Devoir de Philosophie

Fiche de lecture: Le Cid (1636). Corneille

Publié le 21/06/2011

Extrait du document

lecture

Corneille a tiré le Cid d'un drame espagnol, composé vers r618 par Guilhem de Castro, et que celui-ci avait emprunté aux anciennes légendes de son pays. Le poète français simplifie le sujet pour le resserrer dans le cadre des trois unités, et par cela même il donne la place la plus importante à l'analyse des sentiments : là est son originalité. De plus, il fait de Don Diègue, de Rodrigue et de Chimène, des caractères vraiment humains et dont l'héroïsme, si admirable qu'il soit, reste vraisemblable. Analyse. — Rodrigue, fils de Don Diègue, aime Chimène, fille de Don Gormas. Mais celui-ci ayant insulté son père, Rodrigue le provoque et le tue. Chimène, bien qu'elle continue à aimer Rodrigue, qua n'a fait que son devoir, veut, elle aussi, venger son père, et demande au roi la mort du meurtrier. Cependant Don Diègue apprend à son fils que les Maures vont tenter une surprise de nuit contre Séville; Rodrigue se met à la tête des amis de son père et de ceux qui viennent s'y joindre, et remporte une éclatante victoire. Il revient en vainqueur se présenter devant le roi. Celui-ci pardonne à Rodrigue la mort du comte, niais, pour satisfaire Chimène, il permet un duel entre Don Sanche que Chimène a choisi pour champion, et Rodrigue. Don Sanche est désarmé par son généreux adversaire, et le roi, qui s'est assuré que Chimène aime. toujours Rodrigue, laisse espérer leur prochain mariage.

lecture

« représenté au plus tôt le 2 janvier, au plus tard le 9 janvier 1637. 2.

Le Cid : une tragi-comédieSur le genre de la tragi-comédie dans lequel Corneille a d'abord rangé sa pièce, et sur la définition de celui-ci, voir «Originalité de l'oeuvre », p.

125.La plupart des éditions modernes reproduisant le texte de 1682 que Corneille a profondément remanié à la suite de laquerelle du Cid (voir « La querelle du Cid », p.

157), il n'est pas toujours aisé de repérer les éléments propres à latragi-comédie.R.

Guichemerre les a fort bien cernés dans son livre La Tragi-comédie (Paris, P.U.F., 1981, pp.

84-85).

Il écrit : « Lapièce, que son auteur appellera « tragédie » à partir de 1644 et qui passe généralement pour un chef-d'oeuvre «classique », a pourtant bien des éléments caractéristiques du genre tragi-comique : personnages hors du commun(l'amant chevaleresque qui offre sa tête à sa maîtresse offensée ou épargne le champion qu'elle lui propose, la jeunefille héroïque sacrifiant son amour au devoir de vengeance, l'infante romanesque rêvant de son beau guerrier ;situations dramatiques consacrées (une mort qui sépare deux amants, un conflit entre les liens du sang et de lapassion, des rivalités amoureuses) ; motifs traditionnels (insulte et duel sanglant, exploits du héros, combatjudiciaire, amant que l'héroïne croit mort) ; scènes mouvementées (la querelle, le défi) ou pathétiques (Chimène etDon Diègue aux pieds du roi) [...].

Il n'est guère de personnages, de situations ou de motifs du Cid qu'on n'ait déjàrencontrés dans les tragi-comédies du Du Ryer, Scudéry ou Rotrou.

» Envisagée sous cet angle, la pièce constituele chef d'oeuvre du genre, lequel connaît précisément son apogée dans la période qui s'étend de 1631 à 1642. 3.

Le Cid : une tragédieRebaptisée « tragédie » à partir de 1648, remaniée dans les éditions de 1660 et de 1682, l'oeuvre, par sa perfectionmême, dépasse dans le même temps la simple tragi-comédie pour atteindre à une majesté digne de la tragédie.

Labeauté du sujet qui oppose l'amour aux « lois du devoir et aux tendresses du sang », l'intériorisation du conflit,l'effort héroïque de Rodrigue et de Chimène, les considérations politiques, le style tour à tour vigoureux, lyrique etpathétique font du Cid une pièce capable de rivaliser avec la tragédie. 2.

L'oeuvre : architecture, mouvements, personnages L'architecture du Cid L'unité d'action chère à la dramaturgie classique (voir « Dramaturgie », p.

152) n'empêche pas que l'intrigue du Cidsoit complexe, variée et rapide.

Si l'on est parfois allé jusqu'à soutenir, non sans quelque raison, que Corneille amalmené cette unité, c'est qu'il a développé chaque épisode autant qu'il le pouvait.

On peut en distinguer cinq.1.

La querelle des pères et ses conséquences (lamentations de Don Diègue, hésitation de Rodrigue) occupent lesdeux tiers de l'acte I (scènes 3 à 6).2.

Le duel de Rodrigue et du comte, résultat fatal de la querelle, représente de la même façon un épisode complet,traité dans les six premières scènes de l'acte II — depuis les vaines démarches de Don Arias pour l'interdire (II, 1)jusqu'à l'annonce de son issue, en passant par les réactions et les inquiétudes qu'il soulève à la Cour.3.

Le procès se déroule en deux temps : la première « audience » clôt l'acte II (sc.

7 et 8).

Mis en « délibéré » (II,8, v.

733-734), le jugement intervient, après une seconde « audience » (IV, 4 et 5), dans les vers 1461 à 1464.4.

Le combat contre les Maures, prévisible dès l'acte II (6, v.

607-632) occupe, si l'on tient compte de sespréparatifs, de l'enthousiasme que suscite la victoire de Rodrigue, la fin de l'acte III (6, y.

1085 et suiv.) et les troispremières scènes de l'acte IV.5.

Le duel judiciaire, réclamé par Chimène (IV, 5, v.

14001405), si l'on englobe ses préparatifs, la décision deRodrigue de se laisser tuer par Don Sanche, l'attente de l'issue et le malentendu final, représente l'essentiel de l'acteV.Ces divers épisodes entretiennent cependant d'étroits rapports entre eux :a/ Dès la scène d'exposition, l'inquiétude de Chimène (I, 1, v.

53-56) laisse présager la querelle des pères ;b/ Le duel de Rodrigue et du comte, le procès et le duel judiciaire obéissent à un rigoureux enchaînement logiquec/ La victoire de Rodrigue sur les Maures modifie radicalement la situation du héros et les données du procès,comme l'espérait Don Diègue (III, 6, v.

1093-1096), comme le confirment l'infante (IV, 2, v.

1175-1190) et le roi (IV,3, v.

1253-1256) et comme le reconnaîtra amèrement Chimène(V, 7, v.

1807-1810).Pour la progression dramatique, voir « Dramaturgie », p.

152. Temps et lieux La fonction de l'unité de temps et son 'difficile respect par Corneille ont été traités dans les « Commentaires » (pp.152 sqq.)Le relevé suivant, établi d'après les indications temporelles contenues dans le texte, permettra de mieux préciser l'«heure » des événements :. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles