JADIS ET NAGUÈRE de Paul Verlaine (résumé & analyse)

JADIS ET NAGUÈRE

de Paul Verlaine. Poèmes, 1884.

Malgré la présentation en deux parties (Jadis, Naguère), qui incline à y voir une certaine cohérence chronologique, ce recueil n’offre aucune unité : il est constitué de poèmes les uns très récents, les autres composés près de quinze années plus tôt. La pièce la plus importante du recueil est sans doute l’«Àrt poétique», qui, en quelques strophes, résume les éléments essentiels de l’esthétique du poème: primat de la musicalité («De la musique avant toute chose») et emploi des rythmes impairs; recherche de l’imprécision, de la nuance (« Pas la Couleur, rien que la Nuance ! »), de la suggestion (« Prends l’éloquence et tords-lui son cou »); rejet des contraintes artificielles (« O qui dira les torts de la Rime ! »).

♦ La plupart des pièces de Jadis et Naguère ont été écrites par Verlaine (1844-1896) en 1874, après le drame de Bruxelles (Verlaine avait tiré sur Rimbaud) et l’emprisonnement qui s’ensuivit. Elles avaient été initialement conçues pour entrer dans un recueil qui ne vit pas le jour, Cellulaire ment, dont les éléments se trouvent répartis entre ce recueil et celui de Sagesse*, publié en 1881 : mais autant ce dernier est homogène par son inspiration religieuse, autant Jadis et Naguère présente une allure disparate, faisant alterner l’ironie («Le Pitre», «Clown», «Pantoum négligé»), l’émotion («Kaléidoscope»), et la tendresse nostalgique pour les amours fantasques déjà évoquées dans Les Fêtes galantes («Circonspection», «Les uns et les autres»).