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JULES BARBEY D'AUREVILLY : Une Vieille Maîtresse.

Publié le 23/10/2012

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JULES BARBEY D'AUREVILLY : Une Vieille Maîtresse. L'ensorcelé Dans les années 1830, le séduisant Ryno de Marigny, dandy scandaleux, doit épouser la douce et aristocratique Hermangarde de Polastron que chérit sa grand-mère, la marquise de Flers. Opposée à cette union, la comtesse d'Artelles, secondée par son ancien amant le vicomte de Prosny, alerte son amie Mme de Flers. Celle-ci obtient de son futur petit-fils la confession de sa passion pour Vellini et sa rupture avec cette « vieille maîtresse « dont il croit pouvoir oublier le charme envoûtant et animal auprès de la pure et angélique Hermangarde. La jeune fille, aussi blonde et douce que Vellini est brune et sauvage, fascinée par la renommée du jeune séducteur avant même de le connaître, s'éprend follement de lui. Ils se marient donc. Mais leur voyage de noces en Normandie dans un château isolé dominant la grève est vite troublé par la réapparition de Vellini. Un soir, alors qu'il chevauche sur la plage, Ryno la rencontre et renoue les liens d'une passion inextinguible : un pacte mystérieux et indissoluble paraît unir ces deux êtres. Se sachant trahie, Hermangarde meurt doucement. La beauté du diable On peut être surpris par l'outrance dandy du style, les fleurs de langage et la violence emphatique de certaines scènes, mais peu à peu on se laisse gagner par la fascination que le héros éprouve pour cette étrange Vellini. L'emprise qu'elle exerce inexorablement sur Ryno malgré son âge et la durée de leur liaison crée une tension dramatique qui ne se relâche pas. Vellini représente la tentation permanente, c'est un personnage diabolique. Cette passion fait vol...
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« EXTRAITS --------------~ Le roman fut jugé audacieux et provoqua quelque scandale car, converti au catholi­ cisme en 1846, Barbey publiait en même temps Les Prophètes du passé, ouvrage de doctrine d'une orthodoxie exigeante.

Beaucoup crièrent à l'impiété et mirent en doute la sincérité de l'auteur.

« Ils reprirent leur course ...

s'enivrant ainsi du grand air, de bonté et de mélancolie ...

>> Ryno expose à la marquise de Flers le caractère paradoxal de son amour pour Vellini Mais cet amour ne changeait pas le carac­ tère de Vellini.

L'asservissement de cette âme impérieuse, qui s'était rejetée à la haine pour ne pas se livrer à l'amour, ne fut pas si grand, si complet que parfois elle ne se relevait comme l'acier d'une épée qu'on plie sur le pavé, de toute sa hauteur, sous ma main.

Il avait beau m'être attaché par des liens de feu, ce cœur s'insurgeait souvent contre moi.

De mon côté (mystérieuse et na­ turelle sympathie ! ), moi, qui n'avais pas cherché comme elle à étouffer dans mon âme la passion qu'elle y avait allumée, je sentais la haine et la colère passer quel­ quefois à travers l'amour ! Un portrait de la beauté étrange de Vellini Vellini était petite et maigre.

Sa peau, qui manquait ordinairement de transparence, était d'un ton presque aussi foncé que le vin extrait du raisin brûlé de son pays.

Son front, projeté durement en avant, pa­ raissait d'autant plus bombé que le nez se creusait un peu à la ra­ cine ; une bouche trop grande, estompée d'un duvet noir bleu, qui, avec la poitrine extrê­ mement plate de la se nora, lui donnait fort un air de jeune garçon déguisé; oui, voilà ce qui paraissait, aveu­ glait d'abord, ce qui choquait au premier coup d'œil, ce qui faisait dire, aux yeux épris des lignes de la tête caucasienne, qu'elle était laide, la sefiora Vellini.

(.

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.)mais, di­ sons tout : pour peu qu'une passion ou un caprice la fit sauter debout; pour peu qu'un invisible coup de trom­ pette, un accent réveillé des sentiments engourdis, lançât le frisson dans sa maigreur nerveuse et l'arrachât au sommeil de sa pensée ...

elle n'était pas belle, non, jamais ! mais elle était vivante, et la vie, chez elle, valait la beauté dans les autres ! L'Expression -ce dieu caché au fond de nos âmes - la créait par une foudroyante métamor­ phose.

Alors, ce front en­ vahi par une chevelure mal plantée, ce front d'esclave, étroit, entêté, ténébreux, grossissait, grandissait et comman­ dait au visage.

Ce nez, commencé par un peintre Kalmouk, finissait en na­ rines entr' ouvertes, fines, palpitantes, comme le ciseau grec en eût prêté à la sta­ tue du Désir.

Les coins de la bouche allaient mourir dans des fossettes voluptueuses.

Les yeux, emplis par des prunelles d'une largeur extraordinaire, noirs, durs, faux, espion­ nants, tisons ardents d'un vrai brasero sans flammes, s'avivaient d'une clarté qui brû­ lait le jour.

C'étaient des yeux infernaux ou célestes, car l'homme n'a guère que ces mots-là qui cachent l'Infini, pour en expri­ mer la puissance.

A coup sûr, c'étaient des yeux pareils qui avaient inspiré le distique klephte: « Un de tes cheveux! que je m'en couse les paupières pour ne plus regarder d'autres yeux que les tiens ! »Ah ! dans ces moments-là , quelle revanche la se nora pre­ nait sur les femmes toujours belles !. »

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