Gouverner l'école de Denis MEURET
Publié le 15/08/2012
Extrait du document
Pour MEURET, la régulation de l’éducation est définie le plus souvent comme « l’ensemble des procédures mises en place dans un système scolaire pour faire en sorte que ses agents essaient avec le plus d’efficacité possible d’atteindre les objectifs que lui fixe la nation «. L’auteur va s’efforcer ici de rendre raison des différences entre la France et les Etats-Unis dans la mise en œuvre réelle de dispositifs formels de régulation dont les principes affirmés sont semblables dans les deux pays. L’abandon de l’ancienne régulation est à mettre en parallèle avec la crise de l’Etat-Providence et avec la promotion d’un modèle « néo-libéral «, au sens d’individualiste et de consumériste. Aux Etats-Unis, le contrôle local exercé sur les enseignants donne des résultats mitigés : investissement des enseignants, mais aussi corruption et inéquité. En France, l’ancien modèle de la 3ème République basé sur les programmes nationaux et sur les inspections est en perte de vitesse et privilégie aujourd’hui le conseil pédagogique et l’autonomie des établissements. Mais cette nouvelle régulation crée un espace ouvert à la discussion dans lequel les valeurs que prônent les modèles politiques de l’éducation vont être mises en œuvre.
«
Pour DEWEY il y a une connexion organique entre l'éducation et l'expérience.
La solution consistera à mimer le monde et à s'ouvrir à lui.
Dans le modèle français,l'école soit se méfier du monde.
Il est impossible de cultiver l'esprit par des exercices purement formels.
Pour CONDORCET, l'école doit se limiter à l'instruction,rejeter la tâche d'éduquer.
Pour DEWEY, l'enseignant créé des conditions de l'apprentissage et l'élève apprend du monde à travers les solutions construites par lemaître.
Pour DURKHEIM, on apprend par le maître.
Respecter le maître est le signe du respect que l'on porte au savoir et, par là, à la société.
L'école est là pourdomestiquer des sauvageons.
Il s'agit d'aider l'élève à grandir.
Les disciplines doivent d'abord former l'esprit par sa valeur formatrice.
L'enseignement doit éveiller desfacultés spéculatives, les exercer pour DURKHEIM, pour produire des individus qui pensent justement.
Pour DEWEY, il faut comprendre le sens de nos expériences.L'enseignement doit préparer à tous les métiers de la même façon.
En France, une éducation orientée vers une transmission de contenus valant moins pour eux-mêmes que leur vertu de formation de la personne.
Aux Etats-Unis, uneéducation orientée vers l'expérimentation, la découverte, vers des contenus qui fassent sens pour l'élève.
2/ Les modèles d'éducation sur le terrain
Ce sont des modèles présentés comme une culture nationale.
ALEXANDER distingue les valeurs en matière de tradition humaine et les valeurs sur lesquelles sefonde la pédagogie.
La France est un pays de tradition individualiste et les Etats-Unis est un pays de tradition collective et communautaire.
En France, on parle d'unespace centré sur la parole du maître alors qu'aux Etats-Unis, on parle d'un espace ouvert sur l'activité de l'élève.
En France, il existe une mitraillette de questions etde réponses rapides adressées à toute la classe alors qu'aux Etats-Unis, il existe des dialogues approfondis et un approfondissement de la réflexion des élèves.
ChezDEWEY, il faut des approches « hands on », (mettre la main à la pâte).
On sollicite davantage l'activité des élèves.
Pour que l'enfant apprenne, il faut le faire dansdes situations à solution de problème.
Chez DURKHEIM, on parle d'élévation de l'esprit alors que chez DEWEY, on parle d'une éducation par l'expérience.
PourDURKHEIM, le but est de structurer leur esprit alors que chez DEWEY, quand ils font face à un problème à un problème, ils doivent choisir la meilleure solutionparmi plusieurs alternatives.
Dans les classes françaises, l'enseignement était plus souvent décontextualisé de l'expérience quotidienne des élèves.
Les classesfrançaises se caractérisent par un manque de consultation des élèves, d'expression de leurs opinions et de choix de leur part.
PIAGET parle d'assimilation etd'accommodation.
Du côté de l'assimilation, un enseignement fondé sur la mémorisation, la déduction visant la transmission d'un héritage.
Du côté del'accommodation, un enseignement fondé sur l'expérimentation et l'induction, susceptible d'évoluer dans le temps.
Au Etats-Unis, on travaille en petits groupes d'élèves, l'enseignant conseillant leur travail.
Il y a des échanges rapides questions/réponses entre le professeur et lesélèves.
DEWEY a pu écrire « intégrité, souci des autres, bon sens, esprit d'initiative, effort, persévérance, capacités d'organisation, souplesse d'esprit, capacité àrésoudre des problèmes, responsabilité, coopération, sens de l'humour, patience, amitié, curiosité, courage et fierté ».
Les partisans américains sont sur unfonctionnement social des écoles.
L'idée que l'enseignement devrait favoriser une insertion sociale réelle plutôt que dispenser une formation civique abstraite à traversla capacité à raisonner juste est reçu comme une évidence aux Etats-Unis, mais pas en France.
L'école française est toujours en train de se remettre en question.DEWEY proclame un apprentissage de et par la méthode expérimentale.
3/ Les modèles d'éducation dans les débats sur l'école
Les deux modèles sont encore actifs aujourd'hui.
Aux Etats-Unis, les universités sont spécialisées dans l'éducation défendant le modèle DEWEY.
En France, lemodèle de DURKHEIM est défendu par des intellectuels et des professeurs.
Il existe une société entre les enfants, les professeurs pour enseigner ont davantage besoin de savoir la pédagogie de leur discipline.
La conception d'ARENDT estbasée ici sur l'autorité de l'enseignant, sur son rôle de responsable du monde et sur la transmission de l'héritage.
DURKHEIM est le promoteur de la pédagogie.
SelonDEWEY, l'enfant est un être dont on doit favoriser le développement naturel.
L'école américaine fait acquérir des capacités de méthode plutôt que des contenus.
Cescritiques sont contre les réformistes français : le pédagogisme et l'égalitarisme.
La langue est considérée comme un titre dont la possession devrait être exigée pouraccéder au jardin des délices.
DEWEY distingue l'effort comme « chemin vers » et l'effort comme « préalable à ».
Les enfants sont égaux aux adultes et les enfantssont égaux entre eux.
C'est parce que le maître est au dessus des élèves comme la société.
La France serait menacée par l'importation du modèle deweyen.
« Mettrel'élève au centre du système scolaire », enseigner toujours à quelqu'un, la volonté d'impliquer les élèves dans ses apprentissages va dans le sens qu'il faut rendrel'élève actif.
Il faut donner une véritable dimension culturelle aux métiers en s'intéressant à leur histoire, aux textes littéraires qui parlent, à leurs enjeux économiques.Pour MEIRIEU, l'école doit préparer les jeunes à être les citoyens de demain accomplis d'un monde en perpétuelle évolution.
DEWEY arrive doucement en Franceavec les établissements scolaires expérimentaux.
La terminologie américaine vise la formation et l'épanouissement des élèves.
Aux Etats-Unis, on est sur un retour àl'enseignement des disciplines de base et à la standardisation des contenus.
La standardisation rend les élèves passifs.
DEWEY s'efforce à dire qu'il faut élargirl'horizon intellectuel de leurs élèves, stimuler les curiosités et approfondir leur compréhension.
Il faut enseigner pour la diversité pour apprendre à vivre ensemble defaçon constructive.
L'éducateur doit présenter le monde.
Le professeur doit épier et détecter la faim et la soif des élèves.
La société ne tient que parce que l'éducation l'empêche desombrer.
Pour MEIRIEU, nous sommes dans une société où réussir est toujours plus important que comprendre.
4/ Une généalogie politique des modèles d'éducation
Selon MEURET, la puissance des modèles d'éducation vient de leur congruence avec la culture politique de chaque pays.
Or la culture est un miroir de l'histoire,donc elle garde forcement des traces d'une influence religieuse, donc protestante ou catholique.
Mais l'éducation est aussi sous l'influence des discours politiques degouvernement.
C'est pour cette raison que DEWEY et DURKHEIM ont eu du succès : il y a congruence entre leur modèle et le discours du gouvernement.MEURET procède alors à une comparaison entre les idées de TOCQUEVILLE pour les Etats-Unis et les idées de ROUSSEAU et de SMITH pour la France.
TOCQUEVILLE anticipe les modèles de DEWEY et de DURKHEIM.
Il pense que l'intérêt personnel doit aussi servir l'intérêt de la société.
De plus, l'égalité au seind'une société apporte l'autonomie, le besoin de se distinguer et l'envie d'améliorer sa condition.
Pour TOCQUEVILLE, il n'existe pas d'éducation tutélaire aux Etats-Unis, cette dernière ne pouvant être imposée aux masses pour les civiliser ; le peuple américain veut apprendre de lui-même.
En outre, l'éducation telle que la conçoitTOCQUEVILLE ne coupe pas du monde.
Elle fait d'ailleurs partie d'un cercle vertueux qui mêle également l'égalité, la liberté et l'envie d'améliorer sa condition.
LesAméricains réussissent grâce aux envies et aux ambitions, notamment pour s'enrichir et s'élever dans l'échelle sociale.
Les observations qu'a faites TOCQUEVILLE se sont d'ailleurs produites en France (amélioration de la condition grâce à l'éducation, essor de l'enseignementtechnique, mathématiques comme marque d'excellence scolaire et non plus le latin, essor des sciences appliquées et scientifiques).
Un contrat inaugural permet auxhommes de vivre ensemble, c'est ce que signifie HOBBES lorsqu'il dit : « les hommes, par un pacte mutuel, abandonnent leur liberté naturelle à l'Etat en échange dela paix et de la sécurité » ; de même, ROUSSEAU dans « Le contrat social » parle d' « association protectrice des personnes et des biens ».
C'est là que l'écoledurkheimienne fabrique les citoyens du contrat de ROUSSEAU : l'éducation est importante, de même que l'exercice de la raison, mais la faible utilisation de l'oral àl'école reste un problème.
De plus, l'éducation est nécessaire chez ROUSSEAU pour faire échapper l'homme au règne de l'amour-propre et à la recherche de leurintérêt.
Il y a donc une ambivalence dans le modèle durkheimien : l'homme accomplit la société mais la menace.
DURKHEIM est alors le premier à faire appliquer.
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