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Prévost : Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut (analyse complète)

Publié le 17/01/2022

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Cours

Le succès inégalé du petit roman de Prévost, Manon Lescaut, repose paradoxalement sur une série de malentendus : pour la plupart des lecteurs d’aujourd’hui, Prévost est l’auteur de Manon Lescaut : ce chef d’œuvre, qui est probablement le roman le plus réédité de notre littérature et a suscité une bibliographie énorme, unique pour un roman du XVIIIe siècle, a éclipsé longtemps le reste de sa production romanesque ; à son époque, Prévost était l’auteur des  Mémoires et aventures d’un homme de qualité et de  Cleveland,  gros romans touffus considérés comme plus ou moins illisibles jusqu’à une assez récente redécouverte, surtout pour le second, qui a bénéficié d’une édition récente et de figurer  au programme de l’agrégation ; le premier reste injustement méconnu et très peu étudié

 Considéré comme un roman exceptionnel au sein d’une œuvre prolixe et inégale, Manon Lescaut aurait dû sa vérité poignante à une aventure autobiographique de l’auteur, la passion éprouvée par Prévost pour une aventurière hollandaise, Lenki Eckart : cette piste est aujourd’hui écartée, le roman ayant été écrit avant la rencontre avec Lenki. Des ouvrages critiques ont montré au contraire la cohérence de l’œuvre et les nombreux rapprochements que l’on peut faire entre  Manon Lescaut et les autres roman, sans méconnaître pour autant la singularité du premier. Enfin, les adaptations nombreuses du XIXe siècle, le roman de Dumas, La Dame aux camélias et les opéras qui ont suivi, ont élargi le succès du roman en le trahissant, c’est-à-dire en focalisant l’intérêt presque exclusivement sur le personnage féminin, comme en témoigne d’ailleurs la tendance à abréger le titre en  Manon Lescaut voire en  Manon. Or Prévost avait écrit 

L’Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut, récit que fait un jeune aristocrate de la fin du règne de Louis XIV de sa passion pour une jeune femme et de sa fin tragique. Manon n’apparaît jamais que dans la perspective du narrateur, vision rétrospective encore marquée par la confusion des sentiments et la douleur de la perte. Nous étudierons donc les différents  aspects de ce « roman égocentrique «, selon l’expression de Jean Sgard, en le situant  également dans l’œuvre de Prévost, particulièrement dans la continuité de son premier roman, 

Mémoires et aventures d’un homme de qualité. 

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