Jacques CHARDONNE : Le Bonheur de Barbezieux

« Photo Rouchon 1 Explorer Jacques Chardonne était attaché à la Charente comme Marcel Pagnol et J ean Giono /'étaient à la Provence et René Char au Vaucluse.

Ils furent de plus en plus nom­ breux à prôner !'authenti cité de leurs terroirs.

Et Chardonne de décri­ re ainsi sa terre na­ tale : "Ri en ne frap ­ pe d'abord, même la lumière, dans ce pays sans pittoresque, à la fois verdoyant et un peu désertique, sou­ riant et intimement triste, oû !'homme invisible est si mêlé à la terre." Le livre Les souve nir s de Barbez ie u x T oute enfance a son lieu privilégié.

Celui de Jacques Boutelleau, alias Jacques Chardonne , c'est le petit village charentais de Barb ezieux .

Dans la propriété du Guéry , il passe ses premières années auprès de son grand-père, gérant d'une société vinicole, homme à l'esprit novateur, grande figure de son enfance.

Mais celui-ci laisse à ses de ux fils une affaire en faillite.

Les Boutelleau , qui tenaient autrefois le haut du pavé à Barbezieu x, sont alors ruinés .

Dans cette grande maison blanche à balustres de la place du château, il se souvient très bien de son père , éc rivain à ses heures , lui confiant : "La litté­ rature , ce n'est pas un métier , c'est un secret." Cette leçon, il ne l 'oubliera pas.

Car le jeune homme qu' il était savait qu'un jour il écrirait.

Toutefois , il ne se précipite ni dans la lecture , ni dans 1 'écriture dont il ne connaît rien encore.

C'est à Chardonne que ce jeune tuberculeux , alors en convalescence , écrit pour la pre­ mière fois et découvre avec surprise sa propre faculté d'imagi­ nation.

Quelqu es années plus tard, alors secrétaire chez le libraire éditeur P.

Y.

Stock, il emprunte le nom de ce village comme pseudonyme littéraire .

Barbe zieu x a marqué Char­ donne aussi par les amitiés qu' il y a nouée s avec Jacques De­ lamain et Henri Fauconnier.

La nosta lg ie d' une sagesse provi ncia le L e Bonheur de Barb ezieu x regroupe des souvenirs d'en­ fance, mais aussi des réflexion s sur une société provin­ cia le disparue.

De plus, l 'auteur y fait l'éloge de la grande bourgeoisi e commerçante dont il est issu.

Cet éloge va d'ail­ leurs à l'encontre des critiques promulguées par les littérateurs de l 'époque, qui s'insurgeaient alors contre cette fameu se caste.

Dan s cette œuvre , l'homme averti qui écrit, dépeint l'héritage intell ectuel qu' il tient de cet entourage auquel il doit son art de vivre posément, son sens ra ffiné des vertus de la bourgeoisie fran çaise et son goû t prononcé pour la perfection.

De ce livre , il éman e une atmosphère douce et chaleureuse, et une pâle lu­ mière qui enveloppe ces souvenirs d'une tendre affection pour la Charente.. »