Stendhal: La Chartreuse de Parme
Publié le 08/01/2020
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Quant à sa chronologie interne, le roman suit le déroulement d’une vie, celle de Fabrice : il commence deux ans avant sa naissance, en 1796, et s’achève à sa mort, en 1830. Né en 1798, Fabrice meurt donc à trente-deux ans. Le récit est rythmé par quelques grandes dates : juin 1815, Waterloo; août 1822, emprisonnement de Fabrice à la tour Farnèse, d’où il s’évade en mai 1823 (symboliquement son séjour a duré neuf mois) ; en août 1823, le prince de Parme est assassiné ; en octobre 1824, Fabrice retourne dans sa prison, où Clélia se donne à lui; en mai 1826 enfin, Clélia fixe à Fabrice le rendez-vous de l’orangerie et c’est en 1827 qu’elle met au monde le petit Sandrino, qui meurt en 1829.
b - La société fictive
Pour l’essentiel, ce sont des milieux aristocratiques qu’on traverse : la famille de Fabrice del Dongo est noble et riche, le comte Mosca délia Rovere Sorezana conquiert richesse et pouvoir et, à la Cour de Parme, seule la haute société aristocratique est admise. Seuls, parmi les personnages importants, Clélia, fille d’un général autrefois libéral et devenu gouverneur
bonheur, donc du sens de la vie : il croit - à tort ou à raison - qu’au XVIe siècle on y répondait mieux, parce qu’alors, comme il l’écrivait, «le monde était jeune», alors qu’il avait terriblement vieilli en 1815, époque où «avoir vingt ans n’était pas le plus bel âge de la vie».
2 - Résumé et composition
a - Les données de l'intrigue
Le roman se compose de deux livres, chacun comportant treize chapitres. Un «Avertissement» se trouve en tête. ■
Livre I
L’armée du jeune général Bonaparte entre triomphalement à Milan, le 15 mai 1796. Parmi les soldats, un jeune homme, le lieutenant Robert, se trouve par hasard logé au palais de la marquise del Dongo. Un an plus tard, la marquise met au monde Fabrice, le héros du récit. Le marquis del Dongo, son mari, s’est réfugié dans sa terre de Grianta, par peur et par haine des Français : il a en effet embrassé le parti autrichien. Tandis qu’avec son fils aîné, Ascagne, le marquis complote, Fabrice vit comme un petit sauvage, au bord du lac et dans la forêt de Grianta. Sa tante, la belle Gina, qui a épousé le comte Pietranera, officier républicain pro-bonapartiste, le fait venir à Milan pour s’occuper un peu de son éducation. Mais elle perd son mari et vient s’installer à Grianta en 1814 : à trente ans, elle se croit vieille. Arrive la nouvelle du débarquement de Napoléon à l’île d’Elbe : élevé dans l’admiration fervente de l’Empereur par sa tante et sa mère, Fabrice court combattre aux côtés de Napoléon et participe sans rien y comprendre à la bataille de Waterloo. Obligé de se cacher pour revenir en Italie, puisque la police autrichienne veille, il est accueilli par sa tante qui a décidé de le ramener avec elle à Milan. Sur la route, les voyageurs manquent d’être arrêtés et Fabrice rencontre pour la première fois la jeune Clélia Conti. Gina, qui s’ennuie, prend pour amant le comte Mosca, tout-puissant ministre de la Cour de Parme, qui arrange pour elle un mariage de convenance avec le duc Sanseverina Taxis, vieillard riche et complaisant. Voilà la tante de Fabrice riche et puissante à la Cour de Parme où elle fait venir Fabrice ; l’intimité très tendre de la tante et de son neveu rend Mosca jaloux. Il convainc Fabrice d’embrasser la carrière ecclésiastique et l’envoie étudier la théologie à Naples. Trois ans plus tard (en 1821 dans la chronologie du roman), Fabrice revient, plus séduisant que jamais. Il s’éprend par caprice d’une comédienne, Marietta, et, malgré les risques qu’il court car la police autrichienne le surveille étroitement depuis qu’elle sait qu’il avait rejoint Napoléon à Waterloo, il n’hésite pas à retourner voir son vieux précepteur, l’abbé

«
LA FICHE DE LECTURE LITTÉRAIRE
Il n'y a pas de «chartreuse» à Parme.
Le titre (comme tous les titres stend
haliens) a paru mystérieux à la plupart des lecteurs: certes, l'action se déroule
pour l'essentiel dans la ville de Parme, mais à la Cour du prince régnant, soit
dans le lieu le plus mondain qui soit et le plus opposé à la retraite, à la solitude,
au silence que connote le terme de chartreuse (du latin carcer, prison).
Pour le
choix de la ville elle-même, il y a plusieurs explications : les Farnèse (de l'histoire
desquels s'inspire partiellement Stendhal) avaient régné sur Parme; d'autre part,
Parme était la ville du peintre préféré de Stendhal, le Corrège, aux merveilleux
portraits duquel il compare ses plus beaux personnages.
Quant à la chartreuse
elle-même, elle n'apparaît que dans les dernières pages, lorsque Fabrice, ayant
perdu sa compagne et leur fils, se retire du monde.
Stendhal tenait à faire figurer
ce symbole religieux dans le titre de son roman, puisqu'il avait d'abord pensé
à l'intituler : La Chartreuse noire.
De plus, il pose quelques jalons qui laissent
présager la fin: l'abbé Blanès prédit à Fabrice, au chapitre 8 qu'il finira «vêtu
de blanc» sur un siège de bois et il fait allusion à une autre chartreuse, celle de
Velleja.
Le syntagme complet «la chartreuse de Parme» oriente le roman vers sa
vérité, qui est justement le contraire du roman, de l'agitation, des aventures.
La
chartreuse est le lieu où, peut-être, les belles âmes stendhaliennes pourraient être
enfin elles-mêmes, loin de la boue du monde.
Et le nom de Parme, combiné à
chartreuse, produit un mot stendhalien par excellence: le mot «charme».
c -Liens avec les autres œuvres de Stendhal
Stendhal a tant mis de lui-même dans sa dernière œuvre que sans doute on peut
la lier à tout ce qu'il a écrit, y compris aux écrits autobiographiques, puisqu'il
habite la plupart de ses beaux personnages.
De plus, l'action du roman est située
en Italie, la vraie patrie stendhalienne, la terre choisie et aimée.
Mais s'il faut
choisir, c'est naturellement des Chroniques italiennes qu'il faut rapprocher La
Chartreuse: d'abord parce qu'une part importante de l'intrigue du roman vient
d'un de ces récits que Stendhal avait traduits pour les adapter -I:origine de la
grandeur de la famz'lle Farnèse -(Alexandre Farnèse, bâtard, lui donne l'idée de
Fabrice, autre bâtard; la merveilleuse Vandozza est le modèle de Gina, tante de
Fabrice comme la Vandozza était celle d'Alexandre; Alexandre et Fabrice sont
beaux, brillants et libertins*; enfin tous deux tombent amoureux d'une jeune
fille rencontrée par hasard); ensuite et surtout parce que Stendhal trouvait dans
ces vieilles histoires d'un autre temps une énergie, un goût du bonheur, de folles
passions, des crimes d'amour, d'affreuses vengeances, que le triste et bourgeois
XIX" siècle semblait peu capable de contenir.
Il transpose donc : La Chartreuse de
Parme est bien une chronique* italienne contemporaine.
En plein XIX" siècle, des
êtres sublimes et de vrais désirs ! La seule question pour Stendhal était celle du
166.
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