Devoir de Philosophie

Le Discours sur l'origine de l'inégalité de Rousseau

Publié le 13/01/2015

Extrait du document

discours
Ecrit pour un concours de l'Académie de Dijon, ce discours ne fut pas couronné; il est probable qu'il effraya les juges par l'audace des idées. Rousseau y développe sa grande théorie : l'homme est né bon, la société le déprave. Dans la première partie, il soutient que l'homme « naturel » est heureux, physiquement et moralement. Dans la seconde, il montre comment la propriété a fondé la société et a donné ainsi naissance à l'inégalité, aux conflits et aux douleurs qui en sont les funestes conséquences. Ce discours est plus nerveux et plus serré que le premier. Il suscita une grand admiration et, dit Garat, « une sorte de terreur ».


discours

« B.

La question t Le Discours est rédigé en réponse à une question posée par l'académie de Dijon: «Quelle est l'origine de l'inégalité parmi les hommes et si elle est autorisée par la loi naturelle.

» Pourtant, dès l'exorde, Rousseau récuse cet intitulé et reformule le sujet; il faut distinguer deux sortes d'inégalités: l'une naturelle, l'autre convention­ nelle.

S'interroger sur l'origine de la première serait tautologique, quant à la seconde, les faits montrent clairement que l'inégalité politique n'est pas proportionnée aux qua­ lités naturelles.

Il revient donc à la réflexion philosophique de montrer comment l'inégalité conventionnelle apparaît dans l'histoire et de quelle manière elle est plus tard instituée par le droit positif.

C.

Remonter à l'état de nature t Pour faire la part de l'histoire et de la convention, il est courant, à l'époque du Discours, de remonter à l'état de nature, mais Rousseau reproche à tous ses prédéces­ seurs d'avoir confondu l'homme naturel et l'homme civil.

En transférant à l'état de nature les notions conventionnelles de justice, de propriété, et le principe du droit du plus fort, les théoriciens du droit naturel ont mêlé historicité et rationalité, conférant alors aux faits l'autorité de preuves.

t «Commençons donc par écarter tous les faits, car ils ne touchent point à laques­ tion», dit Rousseau dans l'exorde.

L'état de nature n'est ainsi qu'une hypothèse.

Les témoignages de l'histoire sacrée et de l'histoire profane se trouvent dès le départ récu­ sés, le Discours est une méditation philosophique, universelle à la fois par son objet (l'humanité) et par sa méthode (des raisonnements hypothétiques et conditionnels).

l@f' Pour saisir précisément la distinction entre la méthode génétique et l'histoire, voir p.168-169.

2.

L'ÉTAT DE NATURE A.

L'homme physique t À l'égal des animaux, l'homme est inscrit dans le cours régulier de la nature, sans conscience de soi, il ne saurait alors s'en détacher et s'engager dans une activité trans­ formatrice.

Isolé, errant sans conscience du temps dans un environnement fertile et suf­ fisant, l'homme n'a d'autre souci que celui de sa conservation.

À la différence des bêtes, il n'a pas d'instincts, mais par imitation, il peut tous se les approprier.

Rien donc, dans cet état« ante historique »,ne prépare la rupture del 'équilibre naturel que consti­ tuera la société civile.

t Dans les passages consacrés à l'anatomie humaine, Rousseau met en évidence la destination naturelle de l'homme.

L'ensemble des déterminations morphologiques de l'humain rendent possible une vie isolée et plaident pour l'absence de toute relation humaine dans l'état de nature, notamment de lien conjugal.

De savantes discussions anatomiques (rejetées en notes) montrent ainsi la solidarité du régime végétarien et de la station debout avec la dispersion caractéristique de l'état originel.

t Le corps de l'homme est son unique instrument, et son inaltérable santé est l'état, sans contraire, où le physique développe l'intégralité de ses potentialités naturelles.

En ce sens, la domesticité, pour les animaux, et la socialisation, pour l'homme, sont un affaiblissement de la vigueur naturelle, source de maladies et de maux de tous ordres.

t L'état de nature est caractérisé par l'immanence de la sensation, par la plénitude et la simplicité.

En l'absence de relations morales entre les hommes, les vivants sont, chacun d'égale manière, soumis aux lois universelles de la nature.

219. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles