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Dialogue d'un homme avec son ba

Publié le 03/01/2015

Extrait du document

Ce dernier, souvent assimilé à l'âme, est en fait un principe mobile qui prend surtout de l'importance au moment de la mort. Il est en général figu¬ré comme un oiseau à tête humaine. Or, pour le sage ac-cablé par les malheurs du monde, l'usage est de se plaindre à son coeur, tout comme l'amoureux transi dans les poèmes d'amour. Autre originalité du texte les propos tenus par les pro-tagonistes, qui discutent de la mort. L'homme, abattu par le spectacle d'une dé¬chéance morale généralisée dans le pays, confie à son ba son désir de mourir pour échapper à cette souffrance et trouver refuge dans l'au-delà : « La mort est aujour¬d'hui devant ma face comme la guérison d'un malade, comme sortir au dehors après l'enfermement. La mort est aujourd'hui devant ma face comme l'odeur de la myrrhe, comme être assis sous le voile un jour de vent. La mort est aujourd'hui de¬vant ma face comme l'odeur du lotus, comme être assis sur les rivages de l'ivresse. La mort est aujourd'hui devant ma face (...) comme quand un homme revient de l'ar¬mée à son foyer. La mort est aujourd'hui devant ma face comme une éclaircie du ciel, comme quand un homme découvre ce qu'il ignorait. La mort est aujourd'hui devant ma face comme quand un homme désire voir son foyer quand il a passé de longues années en captivité. » Manifestement, l'homme ap-pelle la mort, et ces pulsions suicidaires, si étrangères à la mentalité égyptienne, n'ont pas manqué de surprendre.

« perreseneb et les Lamenta­ tions du sage lpouour.

Tous ces textes, contemporains à peu de chose près, adoptent la forme de plaintes expri­ mées par un homme seul et désemparé face à l'effondre­ ment des valeurs auquel il as­ siste.

En effet, vers la fin de la v1• dynastie (2200 avant Jé­ sus-Christ), avec la montée des pouvoirs locaux, l'autori­ té centrale s'effrite .

Cette cri­ se politique se double de troubles sociaux qui plon ­ gent le pays dans une pério­ de obscure appelée Première Période intermédiaire .

Le choc provoqué parces évé­ nements donne naissance, une fois l'autorité rétablie, à une littérature qui se lamen­ te sur les désastres dus au non-respect des traditions, tout en justifiant le rétablis­ sement de l'ordre .

C'est dans ce contexte que le Dialogue a été écrit.

La forme qu'il re­ vêt le rattache à une longue tradition littéraire puisque le dialogue est employé tant dans les textes religieux que dans les contes.

Un document à part C ependant, cette ceuvre reste unique dans la litté­ rature égyptienne .

En effet, si l'usage du dialogue n'est pas surprenant, les interlocu­ teurs, eux, sont peu habituels : l'homme discute avec son ba.

Ce dernier, souvent assimilé à l'âme, est en fait un principe mobile qui prend surtout de l'importance au moment de la mort .

li est en généra l figu­ ré comme un oiseau à tête humaine .

Or, pour le sage ac­ cablé par les malheurs du monde, l'usage est de se plaindre à son cœur, tout comme l'amoureux transi dans les poèmes d'amour.

Autre originalité du texte : les propos tenus par les pro ­ tagonistes, qui discutent de la mort.

L'homme, abattu par le spectacle d'une dé­ chéance morale généralisée dans le pays, confie à son ba son désir de mourir pour échapper à cette souffrance et trouver refuge dans l'au­ delà : « La mort est aujour­ d'hui devant ma face comme la guérison d'un malade, comme sortir au dehors après l'enfermemen t.

La mort est aujourd'hui devant ma face comme l'odeur de la myrrhe, comme être assis sous le voile un jour de vent.

La mort est aujourd'hui de­ vant ma face comme l'odeur du lotus, comme être assis sur les rivages de l'ivre s se.

La mort est aujourd'hui devant ma face ( ...

) comme quand un homme revient de l'ar­ mée à son foyer.

La mort est aujourd'hui devant ma face comme une éclaircie du ciel, comme quand un homme découvre ce qu'il ignorait.

La mort est aujourd'hui devant ma face comme quand un homme désire voir son foyer quand il a passé de longues années en captivité .

» Manifestement, l'homme ap­ pelle la mort, et ces pulsions suicidaires, si étrangères à la mentalité égyptienne, n'ont pas manqué de surprendre.. »

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