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Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut (résumé & analyse)

Publié le 27/11/2018

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histoire
Histoire du chevalier Des Grieux
et de Manon Lescaut
 
En 1731, Prévost est en Hollande. Faute de pouvoir fournir à l’éditeur la fin de Cleveland, promise pour février, il rédige en hâte, d’une seule coulée, dans le mois de janvier semble-t-il, un VIF tome des Mémoires et aventures d'un homme de qualité, récit en apparence
 
autonome, qui relate l’histoire de Des Grieux et de Manon.
 
C’est le foyer central de l’œuvre romanesque de Prévost : l’intensité, la sincérité laissent deviner une grande part d'autobiographie; coup de foudre, tendresse, désespoir, soumission rythment, comme dans la vie de l’abbé, la recherche d’un absolu. Les thèmes fondamentaux de toute l’œuvre sont là : la femme fatale qui entraîne l'amant à la déchéance, le mélange d’amour fou, de libertinage et d’amour « fraternel », le conflit avec le père, la toute-puissance des vieillards et de l’ordre social, et, philosophiquement, l’illustration parfaite du malebranchisme : impuissance de la volonté, opacité de la conscience, confusion sur la nature du souverain bien; Des Grieux vit « en Manon » au lieu de vivre « en Dieu », qui utilise cette passion comme « cause occasionnelle » pour récupérer l’égaré.
 
Synopsis. — L'« homme de qualité » rencontre à Pacy-sur-Eure un convoi de filles que l'on déporte en Louisiane. Le jeune chevalier Des Grieux suit, affligé, ce convoi dans lequel se trouve sa maîtresse, Manon Lescaut. Deux ans plus tard, l'« homme de qualité » rencontre de nouveau Des Grieux à Calais. Manon est morte en Amérique. Dans une auberge, le chevalier évoque pour son auditeur les cinq années de son aventure avec Manon, leur rencontre fulgurante quand il avait dix-sept ans et elle seize, 

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« libertinage et d'amour «fraternel», le conflit avec le père, la toute-puissance des vieillards et de l'ordre social, et, philosophiquement, l'illustration parfaite du malebranchisme : impuissance de la volonté, opacité de la conscience, confusion sur la nature du souverain bien; Des Grieux vit «en Manon» au lieu de vivre «en Dieu », qui utilise cette passion comme « cause occa­ sionnelle » pour récupérer l'égaré.

Synopsis.

-l'« homm e de qualité» rencon tre à Pacy­ s ur -Eure un convoi de filles que l'on déporte en Louisiane.

le je un e chevalier Des Grieux suit, affligé, ce convoi dans l e qu el se trouve sa maîtresse.

Manon lescaut.

Deux ans plus tard.

1'« homme de qualité » rencontre de nouveau Des Grieux è Calais.

Manon est morte en Am ériq ue.

Dans une auberge.

le chevalier évoque pour son auditeur les cinq années de son aventure av e c Manon.

leur rencontre fulgu­ rante quand il avait dix-sept ans et elle seize.

leur amour fou.

La famille de Manon l' en vo ya it è Amiens au couve nt pour arrêter "son penchant au plaisir>> .

Elle s'enfuit avec D es Grieux.

Après quelques jours passionnés dans le Paris de la Régence.

elle le trompe avec un financier pour se procurer de l'argent, puis livre Des Grieux à sa famille.

Le jeune homme reprend ses études au séminaire.

Un jour d'exercice public, Manon réapparaît à Saint -S ul pice .

"enlève» Des Grieux.

Pour fo urn ir à Manon les plaisirs sans le squ els elle ne peut vivre.

celui-ci va jouer.

triche r.

aller de déchéance en déchéance.

avec l'aide de lescaut, frère mousquetaire et truand de Manon; jusqu'au meur tre d'un gardien pour s'évader de la prison où on l'a enfermé et aller délivrer Manon de la sienn e.

Des Grieux rompt avec son père.

La vie d'amour, de trahisons, de jeux incons­ cients d'enfants.

d'aventures picaresques reprend.

malgré les avertissements de l'ami et ange gardien Tiberge.

jus­ qu'au jour où le père de Des Grieux et un vieillard libidineux dupé par les deux amants font déporter Manon en loui­ siane, pour ramener Des Grieux è ses devoirs sociaux et à sa vocation de chevalier de Malte.

Mais Des Grieux part av ec elle po ur l'Am ériqu e.

Au moment où leur amour, épuré par les épreuves.

incite Manon et Des Grieux.

régénérés dans le paradis amé­ ricain.

à ré g ular iser par le mariage leur situation devant Dieu.

le gouverneur veut donner Manon pour femme à son n e veu .

Des Grieux se bat en duel avec celui-ci et croit l'avoir tué.

Les amants fuient.

Manon , épuis ée.

meurt dans un désert; Des Grieux doit l'enterrer de ses propres mains avant de rentrer tristement en France.

où Dieu le fait " retourner à lui par les voies de la pénitence».

L'architecture labyrinthique laisse soudain, pour 200 pages, la place à une ligne pure de tragédie et de parabole.

Mythes et légendes se pro jettent ici, mêlés : la fatalité, la folie d'Oreste, le fils prodigue, la Madeleine repentie, chute et rédemption, etc.

D'où le succès univer­ sel, dû aussi au style plus concret et transparent, car le roman se présente comme un récit oral fait par Des Grieux à l'« homme de qualité ».

L'originalité littéraire de Manon Lescaut est grande : d'abord un genre nouveau, inclassable; par son intention de montrer « un exemple terrible de la force des pas­ sions », le récit rejoint la tradition catholique des «his­ toires galantes et tragiques», mais c'est aussi une « confession », comme on en publie dans les pays protes­ tants pour l'édification des autres.

C'est à Londres que Prévost a lu les «histoires véritables » de Robert Challe, les Illustres Françaises, et découvert le réalisme dans le roman et dans les faits divers des journaux.

Le nom de Manon Lescaut n'est que la transcription de celui de l'héroïne de De Foe, Moll Flanders, prostituée scanda­ leuse et femme honorée.

Contamination de genres qui se trouve unifiée par le grand souffle poétique d'une pas­ sion sûrement vécue.

Avec, çà et là, des pointes de comi­ que ou de paradoxes ambigus, comme ce sermon sacri­ lège à l'ami Tiberge où J'amour pour Manon devient 1' équivalent de la sainteté (l'un des passages qui ont contribué à faire condamner le livre au feu quand il a paru en France en 1733).

L'originalité suprême est d'avoir pris comme héroïne centrale une morte.

N'existant que par la parole de Des Grieux, Manon est vraiment un « mythe», et le récit évocation, incantation, résurrection.

Récit bien « rodé », car Des Grieux l'a déjà fait plusieurs fois (au comman­ dant du bateau, au gouverneur ...

).

A chaque répétition, l'amour passé s'épure, se magnifie.

Dieu a sacrifié Manon pour reprendre Des Grieux, mais le récit litté­ raire, plus fort que Dieu, fait triompher, de plus en plus exalté, un amour sublime.

Narrateur habile, comédien et sermonnaire, expert en plaidoyers pathétiques et en mauvaise foi, maître de la parole romanesque, Des Grieux/Prévost est parvenu à faire croire à des généra­ tions successives -et à s'en persuader lui-même en premier -que son aventure pitoyable de fils de famille dévoyé avec une charmante et inconsciente catin fut un des grands mythes d'amour de l'Occident.

Chef-d'œuvre de l'illusion romanesque! Il fallut vingt ans -de 1733 à 1753 -pour que le livre cessât d'être un scandale et fît l'objet d'une édition revue par Prévost.

Celui-ci avait alors renoncé au grand roman métaphysique : désormais, après la mort de Manon, Des Grieux n'était plus récupéré par Dieu, mais revenait simplement à ses devoirs sociaux.

La sublime tragédie devenait drame.

Première altération d'un texte que les générations successives ont elles aussi falsifié.

Comme pour les fresques antiques, il faut décaper toutes ces couches de mauvais badigeon pour retrouver dans sa pureté métaphysique Je récit tragique de 1731, lorsqu'il était l'aventure de Des Grieux et pas encore, comme pour nous aujourd'hui, Manon Lescaut.

BIBLIOGRAPHIE Pour les problèmes d'édition : Allan Holla.nd, «Manon Les­ caut »de l'abbé Prévost, 1731-1759.

Étude bibliographique et textuelle, Genève, Slatkine, 1984.

Parmi d'innombrables études, on pourra consulter, pour ryesurer 1' évolution des tendances de la critique : Paul Hazard, Etudes critiques sur « Manon Lescaut », the University of Chi­ cago Press, 1929; Jean Cocteau, « Manon >>,dans Revue de Paris, octobre 1947; Jacques Proust,« le Co rp s de Manon », dans Litté­ rature, n° 4, décembre 1971, repris dans l'Objet et le Texte, Genève, Droz, 1980; Jean-Luc Jaccard, «Manon Lescaut ».

Le personnage-romancier, Paris, Nizet, 1975; J.

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