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Le Neveu de Rameau de Denis DIDEROT (Résumé & Analyse)

Publié le 22/02/2012

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Cette oeuvre, dont les contemporains de Diderot ont fait peu de cas, a connu un destin extraordinaire. Le premier éditeur de Diderot, Naigeon, omet mystérieusement de la publier. Goethe, le premier, s'intéresse à une copie du Neveu de Rameau (1762-1774) et la traduit en 1805, mais le manuscrit disparaît. Seize ans plus tard, on publie une traduction du texte allemand, puis d'autres versions incertaines, jusqu'à ce que Georges Monval, en 1890, découvre chez un bouquiniste, par un incroyable hasard, une copie autographe qui a permis la redécouverte du texte authentique. Un personnage haut en couleur « Lui » rencontre Diderot « Moi ». Il s'ensuit un éblouissant dialogue où s'affrontent la morale guindée d'un homme qui a réussi socialement et l'immoralité cynique du bohème marginal.
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« Le Neveu de Rameau est un dialogue philosophique de Denis Diderot, commencé en 1761.

Il a souvent été remis en chantier jusque vers 1772.

Il n'a été publiéqu'après la mort de Diderot car celui-ci l'avait rédigé dans la plus grande discrétion parce qu'il cite des ennemis du parti philosophique et les tourne en dérision.

Ils'agit d'une discussion entre Moi, le narrateur philosophe, et Lui, Jean-François Rameau, neveu du célèbre compositeur Jean-Philippe Rameau, dans un café duPalais-Royal.

Ces deux personnages se heurtent et étalent leurs raisons.Ils s'interrogent sur ce qu'est un génie : un artiste et un citoyen idéal ou un monstre d'égoïsme.

Moi demande à Lui s'il préfère être « un bon mari, bon père, bon oncle,bon voisin, honnête commerçant, mais rien de plus » ou être « fourbe, traître, ambitieux, envieux, méchant, mais auteur d'Andromaque, de Britannicus, d'Iphigénie,de Phèdre et d'Athalie », comme Racine.

Moi essaie de faire comprendre à Lui à travers l'exemple de ce grand dramaturge français ce qu'est un Grand Homme (page31).

Il lui parle du futur, que ces hommes là seront reconnus mondialement, qu'ils « feront verser des larmes », et que les quelques êtres que ces hommes auront faitsouffrir seront sans intérêt.

Bien sûr, Moi sait que si ces hommes avaient « reçu de la nature les vertus d'un homme de bien », ce serait mieux.

La comparaison deRacine avec un arbre est très lucide et significative de ce que pense Diderot (ou Moi) de Racine (page 31 et 32).

Puis, c'est au tour de Lui d'expliquer ce qu'est unGrand Homme.

Pour lui cela se résume (à peu près) au sommeil.

Soit tu dors « ratatiné sous ta couverture », avec « la poitrine étroite et la respiration gênée » enlaissant échappé des « plaintes faibles que l'on entend à peine », soit tu dors sur un matelas mou, en ronflant si fort que ça ferait « retentir ton appartement et étonnertoute la rue ».

C'est sur cette bien triste « vérité » que finit ce thème.Ils débattent ensuite de l'éducation des jeunes filles.

Le Neveu affirme d'emblée que l'éducation est inutile, qu'il n'a jamais rien appris et que cela ne lui porte aucunpréjudice.

Vers la page 52, il demande à Moi ce qu'il fera étudier à sa fille.

Le philosophe lui répond qu'il lui apprendra à raisonner.

A ces mots, Lui réplique qu'ilfaut juste qu'elle soit « jolie, amusante et coquette », qu'elle sache danser, chanter et jouer des instruments, voilà ce à quoi ce résume l'éducation des filles pourRameau.

Alors que pour le philosophe, il faut qu'elle apprenne « la grammaire, la fable, l'histoire, un peu de dessin, et beaucoup de morale ».

Vient ensuite leproblème des maîtres, seront-ils toutes ces chose-là ? Pas pour Lui qui pense que si ces gens savent toutes ces choses, ce qui est rare, ils les cacheraient ! Alors, il luiraconte comment il est devenu « maître d'accompagnement et de la composition » sans rien savoir.Rameau en profite pour nier les valeurs telles que la vertu ou l'amitié.

S'y soumettre serait pour lui synonyme de malheur.

Le philosophe a beau s'offusquer d'un telcynisme, et le mettre en garde de l'impossibilité d'être heureux avec une telle immoralité, le Neveu rétorque que c'est la Société qui impose une telle attitude et que ildélecte de calquer ses vices sur ceux des autres ; page 58, Moi, lui demande « pourquoi employer toutes ces petites viles ruse », alors Rameau lui dit qu'il « ne s'avilitpoint en faisant comme tous le monde » et ajoute que ce n'est pas lui qui « les ai inventées » et qu'il serait « bizarre et maladroit de ne pas s'y conformer ».

Et puis ilmime avec un réel talent tous les sentiments nécessaires pour paraître et briller en société dans son histoire de maître d'accompagnement et de composition.« Lui » et « Moi », venus de deux milieux très opposés, l'un, homme médiocre et corrompu d'une aristocratie affaiblie et l'autre, un penseur qui croit encore aux vertusde l'homme, confrontent leur conception du bonheur.

L'idéologie du Neveu est provocatrice, cynique et caractéristique d'un libertin.

Il défend en quelque sorte unidéal du luxe et de la richesse, alors qu'il n'appartient pas socialement à cette classe.

Il est fier de sa personne et méprisant vis à vis des plus modestes.

Le philosopheest plus nuancé que le Neveu dans ses propos ; il est davantage attaché aux valeurs traditionnelles, au goût de la vie naturelle et croit à la vertu.

En effet, il fait unedifférence, contrairement au Neveu, entre le plaisir temporaire et le bonheur.

Il conteste l'idée selon laquelle le bonheur réside seulement dans des plaisirs libertin,insouciant.

Cependant, il nuance ses propos en concédant qu'il éprouve également du bonheur dans les plaisirs.

En faite, le Neveu défend une conception du bonheurbasée sur le profit et l'ascendance sociale, alors-que le philosophe prône une forme de morale sociale, basée sur l'altruisme et le respect d'autrui.Concernant la morale, Le Neveu affirme que chacun agit conformément à ses intérêts et non d'après les grands principes.

L'exemple de la terrible histoire de cetAvignonnais qui livra son ami, juif, à l'Inquisition pour le dépouiller (page 102) raconté par Rameau, illustre bien ces propos.Le philosophe reprend l'initiative de la conversation et oriente celle-ci sur la musique.

Rameau se lance alors dans un éblouissant éloge en faveur de la musiqueItalienne et de l'opéra.

Il prend position contre son oncle, page 110 à 114.

Il mime à lui tout seul tout un opéra (page 114 à 118).

Il y tient alternativement tous lesrôles et souhaite ainsi démonter que le chant peut exprimer toutes les passions.

Le philosophe est émerveillé par tant de talents et s'interroge sur le décalage entre lesdons de Rameau et son manque de vertu.

Par manque de courage lui répond ce dernier, page 134 : « Peut-être ; mais je n'en ai pas le courage ».

Il explique que selonlui nous sommes tous des gueux (page 135 : « Aussi sommes-nous gueux, si gueux que c'est une bénédiction ».

Le philosophe lui réplique que lui, a renoncé au désir,et qu'il a pour ambition de vivre libre et intègre. Le dialogue étant un moyen d'expression privilégié du débat, Diderot s'en sert pour examiner sous divers angles et faire jaillir la vérité sur les thèmes du génie, de laflatterie, du bonheur, de la morale, de la musique, … .

En effet le dialogue favorise la confrontation des idées et des points de vues de Moi et Lui et les répliques desdeux personnages permettent de présenter leurs arguments de manière organisé.

De plus, le récit narratif présent entre les répliques romps la monotonie de laconversation.

En plus du dialogue, Diderot se sert de la pantomime du neveu pour critiquer à couvert les défauts de la société dans laquelle il vit.

Le Neveu deRameau, de son vrai nom : La Satire seconde, contient de très vives attaques contre le musicien Rameau, Palissot, Piron, l'abbé de La Porte, d'Olivet, Batteux et tousles ennemis de Diderot (comme Voltaire, qui à première lecture est représenté avec sympathie, est, en fait, décrit comme vaniteux et sensible à la critique.). Diderot dépeint souvent férocement le milieu des financiers, des comédiennes et des écrivains.

Il attaque aussi violemment le clan dévot et tous ceux qui ont tentéd'entraver la publication de l'Encyclopédie.. »

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