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HÉRODOTE - Histoires

Publié le 22/04/2011

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Dans la deuxième moitié du Ve siècle avant Jésus-Christ, l'empire perse, sous la conduite de ses rois Cyrus (557-529), Cambyse (529-522) et Darius (522-486) s'est considérablement accru : depuis l'Indus jusqu'à la mer Égée, d'innombrables peuples lui paient tribut et ses armées ont pénétré profondément en Arabie, en Égypte, en Libye, mais aussi, vers le nord, en Scythie (voir la carte de l'empire perse, p. 10). Or, au début du Ve siècle, les cités grecques de la côte d'Asie Mineure, sujettes du « Grand Roi «, se révoltent. Darius mate cette révolte, brûle la plus belle ville d'Ionie, Milet (voir pp. 101-106). Puis il décide de punir les Athéniens, qui avaient voulu soutenir les Ioniens révoltés. Cette expédition punitive, menée en 490 et appelée première guerre médique aboutit à la conquête par la Perse des île de la mer Égée, mais les Athéniens repoussent les troupes ennemies à la bataille de Marathon (récit d'Hérodote, pp. 109-117).

« On tire de son œuvre la conclusion que vers le nord, il est remonté à quatre jours de navigation d'Olbia (IV, 52 et81), que vers l'est, il a vu Babylone (I, 181 et 183) et que, vers le sud, il a remonté le Nil jusqu'à Éléphantine (II,29).

Ajoutons à cela les nombreux voyages et séjours qu'il fit en Grèce proprement dite, en particulier à Athènes età Delphes.

Comment voyageait-il ? Il est probable qu'il ne s'écartait guère des grandes routes ; peut-être était-ilaccompagné d'esclaves secrétaires qui consignaient les réponses faites par les interprètes indigènes à ses questions(voir la façon dont procède Xerxès, p.

135).

Mais, tout en employant très fréquemment la première personne dansson œuvre, il reste tout à fait silencieux sur les conditions matérielles de son enquête, comme sur les événementsde sa vie (qu'on ne connaît, en fait, que par des témoignages très postérieurs). C'est ainsi qu'il ne dit mot de son installation à Thourioi à la fin de sa vie, non plus que de l'Italie et des régions del'Ouest.

Peut-être son œuvre était-elle alors déjà publiée.

Qu'il ait participé à la fondation de cette colonie a en toutcas pour nous une valeur au moins symbolique.

Thourioi fut fondée à l'instigation de Périclès, sous la direction ducélèbre devin Lampon, avec des contingents issus de plusieurs cités grecques et les lois de la cité furent faites, dit-on, par le sophiste Protagoras : l'influence d'Athènes, le panhellénisme, le respect de la religion traditionnelle, laconnaissance des débats introduits par la sophistique, tout cela est assez caractéristique d'Hérodote. 2.

L'œuvre : architecture, mouvements, personnages 1.

La composition de l'œuvre Citons la préface de J.

de Romilly (p.

6) : « On admet que c'est une histoire de ces guerres médiques, qui venaient tout juste de changer le monde pour lesGrecs.

Mais une surprise nous attend.

Car cette histoire, suivie et réfléchie, n'occupe en fait que la deuxième moitié de l'oeuvre.

[...] Jusqu'à : Non seulement il fonde par là l'histoire, mais on a l'impression d'assister à cette création de façon de plus en plusnette au fur et à mesure que l'œuvre avance.

» Peu à peu se dégagent les grands thèmes dans toute leur ampleur :la liberté des cités grecques, défendue particulièrement par Sparte et plus encore par Athènes (VII, 139),l'impérialisme perse qui s'étend à l'univers entier et rivalise même avec le pouvoir des dieux (« Nous rendrons la terrepersique limitrophe du ciel de Zeus », VII, 8).

On comprend alors que dès le premier livre Hérodote, dans une sortede grand prélude, ait situé Athènes et Sparte, ait décrit le destin tragique du roi Crésus, le premier à avoir asservides Grecs, et ait opposé à sa démesure les leçons du sage homme d'État athénien Solon.

Cette thématique double,politique et tragique, accompagne l'histoire des rois de Perse successifs.

Elle n'a rien de forcé ni de contraignant :Hérodote le dit lui-même, « mon récit depuis le début recherche les digression » (IV, 30), mû qu'il est par unétonnement sans cesse renouvelé. 2.

Les étonnements de l'enquêteur a/ L'ethnographe et l'historien Hérodote fait son enquête « afin que les événements humains ne disparaissent pas avec le temps et que les grandset merveilleux exploits accomplis par les Grecs et les Barbares ne perdent pas leur renommée » (c'est la premièrephrase de l'œuvre).

Ajoutons quelques remarques à nos « Commentaires » sur ce point (voir pp.

188-193).

Sur lesens des mots grecs d'abord.

Le mot traduit par « merveilleux » est thaumasta (cf.

français « thaumaturge »), ilsignifie aussi « étonnants » ; sans cesse, Hérodote le reprend dans son œuvre : «je m'étonne que...

», «j'admireque...

» Le mot traduit par « exploits », erga, signifie aussi « travaux, œuvres » : Hérodote s'intéresse autant auxmonuments, aux cités, aux institutions, aux coutumes, qu'aux faits d'armes. Hérodote se limite aux œuvres des hommes.

Précisons la comparaison avec son prédécesseur Hécatée sur ce point.Tous deux cherchent la « vérité » (voir la citation d'Hécatée, «Commentaires», p.

187).

Hécatée croit pouvoirl'établir en rationalisant les récits légendaires et poétiques.

Voici comment il comprend par exemple l'histoire du chiendes Enfers, Cerbère : « selon lui, un serpent monstrueux était né au Ténare, qu'on appela le chien de l'Hadès parceque son venin faisait mourir sur le coup celui qu'il avait mordu ; c'est ce serpent qu'Héraclès ramena à Eurysthée »(Hécatée, fragt.

27 Jacoby).

Hérodote, lui, tout en acceptant de raconter parfois des histoires peu croyables(toujours elles aussi rationalisées, avec le moins de merveilleux possible), refuse de parler du temps des dieux et deshéros (une exception : la guerre de Troie, sur laquelle il a sa théorie, mais fondée sur une enquête en Égypte, voirpp.

78-79).

C'est justement en limitant son enquête au temps des hommes qu'il devient le premier ethnographe et lepremier historien. b/ Hérodote et Montaigne-, penseurs des lois et coutumes L'enquête conduit à admirer la diversité des nomoi, « lois et coutumes » des hommes.

Au XVIe siècle, Montaigne(pp.

188 et 214) utilisa, parmi beaucoup d'autres sources antiques, Hérodote.

La comparaison est éclairante.Montaigne cite III, 38 : « il n'est rien que la coutume ne fasse ou qu'elle ne puisse : et avec raison l'appellePindarus, à ce qu'on m'a dit, la reine et emperière du monde » (Essais, I, 23, « De la coutume et de ne changer. »

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