n’avait-il pas présenté à l’Académie des inscriptions et belles-lettres un mémoire dénonçant l’incertitude de l'histoire de Rome à ses débuts? On en avait été choqué, mais Montesquieu semble ignorer le débat.

 

Synopsis. — L’ouvrage se compose de 23 chapitres dessinant une sorte de parabole. Les premiers chapitres exaltent les Romains sous les rois, puis sous la république. Le processus de croissance rencontre cependant de graves obstacles : les Gaulois, Pyrrhus et surtout les Carthaginois. Mais le courage, le réalisme et la constance des Romains finissent par triompher. Et déjà, au sommet de la grandeur, la décadence se dessine. Elle n’est due ni aux dissensions qui divisent les Romains, ni, plus tard, à l’essor du christianisme. C’est la grandeur excessive de l’Empire qui l’engendre, c’est la corruption qui domine, à partir du jour où César a tué la liberté. 

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« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence de Montesquieu — L'auteur de ce livre est bien le contemplateur des beautés antiques de Rome, qui avait rêvé devant les ruinesd'un gigantesque passé.

Il devait étudier avec une curiosité passionnée, tour à tour admirative et douloureuse,toute l'évolution de l'histoire romaine, sa courbe ascendante, sa courbe descendante.

Il devait, précurseur deMichelet, incarner la ville impériale en des personnages à la fois individuels et symboliques : Pompée et César,Cicéron et Caton, Sylla et Auguste, dont il a peint d'inégalables portraits.— Historien de Rome, il a eu plusieurs devanciers, dont Bossuet est le plus, grand.

Mais tandis que Bossuetattribuait à la Providence une grande part dans la suite des événements, Montesquieu n'admet qu'une logiquepurement humaine, qu'une série de causes et d'effets.

Pour lui, tout événement a sa cause particulière qui dépendde causes générales, physiques ou morales; et ce sont ces causes qui font la grandeur ou la décadence des Etats.— Ayant suivi Bossuet, en le complétant, en le contredisant parfois, dans l'étude de la grandeur romaine, il a faitporter son effort le plus original sur la décadence, qui était une matière plus neuve et qui l'a donc intéressédavantage.- Montesquieu prétend montrer que les Romains furent grands tant qu'ils se gouvernèrent selon certaines idées,avec certaines moeurs; puis leur domination universelle les obligea à changer de gouvernement : alors des principesopposés aux premiers, suivis par ce gouvernement nouveau, provoquèrent la décadence.a) Les causes générales de la grandeur romaine, pour Montesquieu, sont : l'amour de la liberté, du travail et de lapatrie; la sévérité de la discipline militaire; la sage politique extérieure du Sénat, qui ne désespérait jamais de laRépublique, qui accordait sa protection aux peuples révoltés contre leurs rois, qui respectait les dieux des vaincus,qui savait diviser pour vaincre et pour régner.b) Les causes générales de la décadence sont : l'étendue de l'Empire; l'éloignement des troupes, qui ruina chez lescitoyens soldats l'esprit républicain, puisqu'ils ne connaissaient plus que leur général; le droit de cité accordé à tropde nations; l'énorme inégalité des fortunes; les prérogatives enlevées aux patriciens et l'avènement de ladémocratie; la série des empereurs monstrueux; le partage de l'empire, que les barbares détruisirent en Occident etqui, en Orient, s'anéantit insensiblement.- Plusieurs choses manquent à Montesquieu pour être un historien irréprochable.a) Il lui manque une critique plus rigoureuse des témoignages anciens, quelque méfiance à l'égard de Tite-Live et deFlorus, dont il a accepté trop docilement le récit des premiers temps de Rome, des premiers règnes.b) Il lui manque aussi de comprendre le rôle de la religion chez un peuple : religion romaine, piété du foyer, famillesacrée de la cité antique, n'ont aucune place dans son livre qui, de ce fait, est incomplet.c) Il lui manque également d'avoir échappé tout à fait aux réminiscences littéraires; car le Romain tel qu'il le conçoitgarde encore quelque caractère cornélien.d) Enfin, sa foi historique est vraiment trop absolue.

Evidemment, ce n'est pas le hasard seul qui dirige les affaireshumaines, et Montesquieu a raison de rattacher les causes accidentelles et particulières à des causes générales etpermanentes.

Mais il 'le fait trop absolument, il croit trop à un cours fatal des choses.

Les historiens modernes sontà bon droit plus sceptiques, sans aller jusqu'au scepticisme de Voltaire.

Ils ne rattachent plus la décadence desRomains à leur changement de maximes, mais plutôt au maintien des institutions traditionnelles dans un empireauquel elles ne s'accommodaient plus.— En revanche, Montesquieu a écrit un livre tout animé de l'amour de la liberté.

Il a tracé de splendides tableaux,conduit de profondes analyses, finalement ressuscité devant nous un grand peuple si longtemps animé de vertupatriotique, et tout cela en historien-né.

Mais il était surtout un philosophe de l'histoire et, comme tel, il a ouvert delarges perspectives de pensée.

Sa méthode, fondée sur l'idée que tout s'enchaîne, l'a fait remonter à quelques-unesdes lois générales qui président à cet enchaînement et dans lesquelles il voit les lois mêmes de la société humaine :par exemple, qu'il y a toujours danger à changer le système social d'un Etat (par là, il se montre partisan desréformes, mais ennemi des révolutions); ou ceci : que les démocraties aboutissent à la dictature; ou ceci encore :que les guerres civiles créent et entretiennent dans un Etat la hardiesse de vie qui lui est nécessaire.— Ainsi l'étude déterminée de l'histoire romaine a pris chez Montesquieu une portée universelle et acquis une valeurde grand enseignement.. »

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