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LE DISCOURS DE LA METHODE DE RENE DESCARTES (Analyse et résumé)

Publié le 15/03/2011

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     Descartes atteignit l'âge de quarante ans sans avoir fait connaître sa philosophie par la publication d'aucun ouvrage. Ce n'est pas qu'il n'eût encore rien écrit; mais diverses raisons l'empêchaient de faire imprimer ses premiers essais. Dès 1626, il avait commencé un traité qu'il n'acheva jamais, les Règles pour la direction de l'esprit. C'était un exposé aussi complet, aussi détaillé que possible de sa méthode. Mais à quoi bon s'attarder à décrire minutieusement tous les procédés de la science ? La plupart des hommes jugent la science par ses résultats, non par les moyens qu'elle emploie : il faut leur apporter des vérités nouvelles, et surtout leur montrer en quoi ces vérités peuvent servir à leur bonheur : ils estimeront la science. Il est bon de faire des plans, mais il est temps de les soumettre à l'appréciation du public une fois qu'ils mt été réalisés, au moins en partie. Quant aux savants, s'ils ont profit à se munir d'une bonne méthode pour faire avancer la science, ils ne gagneront pas grand'chose à lire de longs traités sur les procédés à suivre dans la détermination du vrai. S'est en étudiant les découvertes de leurs devancier qu'ils saisiront le secret de l'invention. Les exemples valent mieux que les conseils, et, en tout cas, les conseils doivent être précédés de l'exemple. On comprend pourquoi Descartes renonça vite à publier ses Règles pour la direction de l'esprit, et songea bien plutôt à composer des ouvrages qui dussent prouver, par son succès dans l'application, l'excellence de sa méthode.

   En 1629, alors qu'il se trouvait à Franeker, en Prise, Descartes écrivit en partie les Méditations métaphysiques, où il prouvait l'existence de Dieu et la distinction de l'âme et du corps. Mais il ne réussit pas sans doute à se satisfaire complètement dès la première fois qu'il aborda ces graves problèmes; les Méditations ne furent achevées et publiées qu'en 1641.

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« comme un moyen d'attirer sur ses travaux et sur sa personne l'attention de tous, savants et grands seigneurs,comme une occasion de demander aux uns une garantie pour la liberté de sa pensée, aux autres des subsides pourdes expériences coûteuses.

Descartes n'avait pas renoncé à publier un jour son Monde, ou mieux à poursuivre sesétudes sur la nature, et à produire, à son heure, une Physique plus complètement développée.

Mais il lui fallait, pourcontinuer ses travaux, des ressources considérables ; il lui fallait surtout ne rien avoir à redouter des scrupules del'Église ou des préjugés des scolastiques.

Il avait écrit son Discours en français, grande nouveauté ! C'est qu'ilvoulait atteindre, au delà du petit cercle des doctes, le grand public, les gens de bon sens.

Il savait bien que saméthode et ses découvertes rencontreraient plus d'approbation auprès des lecteurs ignorants, mais de bonne foi,qu'auprès des docteurs trop fortement attachés à une autre méthode et à d'autres opinions.

Il avait besoin, pour lesoutenir dans sa lutte contre la tradition, dans sa réforme de la philosophie et de la science, du concours de toutesles bonnes volontés, de l'appui de tous les esprits curieux et libres. Le Discours de la Méthode se divise en six parties.

Dans la première, intitulée Considérations touchant les sciences,Descartes raconte l'histoire de sa pensée depuis ses années de collège jusqu'à l'hiver de 1619.

La seconde a pourtitre Principales règles de la méthode : Descartes y explique comment il est arrivé à se constituer une méthode etquels sont les rapports entre cette méthode nouvelle qu'il propose et les méthodes déjà connues.

Dans la troisièmepartie, sous ce titre : Quelques règles de la morale tirées de cette méthode, il expose sa morale provisoire.

Laquatrième partie résume les principales raisons qui prouvent l'existence de Dieu, ou fondements de la métaphysique.La cinquième décrit l'ordre des questions de physique, et la sixième indique quelles choses sont reprises pour allerplus avant en la recherche de la nature. Nous avons eu déjà l'occasion d'analyser la première et la troisième partie (voir plus haut, chapitres I et II).

Laquatrième n'est guère qu'un résumé anticipé des Méditations métaphysiques dont nous parierons dans notreprochain chapitre.

La cinquième donne le plan général de la physique cartésienne ; or notre chapitre V seraconsacré à l'étude du livre des Principes qui renferme toute la doctrine physique de Descartes.

II ne nous restedonc pour le moment qu'à exposer le contenu de la deuxième et de la sixième partie du Discours de la Méthode,c'est-à-dire à expliquer en quoi consiste précisément la méthode cartésienne. Descartes prétend apporter à l'intelligence humaine un instrument de recherche et des moyens de contrôle tout àfait inconnus jusqu'à lui.

La science, s'il faut l'en croire, n'a pas encore su trouver sa règle ; c'est tout à fait auhasard qu'elle s'est développée ; on l'a construite en assemblant sans ordre des matériaux informes.

Si l'on a ainsidécouvert quelques vérités, ce n'est qu'en tâtonnant longuement dans le champ de l'erreur, et les résultats obtenusne sont pas certains : on est impuissant à en donner une justification décisive. Cependant Descartes ne nie pas absolument que quelques efforts aient été accomplis avant lui pour assurer à lascience la conquête et la possession légitime de la vérité.

Il reconnaît quelque valeur à la logique des scolastiques ;il déclare excellente la méthode expérimentale de Bacon, et tout à fait satisfaisants les procédés des sciencesmathématiques.

Mais, considérés à part l'un de l'autre, le syllogisme, l'expérience, la déduction mathématique nesuffisent pas à produire la science.

Si ce sont là les organes essentiels de la vraie méthode, personne n'est encorevenu en enseigner l usage véritable.

Il y a donc un progrès à réaliser : c'est ce progrès que veut accomplirDescartes.

Il ne s'agit pas de renoncer à toutes les manières de penser jusqu'alors usitées, mais de les unir en unepensée nouvelle plus cohérente et plus forte. La logique de l'École enseigne l'art de raisonner.

Mais c'est là un art qu'on n'apprend point par règles.

Qui n'a pasl'esprit juste ne raisonnera jamais, eût-il dans la mémoire toutes les règles de la logique.

D'ailleurs, y a-t-il un seulhomme au monde incapable de raisonner ? Descartes ne le croit pas; tout homme digne de ce nom possède le bonsens ou la raison, c'est-à-dire la faculté de discerner le faux du vrai, tout homme sait tirer une conséquence d'unprincipe, et il n'est point utile de nous mettre en garde contre les erreurs du raisonnement.

Ce n'est pas enraisonnant que nous nous trompons, c'est quand nous cessons de raisonner, quand nous affirmons des propositionsque nous ne déduisons pas d'autres propositions ; et de telles affirmations nous sont indispensables, car, pourraisonner, encore faut-il partir de principes qu'on ne démontre pas, de propositions qu'on pose comme vraies sansen faire dépendre la vérité d'aucune autre proposition supposée vraie.

C'est donc l'art de découvrir les principes qu'ilest utile de connaître, et non pas celui de déduire les conséquences. Justement, dans son Novum Organum ou nouvelle logique, François Bacon avait prétendu exposer les règles à suivrepour déterminer à coup sûr les principes.

Il voulait qu'on observât les faits avec les précautions les plus minutieuses,et que dans toutes sortes d'expériences indéfiniment diversifiées on parvînt à constater le cours ordinaire desphénomènes, les lois générales de la nature.

C'est ce qu'il appelait, par opposition à la déduction des scolastiques.la méthode inductive; cette méthode seule pouvait, selon lui fournir à la science des propositions dont la certitudene fût pas subordonnée à la certitude d'autres propositions, en les fondant sur la perception immédiate de la réalité.Mais, si Bacon avait eu raison de rappeler aux savants qu'ils devaient se préoccuper des faits, et construire leurshypothèses sur l'expérience, non l'expérience sur leurs hypothèses, il était loin d'avoir démontré quel parti on peutet on doit tirer de l'expérience.

Tout d'abord, il n'avait pas fait la critique de l'expérience elle-même; il avait admisque les choses sont comme nous les voyons, comme nous les sentons et que la perception nous révèle directementleur nature et toutes les puissances contenues en elles.

Il ne s'était pas demandé en quoi consiste la véritableexpérience, celle qui n'est mêlée d'aucun préjugé, d'aucune hypothèse, celle qui nous met vraiment en contactimmédiat avec le réel.

De plus, il ne voyait pas que la science pût avoir d'autre rôle que de nous fournir laconnaissance de certaines liaisons régulières de phénomènes, liaisons d'ailleurs inintelligibles.

Réduire en formulesgénérales les observations quotidiennes de spectateurs attentifs en présence de la nature, voilà, pour Bacon, toute. »

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