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De l'amour de Stendhal

Publié le 06/04/2013

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amour

Métilde Dembowski a si profondément inspiré l'auteur de Del' amour (1822) qu'à sa mort, le 1er mai 1825, Stendhal inscrivit sur son propre exemplaire cette mention : « Death of the author «. L'ouvrage, dont les thèses ont fait l'objet d'une spirituelle contestation de la part d'Ortega y Gasset, a inspiré un film de Jean Aurel, De l'amour (1965), dont le scénario fut écrit par Cecil Saint-Laurent, auteur, sous son vrai nom de Jacques Laurent, d'un remarquable Stendhal comme Stendhal (1984).

amour

« Stendhal eut unjour ce mot fort éclairant : «L'amour a toujours été pour moi la plus grande des affaires et plutôt la seule », lui qui prescrivit de graver sur sa tombe : Amo, c'est­ à-dire «j'aime ».

«Aimer, c'est avoir du plaisir à voir, toucher, sentir par tous les sens, et d'aussi près que possible, un objet aimable et qui nous aime.

» ~------- EXTRAITS La formation de l'amour ou la cristallisation Laissez travailler la tête d'un amant pen­ dant vingt-quatre heures, et voici ce que vous trouverez : Aux mines de sel de Salzbourg, on jette, dans les profondeurs abandonnées de la mine, un rameau d'arbre effeuillé par l'hiver ; deux ou trois mois après on le retire couvert de cristallisations brillant,~§.

: les · • .

• plus petites branches, ,..

~ :t ~.i: celles qui ne sont pas plus grosses que la patte d'une mésange, sont garnies d'une in­ finité de diamants, mobiles et éblouis­ sants ; on ne peut plus reconnaître le rameau primitif.

Ce que j'appelle cris­ tallisation, c'est l' opé­ ration de l'esprit qui 1 tire de tout ce qui se présente la découverte que l'objet aimé a de nouvelles pelfections.

Le journal intime de l'amour déçu Désespéré du malheur où l'amour me réduit, je maudis mon exis­ tence.

Je n'ai le cœur à rien.

Le temps est sombre, il pleut, un froid tardif est venu rattrister la nature qui, après un long hiver, s'élançait au printemps.

( ...

)Ce qu'il y a de sûr, c'est que cette femme cruelle est enragée contre moi ; c'est le mot d'un de ses amis.

Je puis me venger d'une manière atroce ; mais contre sa haine je n'ai pas le plus petit moyen de défense.( ...

) Je cours les rues par une pluie froide ; le hasard, si je puis l'appeler hasard, me fait passer sous ses fenêtres.

Il était nuit tom­ bante, et je marchais les yeux pleins de larmes fixés sur la fenêtre de sa chambre.

Tout à coup le rideau a été un peu entrou­ vert comme pour voir sur la place et s'est refermé à l'instant.

Je me suis senti un mouvement physique près du cœur.

Je ne pouvais me soutenir : je me réfugie sous le portique de la maison voisine.

Mille sentiments inondent mon âme, le hasard a pu produire ce mouvement du rideau ; mais si c'était sa main qui l'eût entrouvert ! Il y a deux malheurs au monde : celui de la passion contrariée, et celui du dead blank.

Avec l'amour, je sens qu'il existe à deux pas de moi un bonheur im­ mense et au-delà de tous mes vœux, qui ne dépend que d'un mot, que d'un sourire.

Des idées avant­ gardistes sur l'amour La fidélité des fem- .

mes dans le mariage lorsqu'il n'y a pas d'amour est probable­ ment une chose contre nature.

On a essayé d'obtenir cette chose contre na­ ture par la peur de l'enfer et les sentiments religieux ; l'exemple de /'Espagne et de /'Italie montre jusqu'à quel point on a réussi.( ...

) Une femme perd tou­ jours dans un premier mariage les plus beaux jours de la jeunesse, et par le divorce elle donne aux sots quelque chose à dire contre elle.

« La délicatesse des femmes tient à cette hasardeuse position où elles se trouvent placées de si bonne heure, à cette nécessité de passer leur vie au milieu d'ennemis cruels et charmants.

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NOTES DE L'ÉDITEUR Stendhal vu par Proust « Stendhal, qui est si matérialiste, pour qui les choses e_n dehors de nos dispositions, même de nos dispositions physiques, semblent avoir une importance réelle pour nous ( ...

) a toujours mis au-dessus de tout l'amour, qui pour lui semble faire un avec la vie intérieure.

Ce qui fait qu'on aime la solitude, qu'on y a mille pensées, que la nature nous devient compréhensible et éloquente, pour lui, c'est l'amour.

Il semble n'avoir connu la poésie que sous la forme de l'amour.» Marcel Proust, Jean Santeuil, Gallimard, 1952.

De l'amour, ou le portrait d'un soupirant «Tel qu'il nous apparaît ainsi,( ...

) ce livre constitue le meilleur portrait de Beyle [Stendhal] en posture de soupirant.

Trop longtemps, on a voulu voir en lui un cœur sec, un jouisseur égoïste, un libertin cynique.

Nous découvrons tout au contraire quels sentiments fidèles il a nourris alors même que tout espoir d'être payé de retour lui était refusé par la femme dont il était épris, combien sans amertume devant ses cruautés il a su l'adorer, combien il a poursuivi son culte jusque dans le tombeau, et quelle musique 1 Goldner I Sipa-lcono 2, 3 , 4 eaux-fortes de Grau Sala, éd.

Vial , Paris , 1952 / B.N.

dans la nuit il n'a cessé de tirer de son propre malheur.» Henri Martineau, avertissement, De/' amour, Classiques Garnier, 1956.

STENDHAL06. »

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