La Chartreuse de Parme de Stendhal

 

La Chartreuse de Parme est née d’un projet de récit napoléonien (la bataille de Waterloo) et de l’intérêt particulier que Stendhal avait porté dès 1834 à un manuscrit italien qui racontait les débuts d’Alexandre Farnèse (les Farnèse ont régné à Parme), futur pape sous le nom de Paul III. La vie de Fabrice (sujet des Farnèse ressuscites par le roman) reprend les épisodes principaux de la vie d’Alexandre. Le roman est né dès que Stendhal conçoit l’idée lumineuse de transposer la chronique à l’époque actuelle. C’était se placer dans une position de synthèse de toute son œuvre divisée en côtés (France/Italie, héroïsme sublime et réalisme strict; roman comme romance et comme novel), réunir dans une somme d’ita-lianité tous les éléments d’actualité et d’histoire profonde, de vérité et de légende propres à l’espace-temps italien indifféremment archaïque et moderne.

 

Œuvre de synthèse et d’harmonie, sommet et achèvement de l’œuvre stendhalienne, le roman a été salué par la critique comme un miracle littéraire : improvisé en cinquante-deux jours (du 4 novembre au 26 décembre 1838), en un état de grâce devenu légendaire, il est l’exemple du « bonheur d’écrire », du bonheur de revivre (la vie milanaise, Parme et le Corrège), du bonheur de vivre des « âmes d’élite » imaginaires. Depuis Balzac on s’interroge sur la magie de ce roman, sur son charme et sa lumière : pour G. Durand, il est la perfection du genre, une sorte d’archétype de l’imaginaire, qui en offre les principaux symboles (mystique/épique) et, surtout, laisse s’épanouir dans sa plénitude bienheureuse la trajectoire du héros exemplaire.