Discours préliminaire de l'Encyclopédie
Publié le 10/04/2013
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Fils naturel de Mme de Tencin et du chevalier Destouches, Jean Le Rond d'Alembert (1717-1783) fut abandonné à sa naissance sur les marches d'une église et élevé par la femme d'un vitrier. Après avoir étudié le droit, la médecine et les mathématiques, il devint l'un des plus grands savants de son temps. Membre de l'Académie des sciences et de l'Académie française, bras droit de Diderot dans la bataille de l'Encyclopédie, ami fidèle de Julie de Lespinasse, conseiller de Frédéric II et de Catherine II, il demeure à plus d'un titre l'un des grands esprits du « siècle des Philosophes. «

«
EXTRAITS
Les limites de la connaissance
Arrêtons-nous un moment ici, et jetons les
yeux sur l'espace que nous venons de par
courir.
Nous y remarquerons deux limites,
où se trouvent, pour ainsi dire, concentrées
presque toutes les connaissances certaines
accordées à nos lumières naturelles.L'une
de ces limites, celle d'où nous
sommes par
tis , est l'idée de nous-mêmes, qui conduit à
celle de
l' Être tout-puissant, et de nos prin
cipaux devoirs.
L'autre est cette partie des
mathématiques qui a
pour objet les pro
priétés générales des corps,
del' étendue et
de la grandeur.
Entre ces deux termes est
un intervalle immense, où
l' Intelligence
suprême semble avoir voulu se jouer de la
curiosité humaine, tant
par les nuages
qu'elle y a répandus sans nombre, que
par
quelques traits de lumière qui semblent
s'échapper de distance en distance pour
nous attirer.
On pourrait comparer l' Uni
vers à certains ouvrages d'une obscurité
sublime, dont les auteurs en
s'abaissant
quelquefois à la portée de celui qui les lit,
cherchent à lui persuader qu'il entend tout
à
peu près.
Heureux donc, si nous nous
engageons dans ce labyrinthe,
de ne point
quitter la véritable route
! Autrement les
éclairs destinés à nous y conduire ne servi
raient souvent
qu'à nous en écarter davan
tage.
L'apport des auteurs anciens
Il semble qu'on regarde l' Antiquité comme
un oracle qui a tout dit, et qu'il est inutile
d'interroger ; et l'on ne fait guère plus de
cas
aujourd'hui de la restitution d'un
passage, que de la découverte d'un petit
rameau de veine dans le corps humain.
Mais comme il serait ridicule
de croire qu'il
n'y a plus rien à découvrir dans l'anatomie,
parce que les anatomistes se livrent quel
quefois à des recherches, inutiles en appa- rence,
et souvent utiles par leurs suites, il ne
serait pas moins absurde de vouloir inter
dire l'érudition, sous prétexte des recher
ches
peu importantes auxquelles nos
savants
peuvent s'abandonner.
C'est être
ignorant ou présomptueux
de croire que tout
soit vu dans quelque matière que ce puisse
être, et que nous n'ayons plus aucun avan
tage à tirer de l'étude et de la lecture des
anciens.
« Comme Encyclopédie, il doit exposer autant
qu'il est .possible,
l'ordre et
l'enchaînement des
connaissances
humaines ; comme
Dictionnaire raisonné
des sciences, des arts et
des métiers,
il doit
contenir sur chaque
science et sur chaque art( ...
) les détails les
plus essentiels qui en
font
le corps et la
substance.
»
L'arbre de la connaissance
On pourrait former l'arbre de nos connais
sances en les divisant, soit
en naturelles et
en révélées , soit en utiles et agréables, soit
en spéculatives et pratiques, soit en évi
dentes, certaines, probables et sensibles,
soit en connaissances des choses et connais
sances des signes ;
et ainsi à l'infini.
Nous avons choisi
une division qui
nous a
paru satis
faire tout à la fois
le
plus qu'il est pos
sible à l'ordre ency
clopédique de nos
connaissances et à
leur ordre généalo
gique.
Nous devons
cette division à un
auteur célèbre dont
nous parlerons dans
la suite de ce
Dis-
cours : nous avons
pourtant cru y devoir
faire quelques chan
gements, dont nous
rendrons compte.
ENCYCLOPÉDIE,
ov
DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES,
DE S AR T S ET D E S M É TI E R s,
PA.R UNE SOCIÉTÉ DE CENS DE LETTRES.
Mis on orW.
&publié!'"' M.
DI DER() T, de l'Académie Royale des Scicaccs 11c d., Bell"· 1.ctucs del'nltf.
»
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