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La Princesse de Clèves de Mme de La Fayette

Publié le 09/01/2019

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Les quatre « volumes » de la Princesse de Clèves (1678) ne correspondent pas à quatre parties : le récit, d’un seul tenant, se déroule sur un an, en 1559, sous le règne de Henri II, entre le mariage des princesses royales et la mort du roi.

 

Synopsis. —Après une longue présentation de la Cour et de ses principaux acteurs — Diane de Poitiers, Catherine de Médicis, la Dauphine. Marie Stuart —, est introduit le personnage de Mlle de Chartres, riche et belle héritière élevée loin des intrigues, qui, peu après son arrivée, épouse par raison le prince de Clèves, qui l'aime de passion. Au cours d'un bal, la princesse rencontre le duc de Nemours, le plus séduisant des gentilshommes : c'est entre eux le coup de foudre. Tandis que le duc en prend aussitôt conscience, la princesse, instruite par sa mère du danger des liaisons, résiste longtemps à son trouble, mais — surtout après la mort de sa mère — avec de plus en plus de mauvaise foi. Des épisodes adventices (les amours du roi et de Diane; celles d'Henri VIII, l'histoire de Mme de Tour-non), loin de briser le fil du récit, élaborent, dans la perspective de l'héroïne, la suite de ces « peintures de l'amour » qui devraient l'avertir de son destin malheureux, mais qu'elle ne comprendra que trop tard. Au cours d'un séjour dans ses terres de Coulommiers, Mme de Clèves cède aux soupçons de son mari et lui avoue, en implorant sa protection contre elle-même, qu’elle est éprise d'un autre homme; bientôt M. de Clèves n'ignore plus que Nemours est son rival heureux — à la faute près. Tandis que les amants s'abandonnent, chacun de son côté, aux rêveries de l'amour, le prince se laisse mourir de douleur, la princesse se retire dans ses terres. Une entrevue a lieu, où les amants se parlent pour la première et dernière fois à cœur ouvert. La princesse refuse de revoir Nemours et renonce à jamais au monde.

 

La Princesse de Clèves doit se lire comme un livre de Mémoires : la lettre de Mme de La Fayette à Lescheraine le dit clairement. D’où, pour des lecteurs comme Bussy ou Valincour, le reproche d’anachronisme, même si Mme de La Fayette a pris soin de définir ses protagonistes comme non historiques. On fut même étonné de ne retrouver que rarement dans le fil du récit les figures célèbres posées à l’introduction. C’est justement que le point de départ, a-romanesque, n’est purement descriptif que pour que l’action romanesque, avec l’apparition du duc de Nemours, soit ressentie comme la rupture d’un ordre, désir et obstacle, condition du roman et fondement du récit. Dès lors, l’ample prélude « historique » de même que les intrigues secondaires fonctionnent autour de l’action centrale comme à l’intérieur d’une composition musicale, avec effets d’échos et de contrepoint.

 

L’héroïne « lira » son histoire à la fin du roman seulement. Pour Mme de La Fayette — comme plus tard pour Flaubert —, il n’y a pas d’« éducation sentimentale » possible. Mais alors, où se situe la réalité? Dans l’ordre historique ou dans l’expérience passionnelle représentée comme désordre? Le génie de Mme de La Fayette tient dans ce vertige créé : « Si vous jugez sur les apparences dans ce lieu-ci, vous serez souvent trompé : ce qui paraît n’est presque jamais la vérité ». Seul le retour sur soi, fatalement vécu après l’acte aveugle, ramène l’être à la conscience du réel, tout trouble qu’il soit. On peut aussi percevoir indirectement la vérité, comme dans la scène de Coulommiers, où le rôle de l’amant se confond avec celui du voyeur.

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« Princesse de Clèves dénonce la mise en équation du monde et fait passer aux maximes l'examen du romanes­ que assimilé au vécu : avec elle, les a priori n'ont plus cours, et le roman n'est plus que le lieu de l'affrontement du personnage.

de l'auteur et du lecteur, le sens se déga­ geant de leurs seuls rapports.

L'étonnement que causa le livre est bien dO à cette mise en place d'un personnage hors du commun défiant le comportement habituel des gens de cour.

Peut-être faut-il voir en Mme de Clèves l'exemple de l'un des pièges les plus subtils de l'amour­ propre : «Je sais bien qu'il n'y a rien de plus difficile que ce que j'entreprends ».

Le refus de la vie serait-il le seul choix de la liberté? L'illusion ou la nostalgie du bonheur parsèment pourtant ce livre sombre d'îlots lumi­ neux : l'éblouissante apparition du bal, la nuit de Cou­ lommiers, Mm< de Clèves rêvant devant le portrait de Nemours, l'image discrètement sensuelle de ses cheveux défaits -poésie troublante mais nécessaire, car liée à cette autre invention de Mme de La Fayette qui est la mémoire de ses héros.

Les images pèsent sur les destins.

« Divertissement» -mais au service du dévoilement des ténèbres --, l'ouvrage de Mme de La Fayette est peut-être Je plus chrétien de son temps.

Ayant accompli le récit d'un désir et de son refus, l'écrivain s'arrête sur le seuil d'une conversion qui ne relève plus de l'écrilUre.. »

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